"Historique", "changement fondamental"... Les réactions politiques et associatives après l'adoption du texte sur l'aide à mourir

L'approbation par l'Assemblée, en première lecture, du "droit à l'aide à mourir" a été saluée par ses partisans comme un "vote historique". Ses opposants continuent de se dire "profondément inquiets des conséquences".

Article rédigé par franceinfo
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Les députés applaudissent l'adoption en première lecture le texte de loi sur l'aide à mourir, le 27 mai 2025. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS via AFP)
Les députés applaudissent l'adoption en première lecture le texte de loi sur l'aide à mourir, le 27 mai 2025. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS via AFP)

L'Assemblée nationale a approuvé mardi 27 mai en première lecture la création d'un "droit à l'aide à mourir", permettant à cette réforme sociétale majeure, en gestation depuis plusieurs années, de franchir une étape décisive. 305 députés contre 199 ont approuvé la réforme. Les députés avaient auparavant approuvé un texte sur les soins palliatifs, cette fois-ci à l'unanimité.

Le président Emmanuel Macron qui avait lancé des travaux sur la fin de vie en 2023 a réagi saluant "une étape importante", sur X. "Dans le respect des sensibilités, des doutes et espoirs, le chemin de fraternité que je souhaitais s'ouvre peu à peu. Avec dignité et humanité", ajoute-t-il.

"Ce texte sur la fin de vie affirme que la liberté et la dignité ne s’arrêtent pas aux portes de la mort", écrit la ministre de la Santé Catherine Vautrin, sur X. "Ce qu’il faut retenir, c’est que celui qui est au centre du sujet, c’est le patient. C’est sa pathologie et sa demande. On ne le proposera pas à quelqu’un, c’est le patient qui le demande", a également déclaré la ministre sur le plateau de "C à vous", sur France 5. 

Émotion à gauche et chez les militants

"Il est des jours dont on sait qu’on ne les oubliera jamais", a réagi le rapporteur du projet de loi Olivier Falorni, saluant sur X "un moment historique pour une très grande avancée républicaine car elle porte en son cœur la liberté, l’égalité et la fraternité." "A titre personnel, j'étais assez ému par le vote de l'Assemblée nationale", a expliqué sur franceinfo Laurent Panifous, député Liot de l’Ariège. Ce texte "est hautement symbolique, puisque c'est la première fois que l'Assemblée nationale se positionne sur un droit à l'aide à mourir et se positionne clairement", se satisfait l'élu. "Nous sommes au début de l'histoire d'une grande loi républicaine", juge-t-il.

À gauche, dans la classe politique, le soulagement est largement de mise. "Je suis très émue, c'est enfin une bonne nouvelle", a réagi sur franceinfo Marine Tondelier, secrétaire générale des Ecologistes. "Je remercie celles et ceux qui n'ont rien lâché, qui se battent sur le sujet depuis des années, qui ont souffert dans leur intimité parce que cette loi n'existait pas", a ajouté l'écologiste. Le leader de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon a également salué "un grand jour" lors d'une conférence donnée mardi soir et lors de laquelle il a également appelé à ce "que ceux qui ne sont pas de cet avis soient respectés dans leurs points de vue".

"C'est un moment historique", s'est de son côté réjoui sur France Inter Jonathan Denis, le président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), après le vote de l'Assemblée. Après tant d'années de lutte menée par son association, Jonathan Denis reconnaît qu'il y a "beaucoup d'émotions". Jonathan Denis se dit également "fier du parcours qui a été fait et du débat qui a été très respectueux à l'Assemblée".

Inquiétude des opposants

Fers de lance du combat contre la proposition de loi sur le droit à l'aide à mourir, les soignants de la société française d'accompagnement et de soins palliatifs (Sfap) ont de leur côté déploré un "changement fondamental de la mission des soignants" et s'inquiètent du fait qu'"une contrainte forte s'exercera sur tous les professionnels de santé".

"Ce texte sur l'aide à mourir ne répond pas à des situations d'exception mais instaure une nouvelle norme du mourir", a en outre déclaré la présidente de la Sfap, Claire Fourcade, citée dans le communiqué. Opposant à la réforme, le député LR Philippe Juvin, a quant à lui partagé sur X, une vidéo de son intervention dans l'hémicycle pour expliquer pourquoi il a "voté contre la proposition de loi d’aide à mourir". "Je ne veux pas d'une société qui aide à mourir, je veux une société qui aide à vivre", résume-t-il.

Dans un communiqué consulté par l'AFP, la conférence des évêques de France (CEF), opposée au texte sur le droit à mourir, a redit "sa vive inquiétude". Les évêques français jugent que l'adoption définitive de ce texte législatif "mettrait profondément à mal le pacte social et le modèle de soins français".

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