Reportage
"Je suis venue chercher un esprit de cohésion" : le succès croissant du rugby féminin chez les jeunes, dans le sillage de la Coupe du monde

Alors que la demi-finale de la Coupe du monde de rugby a lieu samedi à 16h30 entre la France et l'Angleterre, franceinfo se penche sur le succès du rugby féminin chez les jeunes. Les licenciées ont ainsi augmenté de 40% en un an.

Article rédigé par Arthur Fradin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Depuis un moment, l'idée que le rugby n'est pas qu'un sport de garçons se diffuse dans les mentalités. Photo d'illustration. (THIERRY LINDAUER / MAXPPP)
Depuis un moment, l'idée que le rugby n'est pas qu'un sport de garçons se diffuse dans les mentalités. Photo d'illustration. (THIERRY LINDAUER / MAXPPP)

Le rugby féminin ne se cantonne pas à la Coupe du monde, alors que les Françaises défient en demi-finales les "imbattables" anglaises chez elles, samedi 20 septembre à 16h30 à Bristol. En un an, le nombre de licenciées a cru de 38% . Dans le XVe arrondissement de Paris, le club RCP15 accueille de plus en plus de pratiquantes. Les cadettes - les moins de 18 ans - s'entraînent deux fois par semaine. La session de 1h30 démarre par un atelier plaquage, sur un terrain entouré par une piste d'athlétisme, avec vue sur la Tour Eiffel.

Vingt filles au total s'exercent sur la pelouse. Pourtant, il y a quatre ans encore, il n'y avait pas de section "cadettes" au RCP15. Roxana, 17 ans, a connu les débuts et peut mesurer l'évolution : "La première année, il y avait cinq joueuses, on ne pouvait rien faire. Là, on peut faire une opposition à 10 contre 10."

De l'énergie, du respect et une bonne ambiance

Roxana nous amène à la rencontre de joueuses, parfois "récupérées" dans son collège, dit-elle, qui ont tout juste démarré. Parmi elles se trouve Juliette, un petit gabarit d'à peine 13 ans, qui raconte qu'elle cherchait "un sport énergique. Au début, c'était pour le plaquage, maintenant j'aime bien l'ambiance."

L'engouement est également visible chez les filles un peu plus âgées. Louise, 25 ans, évolue avec l'équipe première, surnommée Les Assoiffées. "Je suis venue chercher un esprit de cohésion qui est totalement différent du milieu du foot d'où je viens, raconte-t-elle. Il n’y a pas les problèmes avec les arbitres, il y a beaucoup de respect, franchement, c'est gratifiant."

"Il y a l'esprit de la troisième mi-temps, on ne va pas se mentir, qui fait bien plaisir ! Je suis venue chercher un esprit de cohésion."

Louise, 25 ans

à franceinfo

Cette saison a ainsi vu 150 filles licenciées au RCP15, contre 92 il y a deux ans. Pour Nicolas, responsable de l'école de rugby, ce succès vient d'abord d'une médiatisation grandissante. Pour preuve, le match France-Irlande a eu un pic d'audience à 4,6 millions de téléspectateurs, en fin de match. C'est un record pour une rencontre des filles du XV de France. "Maintenant, on peut voir les matches beaucoup plus facilement à la télévision, explique-t-il, donc l'engouement est présent".

Il y a un effet coupe du monde et aussi un changement des mentalités, estime Nicolas : "Le travail que font pas mal de personnes, depuis un moment, de dire que le rugby n'est pas qu'un sport de garçons etc. En fait, c'est en train de prendre. Même nous, le club, on fait du rugby scolaire dans les écoles. Au début, c'était surtout nous qui allions vers elles, maintenant, c'est de plus en plus elles qui viennent vers nous."

De plus en plus de filles et de jeunes femmes se mettent au rugby, comme ici à Paris. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE / ARTHUR FRADIN)
De plus en plus de filles et de jeunes femmes se mettent au rugby, comme ici à Paris. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE / ARTHUR FRADIN)

La question des infrastructures

Mais Nicolas évoque tout de même un grand frein au développement du rugby féminin : les infrastructures. "Le bâtiment, cela fait 20-30 ans qu'il n'a pas changé. Des bonnes tribunes, avec des très bons vestiaires et au moins une protection contre la pluie, on en rêve !" Le constat est partagé par le président de la Fédération française de rugby, Florian Grill. Il a annoncé cette année un "plan Marshall" de 60 millions d'euros. Cela pour mettre fin à des situations où des filles se changent dans les bus, les voitures, ou les vestiaires des arbitres, par absence d'équipements dédiés.

La Fédération française de rugby a donné cette semaine quelques pistes pour continuer d'accompagner ce boom. L'objectif est d'atteindre les 100 000 licenciées rapidement, sachant qu'on est aujourd'hui à 70 000. Pour y arriver, elle compte activer plusieurs leviers, détaille Ariane Van Ghelue, vice-présidente de la Fédération en charge du développement du rugby féminin : "L'idée, c'est de donner au club les moyens de se structurer. La priorité numéro un, c'est la formation des staffs sportifs, pour former ces jeunes filles à la pratique du rugby aussi bien que les jeunes garçons."

"C'est faire en France des clubs formateurs, qui vont sortir des jeunes joueuses tous les ans."

Ariane Van Ghelue, vice-présidente de la Fédération française de rugby

à franceinfo

"Le rugby professionnel masculin a démarré il y a un petit plus de 20 ans, forcément, on a du retard à rattraper. Mais on le rattrape à grands pas", ajoute-t-elle. Ces moyens supplémentaires, c'est par exemple la signature inédite d'un partenariat avec l'assureur Axa, pour la première division, l'Elite 1, désormais renommé Axa Elite 1. Cet argent va directement dans la poche des clubs. Un des prochains chantiers, pour plus de visibilité, serait aussi la diffusion télévisée de l'ensemble du championnat. Aujourd'hui, Canal+ ne diffuse que quelques matchs de la saison d'Elite 1.

Pour le France-Angleterre de ce samedi, on note déjà que Canal+ et la Ligue nationale de rugby ont accepté de décaler tous les matchs du Top 14 masculin. Pour permettre au plus grand monde d'assister à cette demi-finale de Coupe du monde.

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