Fin de vie : le grand rabbin de France, cosignataire d'une tribune contre la proposition de loi, assure être "dans une position humaniste"

Les responsables des principaux cultes religieux français ont signé une tribune, jeudi, pour appeler à "une vigilance éthique" quant à la proposition de loi sur la fin de vie débattue à l'Assemblée nationale.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le grand rabbin de France Haïm Korsia à Paris, pour la commémoration de l'attentat de l'Hyper casher, le 9 janvier 2025. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Le grand rabbin de France Haïm Korsia à Paris, pour la commémoration de l'attentat de l'Hyper casher, le 9 janvier 2025. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

"Ne croyez pas qu'on soit dans une position doctrinaire ou religieuse, nous sommes dans une position humaniste", affirme, vendredi 16 mai sur franceinfo, Haïm Korsia, grand rabbin de France, cosignataire d'une tribune jeudi avec les responsables des principaux cultes de France qui s'inquiètent de la proposition de loi sur l’aide à mourir actuellement débattue à l’Assemblée nationale. Ils mettent en garde contre les "graves dérives" et un "basculement radical" que pourrait entraîner l’adoption de ce texte.

La tribune réunit les signatures d’Antony Boussemart, coprésident de l’Union bouddhiste de France, Mgr Dimitrios, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, Chems-eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, Haïm Korsia, grand rabbin de France, le pasteur Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France, et Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France.

Le grand rabbin salue "la grandeur de la loi Leonetti" de 2005. Selon lui, le député à l'origine de cette loi "avait su écouter, prendre le temps" et "construire une pensée collective, une sorte de chemin de crête où chacun pouvait se reconnaître, mais il avait gardé ce principe absolu : pas d’euthanasie". Haïm Korsia regrette cependant que cette loi ne soit pas pleinement appliquée : "On n’a pas mis les moyens qu’il fallait pour aider les gens. On n’a pas mis les moyens pour valoriser les soins palliatifs, c’est-à-dire tout ce qui concerne l’accompagnement de fin de vie."

"Chacun est en danger"

Pour Haïm Korsia, "le principe du soin, c’est de s’occuper" du patient. "On ne peut pas dire que cette seule façon de sauver quelqu’un, c’est de le tuer", ajoute-t-il, mettant en en garde : "Une société qui ne propose que la mort comme alternative à la souffrance ne peut pas vivre."

Le grand rabbin va plus loin, alertant sur les conséquences sociétales d’une telle loi : "Si vous construisez une société où dès que quelqu’un gêne, n’est pas dans une situation idéale, on l’élimine. Croyez-moi, chacun est en danger."

Enfin, il tient à rappeler la place du débat dans une société laïque et pluraliste : "On n’interfère pas, on donne notre opinion. Dans une société pluraliste comme la nôtre, laïque comme la nôtre, chacun, chacune peut s’exprimer, exprimer ce qui lui semble important pour la collectivité. On n’a jamais obligé le gouvernement. On n’a jamais obligé les députés et sénateurs à faire ce qu’on dit."

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