Festival d'Avignon : avec "Prélude de Pan", le théâtre en plein air interroge notre rapport à la terre

Au festival d'Avignon, le "théâtre-paysage" se développe depuis quelques années. Le public assiste à des pièces dans la nature en déambulant, comme celle de Clara Hédouin, "Prélude de Pan", jusqu'au 20 juillet.

Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La pièce "Prélude de Pan", d'après Jean Giono, se joue au Festival d'Avignon jusqu'au 20 juillet. (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)
La pièce "Prélude de Pan", d'après Jean Giono, se joue au Festival d'Avignon jusqu'au 20 juillet. (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)

Dans le domaine de l'abbaye de Villeneuve-lès-Avignon, au milieu de sa garrigue, de ses champs de tournesols et de ses haies de cyprès majestueux, trois comédiens donnent de la voix pour faire résonner les mots de Jean Giono, le Provençal.

Depuis une dizaine d'années, Clara Hédouin monte ses spectacles hors des théâtres. Les spectateurs sont assis sur des tabourets pliants et se délectent du texte et d'un décor immense, dans la douceur d'une fin d'après-midi d'été. "Ce sont les joies de travailler dehors, de jouer avec tout, dit-elle. Ah cet arbre, ce point de perspective, cette immensité, on a envie de vous voir de très loin et d'émerger d'un champ de tournesols. Je trouve ça extrêmement joyeux à faire".

Questionner l'agriculture industrielle

Pour ce spectacle, Clara Hédouin fait résonner Jean Giono avec des paroles de paysans d'aujourd'hui, enregistrées en amont, dans chaque lieu où elle se produit, en interrogeant notre rapport à la terre. "Giono a anticipé toutes les dérives de l'agriculture industrielle dès les années 30, dès le moment de la déprise rurale et un petit peu avant la révolution verte, qui est arrivée après la Seconde Guerre mondiale, raconte-t-elle. Il a écrit une lettre aux paysans où ils les alertent en disant que la terre, ce sont eux, il ne faut pas la lâcher."

C'est un théâtre épique et un théâtre de grands récits que Clara Hédouin fait entendre dans ces décors naturels. "Les grandes utopies théâtrales, les utopies vilardiennes, je dirais même mnouchkiniennes des années 80, se sont un peu affaissées, au profit d'un théâtre qui négligeait peut-être le récit, les personnages et la fable, détaille Clara Hédouin. Mais moi, ce qui me plaît, c'est un épique plus nietzschéen, plus vitaliste, une sorte d'éloge de la vie."

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