"Discrétion, sobriété, humilité" : malgré la pression, Sébastien Lecornu veut prendre son temps

Avant une semaine d'entretiens et de contestation sociale, le nouveau Premier ministre veut imposer son style avec du dialogue. Même si la mécanique semble, plus que jamais, en surchauffe.

Article rédigé par franceinfo
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Sébastien Lecornu, alors ministre des Armées, en septembre 2025. (THOMAS SAMSON / AFP)
Sébastien Lecornu, alors ministre des Armées, en septembre 2025. (THOMAS SAMSON / AFP)

L'épreuve du feu et des faits pour un Premier ministre à peine arrivé et déjà sous (haute) pression. Lundi 15 septembre, Sébastien Lecornu, nommé le 9 septembre, poursuit ses entretiens avec les partenaires sociaux à Matignon, avec la CGT, puis le PS et le PC dans la semaine.

Même pas une semaine, donc, à Matignon et un agenda déjà noirci pour le nouveau Premier ministre. Et une fronde sociale qui se prépare avec la mobilisation de l'intersyndicale, jeudi 18 septembre, puis celle de la FNSEA, le principal syndicat agricole, qui appelle à sortir les tracteurs contre le traité de libre-échange Mercosur, une semaine plus tard.

Pour Sébastien Lecornu, un dialogue constructif est possible

Pour ne rien arranger, même les patrons menacent désormais de montrer les dents, si Sébastien Lecornu augmente les impôts. Ajoutez à cela une note dégradée par l'agence Fitch… Dans ce contexte, comment le nouveau Premier ministre qui promet des "ruptures" peut-il s'en sortir ? Jusqu'ici, sa stratégie est de prendre son temps. "Discrétion, sobriété, humilité", répète son entourage, avec une volonté de ne pas attiser la colère, ne pas électriser le débat.

Sébastien Lecornu pense qu'un dialogue constructif est possible, même si, à l'évidence, ses annonces du week-end sur l'abandon de l'idée de supprimer deux jours fériés, la confirmation que le conclave sur les retraites ne serait pas rouvert ou la fin des privilèges à vie pour les anciens membres du gouvernement, n'ont pas suffi à calmer la grogne.

"Il faut faire refroidir le moteur"

Cerné de toutes parts, Sébastien Lecornu pourrait bien ainsi afficher une certaine fébrilité avant cette semaine déjà décisive pour le nouveau locataire de Matignon. D'autant que l'équation politique n'a pas bougé et qu'un accord de non-censure est loin, très loin d'être gagné. Sébastien Lecornu le sait : il a besoin du parti socialiste, qui monnaye cher un hypothétique accord de non-censure. Olivier Faure continue ainsi de réclamer la taxe Zucman sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros - même si l'ancien président François Hollande estime que le PS ne doit pas faire de fétichisme - et une suspension de la réforme des retraites.

En clair, les petits gestes esquissés ce week-end – même sur l'utilisation du 49-3 que le Premier ministre espère éviter - ne pèsent pas bien lourds dans la balance. "Il essaye d'avoir un deal avec la CFDT pour nous obliger à ne pas voter la censure", grimace un ténor du PS. S'il a besoin des socialistes d'un côté, Sébastien Lecornu ne veut pas perdre les Républicains, qui redisent sur tous les plateaux télé que leur participation au gouvernement n'est pas automatique... et qui ont des sueurs froides à l'idée de taxer les plus riches.

"Il faut faire refroidir le moteur", presse un proche de Sébastien Lecornu. Une mécanique qui semble pourtant, plus que jamais, encore en surchauffe, surtout quand le Rassemblement national continue d'appeler à une dissolution, quand la France insoumise appelle à soutenir les blocages, espérant surfer sur l'instabilité politique.

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