Coupe du monde de rugby : que manque-t-il aux Françaises pour rivaliser avec le top 3 mondial ?

Dominées dans la petite finale, les Bleues ont terminé à la 4e place du Mondial, leur rang au classement World Rugby, sans réussir à renverser la hiérarchie.

Article rédigé par Maÿlice Lavorel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Les Bleues et les Black Ferns après la petite finale de la Coupe du monde, à Twickenham (Londres), le 27 septembre 2025. (ALASTAIR GRANT/AP/SIPA / SIPA)
Les Bleues et les Black Ferns après la petite finale de la Coupe du monde, à Twickenham (Londres), le 27 septembre 2025. (ALASTAIR GRANT/AP/SIPA / SIPA)

Deux défaites face à deux nations du top 3 pour terminer, et forcément des interrogations sur les points à travailler pour la suite. Battu dans la petite finale par la Nouvelle-Zélande (26-42), le XV de France a bouclé la Coupe du monde par une dernière défaite, et une quatrième place en forme de léger retrait, après trois podiums de rang sur les trois dernières éditions.

"On espérait mieux dans cette compétition et je pense qu’on avait les moyens de faire mieux, mais voilà, il nous manque encore beaucoup de choses pour arriver dans le top 3", a reconnu l’expérimentée Pauline Bourdon Sansus dans les travées de Twickenham, à l’issue du match face aux Black Ferns. "On a vu le 'gap' qui commence à se faire avec les trois équipes devant nous", relève Caroline Drouin, consultante France Télévisions. Toujours bien placées mais par encore capables de se hisser au plus haut niveau, que manque-t-il aux Bleues pour faire jeu égal avec les nations qui font référence, et être en position de se battre jusqu’au bout pour un premier titre ?

"Il y a du travail sur le rugby, il y a du travail technique"

Une partie du travail de progression concerne d'abord le jeu et le terrain. Dans le groupe, les premières analyses ont été tirées après les deux revers face à l’Angleterre (35-17) et la Nouvelle-Zélande. "Il y a du travail sur le rugby, il y a du travail technique, on est tous concernés", a concédé la co-sélectionneuse Gaëlle Mignot après le match pour la troisième place. Un sentiment partagé par Safi N'Diaye, consultante France Télévisions : "Sur la demi-finale et la petite finale, on pêche au niveau technique. Pour moi, ce n'est pas au niveau physique ou une question de stratégie, mais au niveau technique, on a du déchet et des lacunes, et du retard face aux Blacks ou aux Anglaises. C'est dommage, parce qu'on est capables de créer un beau jeu."

Plusieurs axes de travail sur des aspects du jeu, où se fait la différence avec les meilleures nations, ont déjà été identifiés, comme l'efficacité en zone de marque, pointée du doigt après les matchs face à l'Italie et l'Angleterre notamment. "Il faut qu'on arrive à être plus pragmatiques, à concrétiser un peu plus nos ballons. On l'a vu contre des équipes qui arrivent à récupérer un seul ballon et à faire la différence, nous, on a un peu plus de mal dans ce secteur de jeu", détaille Caroline Drouin, qui loue dans le même temps l'efficacité défensive, ADN sur lequel s'appuyer.

"On manque de pragmatisme et de constance dans certains moments pour pouvoir vraiment être dans le top 3, mais on est là. Il faut qu’on continue à travailler."

David Ortiz, co-sélectionneur du XV de France

en conférence de presse

Le manque de constance sur 80 minutes de jeu a aussi été souligné, alors que les Bleues ont subi face à la Nouvelle-Zélande un trou d’air rédhibitoire en fin de première période. "On a essayé de revenir comme on pouvait, mais c’était trop tard, comme depuis quatre ans maintenant où on fait une première période un peu moyenne, on court après le score et c’est toujours un échec", a regretté Pauline Bourdon Sansus.

La question de la professionnalisation

Mais la progression peut aussi passer par une évolution dans les conditions de pratique des joueuses au quotidien. Après la demi-finale perdue face à l’Angleterre, Nassira Kondé a abordé la question de la professionnalisation de la discipline : "Ce qui va peut-être nous aider, c'est la professionnalisation du rugby féminin en France, parce que clairement, ce qui nous met en décalage avec les Anglaises, c'est aussi ce côté-là : elles sont professionnelles et s'entraînent tous les jours." Pour Caroline Drouin, "on pointe le travail individuel de chaque joueuse qui permettra au collectif d'être meilleur, mais pour que chaque joueuse qui va représenter la France soit plus performante, il faut mettre plus de moyens à ses côtés".

"Je pense que la France a compris aussi qu’il fallait y mettre des moyens, alors j’espère qu’on va les avoir. Mais j’ai la sensation que les politiques ont envie vraiment que le rugby féminin monte en puissance en France. J’espère vraiment qu’il va y avoir des moyens mis sur la table et qu’on pourra essayer de rattraper l’écart avec le Canada et l’Angleterre."

Pauline Bourdon Sansus, demie de mêlée de l'équipe de France

en conférence de presse

Car sur ce plan-là, l'Angleterre, notamment, a une longueur d'avance. Elle peut en effet s'appuyer sur son championnat professionnel au sein duquel évoluent toutes ses joueuses sacrées samedi championnes du monde. "L'écart est trop grand entre le championnat et le niveau international", abonde Safi N'Diaye, qui rappelle que les joueuses d'Elite 1 s'entraînent deux fois par semaine. "Si on veut passer un cap, il faut que le championnat soit beaucoup plus fort."

La signature d’un partenariat titre entre l'organisme d'assurance Axa et l’Elite 1 pour trois saisons, annoncé pendant le Mondial, peut déjà être perçue comme un bon signal en ce sens. "En termes de visibilité c'est une bonne chose, il faut voir concrètement ce que ça donnera, mais ça veut dire que le championnat commence à intéresser", note Caroline Drouin. Pour continuer de faire progresser la discipline, et la sélection, à l'aube d'une nouvelle saison, et d'un nouveau cycle.

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