Démission de Sébastien Lecornu : quelles sont les options d'Emmanuel Macron pour tenter de redonner une stabilité politique au pays ?
Après 27 jours à Matignon, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a annoncé son départ, lundi. Il revient donc au président Emmanuel Macron de nommer un nouveau chef de gouvernement, à moins qu'il ne décide de dissoudre l'Assemblée, voire de quitter l'Elysée.
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A la surprise générale, Sébastien Lecornu a remis sa démission à Emmanuel Macron, lundi 6 octobre. Alors qu'il n'a même pas eu le temps de réunir une seule fois son Conseil des ministres, le Normand de 39 ans devient le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Quelques heures après avoir dévoilé son gouvernement, ce très proche d'Emmanuel Macron a dû constater son échec. "On ne peut pas être Premier ministre quand les conditions ne sont pas remplies", a-t-il résumé lors d'une allocution à Matignon.
C'est donc un retour à la case départ du 8 septembre, lorsque son prédécesseur à Matignon, François Bayrou, a été renversé par un vote de défiance de l'Assemblée nationale. Franceinfo fait le point sur les différents scénarios sur la table de l'Elysée dans ce contexte d'instabilité politique inédit.
La nomination d'un nouveau Premier ministre, pas forcément issu de son camp
C'est la prérogative du président de la République de nommer le nouveau locataire de Matignon. Mais, après les échecs de Michel Barnier, François Bayrou et Sébastien Lecornu, il semble peu judicieux de nommer à nouveau un membre du socle commun. D'autant que ce dernier a implosé dimanche soir, LR et l'UDI actant leur sortie de cette alliance après la nomination du gouvernement.
"Je pense qu'il faut essayer Yaël Braun-Pivet. C'est la seule qui n'a pas d'ego et qui serait neutre", juge un cadre de Renaissance. Mais la présidente de l'Assemblée nationale serait-elle capable de reconsolider le bloc central qui s'est fracturé dimanche ? "Lecornu a réussi à faire imploser le socle. Champion", s'exclame un responsable de l'UDI, parti de centre droit. "On voit assez mal qui serait en capacité de résoudre le problème qui s'est posé à Sébastien Lecornu entre un socle commun qui s'est un peu évaporé et les oppositions qui poussent à la dissolution", juge le constitutionnaliste Benjamin Morel auprès de franceinfo.
Emmanuel Macron peut-il alors changer de stratégie et proposer Matignon à une personnalité issue de la gauche ? Le chef de l'Etat s'y est toujours refusé depuis le deuxième tour des élections législatives, en juillet 2024, consécutives à sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale. Lundi matin, le Parti socialiste a réitéré ses offres de service. "Nous sommes prêts à assumer les responsabilités du pays. Il est temps d'appeler ceux qui sont arrivés en tête des élections", a tweeté le député PS de l'Eure Philippe Brun.
La perspective d'un signal aux oppositions est soutenue par l'aile gauche de Renaissance. Agnès Pannier-Runacher, qui venait d'être reconduite comme ministre de la Transition écologique, pousse en ce sens. "A ceux qui pensent que l'on pourrait gouverner en faisant l'économie de la gauche, je dis : vous vous trompez", écrit-elle sur son compte X.
Mais dans cette hypothèse, le gouvernement n'aurait plus le soutien de la droite. "Il est hors de question de cautionner aujourd'hui un Premier ministre de gauche", a exclu Bruno Retailleau, lundi sur TF1.
Plus que jamais, Emmanuel Macron est sous pression pour trouver une solution qui permette d'éviter une censure immédiate. Tout en tenant compte du calendrier parlementaire avec un objectif qui semble désormais très compliqué à atteindre : doter la France d'un budget avant le 31 décembre.
Une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale
Ce gouvernement, le plus éphémère de la Ve République, est le troisième à tomber depuis la dissolution de juin 2024. L'instabilité politique chronique relance les appels à la dissolution, un pouvoir entre les mains du chef de l'Etat. "La seule décision sage, c'est d'en revenir aux urnes", a lancé Marine Le Pen devant le siège de son parti, appelant Emmanuel Macron à dissoudre l'Assemblée nationale, une position défendue par le RN depuis plusieurs mois.
Fait nouveau, les appels à des élections législatives anticipées émanent désormais aussi de LR. "Nous n'avons rien à redouter pour nous-mêmes d'une dissolution", a affirmé le vice-président du parti François-Xavier Bellamy sur France Inter. "On peut gagner en cas de dissolution", veut croire un autre cadre LR, enthousiaste après plusieurs victoires aux élections législatives partielles ces derniers mois. "Il y a d'autres moyens avant un retour aux urnes", a tempéré Bruno Retailleau, sur TF1, lundi.
A gauche, le sénateur communiste Ian Brossat n'envisage cette option qu'en dernier recours, après la nomination d'un Premier ministre de gauche par Emmanuel Macron. Si ce dernier ne le fait pas, "inévitablement, il sera contraint d'en revenir aux urnes et donc à une dissolution de l'Assemblée nationale", estime le porte-parole du Parti communiste sur franceinfo.
Mais Emmanuel Macron se risquera-t-il à faire de nouveau un saut dans l'inconnu, alors que la première dissolution a été jugée ratée, y compris dans son camp, et qu'un nouveau scrutin serait à haut risque pour les macronistes, en baisse dans plusieurs sondages ces derniers mois ? En cas de dissolution, des élections législatives anticipées seraient organisées 20 à 40 jours plus tard, comme le prévoit la Constitution. "Mais il est probable qu'il n'y ait pas plus de majorité que lors des dernières législatives, que l'on ait même un hémicycle encore plus ingouvernable et un groupe RN qui sortirait renforcé", avance sur franceinfo le constitutionnaliste Benjamin Morel.
Une destitution d'Emmanuel Macron par les parlementaires d'opposition
De nombreuses voix continuent de réclamer le départ du chef de l'Etat. Depuis lundi matin, les responsables de La France insoumise remettent sur la table l'hypothèse d'une destitution d'Emmanuel Macron. "On voit bien que c'est son obstination qui bloque le pays", estime le député LFI de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel sur France Inter. "Nous demandons l’examen immédiat de la motion déposée par 104 députés pour la destitution d’Emmanuel Macron", réclame Jean-Luc Mélenchon sur X.
Les insoumis exigent le départ d'Emmanuel Macron depuis l'été 2024 et son refus de nommer un Premier ministre de gauche malgré l'arrivée du Nouveau Front populaire en tête aux législatives, avec une majorité très relative. Jugée alors recevable par le bureau de l'Assemblée, leur procédure de destitution avait été largement rejetée en commission des lois, le 2 octobre 2024. Le 11 septembre, les insoumis ont déposé une nouvelle motion, également signée par des députés des groupes écologiste et communiste. Le bureau de l'Assemblée, où la gauche ne possède plus la majorité depuis la semaine dernière, doit l'examiner mercredi.
La réforme constitutionnelle de 2007 a mis en place une procédure de destitution du président de la République, "en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat". Mais de nombreuses étapes sont nécessaires avant de la voir aboutir, avec, d'abord, l'aval du bureau de l'Assemblée, puis de la commission des lois. Il faut ensuite que les deux tiers des élus de l'Assemblée et du Sénat votent pour, puis que les deux tiers de l'ensemble des parlementaires réunis en Haute Cour l'approuvent. Depuis sa mise en place, cette procédure n'a encore jamais abouti.
Une démission d'Emmanuel Macron
Si les probabilités de destitution présidentielle semblent minimes, les appels à un départ volontaire du chef de l'Etat se multiplient. "Emmanuel Macron peut aussi comprendre, au nom de l'intérêt général, qu'il doit démissionner", avance Eric Coquerel sur France Inter. L'idée fait désormais son chemin, comme l'expliquent plusieurs voix à droite, dont celle du président de l'Association des maires de France, et maire de Cannes, David Lisnard (LR), au nom de "l'intérêt de la France".
En revanche, la patronne du RN a estimé qu'elle n'avait pas à appeler le chef de l'Etat à quitter l'Elysée. "S'il prend la décision de le faire, je pense que ce serait une décision, là encore, sage", a déclaré Marine Le Pen lundi matin. Jusqu'à présent, le président de la République a écarté toute idée de démission face aux blocages rencontrés par l'Assemblée, et s'est même agacé que la question soit posée. Dans tous les cas, un départ d'Emmanuel Macron de l'Elysée entraînerait une élection présidentielle anticipée et, très certainement, des élections législatives dans la foulée.
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