Coupe du monde : comment le rugby à 15 féminin se nourrit des passerelles avec le rugby à 7
Plusieurs joueuses qui participent au Mondial en Angleterre ont déjà évolué à 7, signe des liens entre les deux formes de la discipline.
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Joanna Grisez et Séraphine Okemba chez les Bleues, Jorja Miller en Nouvelle-Zélande, Ellie Kildunne pour ne citer qu’elle chez les Red Roses, Amee-Leigh Costigan et Emily Lane en Irlande… De nombreuses joueuses qui brillent sur les pelouses de la Coupe du monde de rugby depuis la fin du mois d’août ont évolué à 15 comme à 7 depuis le début de leur carrière. Au total, 45 d'entre elles sont présentes en Angleterre après avoir participé aux Jeux olympiques de Paris 2024 l'été dernier.
Aujourd’hui, et depuis des années, le rugby à 15 féminin se nourrit du rugby à 7, les deux disciplines entretenant des liens resserrés. Alors que le passage d’Antoine Dupont à 7 avait été largement commenté avant les Jeux de Paris, le mouvement, appelé "code switching" en anglais (qui désignait à l’origine le passage entre le rugby à 15 et le rugby à 13, très populaire dans le monde anglophone) est beaucoup plus répandu dans le rugby féminin.
"C'est vrai qu'aujourd'hui, c'est plus chez les filles qu'on voit qu'il y a des passerelles entre le 7 et le 15, affirme Marie Sempéré, ancienne internationale et consultante chez TF1 pour la Coupe du monde. Ces passerelles-là existent moins chez les garçons tout simplement parce que le contexte est différent chez eux. Aujourd'hui, quand tu es un très bon joueur de rugby, c'est vrai que tu vas être plus attiré par les sirènes du Top 14 et de la ProD2 que par le rugby à 7."
Des liens pensés et entretenus entre les groupes
Dans le rugby féminin, les passages d'une forme de la discipline à l'autre sont notamment rendus possible par des relations de proximité en interne, au sein des fédérations, par exemple entre les staffs. "Il y a toujours eu des liens avec le staff à 15, qui est là depuis un moment, qui a toujours fait en sorte de beaucoup s'inspirer du 7. On a toujours essayé de faire des entraînements en commun, d'aller chercher des choses intéressantes, les uns chez les autres", note Joanna Grisez auprès de franceinfo: sport. L’ailière tricolore, sous contrat à 7 depuis 2018, dispute son second Mondial à 15, après s’être consacrée toute la saison à la discipline.
"C'est souvent un travail en collaboration entre les deux staffs. On fait aussi souvent le point en début de saison sur nos envies, sur les besoins des équipes de France."
Caroline Drouin, ancienne internationale et consultante France Télévisionsà franceinfo: sport
Tout s'organise également selon les calendriers et les compétitions prévues. "En fonction de l'année, de l'objectif, l'échéance, on sait qu'on a une priorité. Pour Jo (Grisez), comme pour moi, ça a été souvent quand même été priorité à 7", se remémore Caroline Drouin, consultante France Télévisions, tout juste retraitée après avoir alterné entre le 7 et le 15 au cours de sa carrière. "Maintenant, sur les années Coupe du Monde comme en 2025, ça nous permet d'être un peu plus libérées, pour notamment faire la tournée d'automne, le Six nations, et ensuite enchaîner sur la grosse compétition de l'été."
Joueuses physiques et explosives
Avec ces passerelles, les sélections à 15 se retrouvent renforcées de profils particuliers, avec des qualités physiques spécifiques. "Le sept nous forme beaucoup parce que c'est un sport qui demande beaucoup d'énergie, beaucoup de physique. Et je pense que ça nous sert derrière", confie Joanna Grisez.
"On n'a jamais le temps de se reposer à 7, c'est ce qui est intéressant, ça demande une exigence de chaque instant. C'est très court mais très intense et je pense que cette exigence là de ne pas avoir le droit à l'erreur à 7, quand on arrive à 15, c'est ce qu'on essaye de faire aussi."
Joanna Grisez, ailière du XV de Franceà franceinfo: sport
Très exigeant physiquement, le 7 forme des individualités avec beaucoup de ressources physiques et de dynamisme, qui savent souvent se démarquer dans un jeu à 15 parfois plus stratégique et technique. "On essaye de mettre plus d'énergie, d'avoir un peu plus de caisse, donc de proposer plus de courses, de se proposer un peu plus plutôt que d'attendre sur certaines phases comme il peut y avoir à 15", approfondit l'ailière du Stade bordelais.
Les joueuses enrichissent aussi le collectif sur le plan psychologique. "Elles apportent leurs qualités mentales, d’être capables malgré la pression et la fatigue de garder la lucidité, de faire des bons gestes, cet état d’esprit de gagnant et de pas douter jusqu’au bout", assure Marie Sempéré, qui a, elle aussi, pratiqué le 7 et le 15 pendant sa carrière, et qui le compare à du "ping-pong rugby" : "Tu marques, tu prends un essai, il y a des scénarios incroyables qui peuvent se passer, et les victoires qui se dessinent à la dernière seconde. Donc elles apportent cette dimension mentale là, qui est que, tant que l’arbitre n’a pas sifflé la fin du match, ce n'est pas fini."
Servir le développement du rugby
Ces passerelles se retrouvent, sous une forme ou une autre, chez tous les grands pays du rugby féminin. Troisième nation au classement World Rugby, le Canada a lancé une nouvelle politique pour rapprocher ses équipes à 15 et à 7, désormais considérées comme une sélection globale sous l'appellation "One Squad" ("un groupe"). Dès 2021, à l'annonce du nouveau "Rugby Pathway", le programme de développement pour le rugby féminin, la Fédération irlandaise avait identifié le rugby à 7, alors mis au premier plan par l'instance, comme un axe pour renforcer la pratique à 15. "Les septistes sont des profils qui très intéressants derrière et aussi devant [...] Je pense que le 15 l'a compris et arrive à s'en servir pour dynamiser derrière, amener autre chose", remarque Joanna Grisez. Pour des nations mineures, le 7 peut même devenir une porte d'entrée pour introduire la culture rugby et avancer vers le développement du 15.
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Elles servent également au développement des joueuses. Marie Sempéré cite l'exemple de Kelly Arbey, la jeune ailière tricolore (20 ans) partie disputer plusieurs tournois à 7 cette saison : "Elle a grandi entre l’année dernière et cette année, parce qu’elle est partie faire trois tournois à 7 avec l’équipe de France. Elle a pu sentir et vivre ces matchs à fort enjeu, cette discipline et cette rigueur dans le jeu propre au 7."
De quoi faire progresser toute la discipline à l'échelle mondiale. "Je trouve que ces liens sont super importants, encore plus quand on est dans l'essor du rugby féminin, en plein développement, assure Caroline Drouin. Ça serait dommage de se priver de talents qui sont à 7 pour ne pas les utiliser à 15 ou inversement. Ce qui est rassurant, c'était que, finalement, sur cette Coupe du monde, beaucoup d'équipes ont pris ce parti-là [...] Donc c'est un système qui fonctionne."
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