Démission de Sébastien Lecornu : du RN à LFI en passant par Renaissance, comment les partis politiques préparent la suite
Le Parti socialiste réclame l'arrivée de la gauche à Matignon, tandis que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon appellent toujours à une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale.
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Unanimement surprise par la démission du Premier ministre, lundi 6 octobre, la classe politique affiche ses divergences quant à l'après-Lecornu. Emmanuel Macron, qui dispose de plusieurs options, ne s'est pas encore exprimé publiquement. Il a toutefois donné quarante-huit heures à son chef du gouvernement démissionnaire pour "mener d'ultimes négociations afin de définir une plateforme d'action et de stabilité pour le pays". Les formations politiques pourraient donc à nouveau être consultées.
Quelles sont leurs stratégies pour sortir cette situation de blocage politique ? Franceinfo fait le point.
La gauche partagée entre envie de dissolution et désir de Matignon
Dès la démission de Sébastien Lecornu connue, Fabien Roussel a posé de façon très claire l'alternative pour les partis de gauche. "Pour en sortir, qu'il nomme enfin la gauche. Sinon, retournons aux urnes", a écrit le secrétaire national du PCF sur son compte X. En somme, la dissolution ou le pouvoir. Quel va être le choix de la gauche et le fera-t-elle de façon unitaire ?
• Jean-Luc Mélenchon veut relancer le NFP. Comme lors de chaque grande crise politique, Jean-Luc Mélenchon a été l'un des premiers à s'exprimer pour que le débat tourne autour de ses idées. Le chef de file de La France insoumise a invité les autres formations de gauche à entamer un dialogue commun. "Nous proposons une rencontre cet après-midi aux organisations fondatrices de la Nupes et du NFP afin d'envisager toutes les hypothèses ouvertes par cette situation", a écrit l'ancien candidat à l'élection présidentielle sur son compte X.
Un peu plus tard, lors d'une conférence de presse, il a répété vouloir une démission ou une destitution d'Emmanuel Macron. "On a besoin d'une solution claire, nette, franche et massive", a-t-il martelé. Son principal lieutenant, Manuel Bompard, tend néanmoins la main au reste de la gauche en cas de dissolution. "Nous proposons aux différentes formations politiques qui sont d'accord pour se réunir sur la base du programme du Nouveau Front populaire de présenter des candidatures communes, porteuses de ce programme", déclare-t-il, cité par l'AFP.
• Les Ecologistes poussent à la dynamique unitaire. La reconstitution du NFP ou de la Nupes n'est pas pour tout de suite. Les autres partis n'ont pas donné suite à l'invitation de Jean-Luc Mélenchon. Chez Les Ecologistes, qui ont multiplié les réunions de leurs instances toute la journée, "on multiplie les échanges avec chacun en bilatérale pour trouver les conditions qui rendent possible la réunion de toute la gauche", explique à franceinfo Cyrielle Chatelain, présidente du groupe à l'Assemblée. "Il n'est pas question de donner l'impression que c'est LFI et les Ecologistes contre le PS ou le PS et Les Ecologistes contre LFI", poursuit-elle. Sur BFMTV, Marine Tondelier a déclaré que la gauche "envisage de pouvoir gouverner". Mais l'entourage de la secrétaire nationale du parti reconnait que les chances de survivre à une censure commune du RN, du LR et des macronistes sont incertaines. "On commence à se préparer à une possible dissolution, mais pour nous, cela ne peut se faire que dans une dynamique unitaire" explique un cadre du mouvement.
• Le Parti socialiste veut gouverner sans les insoumis. Depuis lundi matin, les élus socialistes martèlent un message : ils sont prêts à exercer le pouvoir et à occuper Matignon. "On considère qu'une dissolution ne réglera pas la crise politique, que la démocratie mérite mieux qu'une présidentielle anticipée impliquant une campagne de trente-cinq jours, et que la destitution n'est pas sérieuse", commente Romain Eskenazi, porte-parole du PS à l'Assemblée nationale. Dans un communiqué, le PS demande "la nomination d'un ou d'une Premier.e ministre issu.e de la gauche et des écologistes, ouvert.e aux compromis, s'engageant à ne pas utiliser le 49.3". "La rupture avec LFI est consommée" commente un cadre du parti. Olivier Faure a rencontré dans la journée les représentants de Place Publique et des Ecologistes.
Sur TF1, lundi soir, Olivier Faure a appelé à "un changement de cap" et plaidé "pour que ce changement de cap ait lieu et qu'un gouvernement de gauche puisse arriver". "Si nous étions appelés à Matignon, il faudrait que nous répondions positivement", a affirmé le patron du PS. Le député de Seine-et-Marne se dit également "prêt à discuter avec toutes les formations" politiques.
• Le Parti communiste pense pouvoir éviter la censure. Les communistes souhaitent également occuper Matignon. "Le socle commun a explosé : la coalition la plus nombreuse, c'est celle de la gauche", commente Ian Brossat, porte-parole du parti. Il pense pouvoir éviter une censure à l'Assemblée nationale. "Je ne suis pas convaincu que Renaissance, dans le climat actuel, censurerait par principe un gouvernement de gauche. Ils n'ont pas intérêt à une dissolution", poursuit-il, citant le très faible score de la candidate du groupe macroniste à la législative partielle du Tarn-et-Garonne qui a eu lieu dimanche.
Le Rassemblement national appelle encore et toujours à de nouvelles élections
Depuis la démission de Sébastien Lecornu, le Rassemblement national redouble ses appels à la dissolution. "Il faut que la plaisanterie s'arrête : il faut qu'on revienne aux urnes", a martelé Jordan Bardella lundi, lors d'un point presse à la sortie d'une réunion avec Marine Le Pen. Cette dernière a jugé la dissolution "absolument incontournable". Depuis plusieurs mois, le RN se prépare à des élections législatives anticipées dont il pense pouvoir tirer profit, à condition d'éviter les ratés de la campagne de juin 2024 et d'affaiblir les appels au "front républicain".
A 17 heures, les députés RN se sont réunis à l'Assemblée nationale et en visioconférence pour "évaluer toutes les situations potentielles" après le départ surprise du Premier ministre et acter la "censure systématique" de tout gouvernement, jusqu'à obtenir la dissolution, résume un cadre. "On ne va pas changer de gouvernement toutes les quarante-huit heures", a estimé le président du RN. "S'il n'y a pas rupture, il y a censure", martèle Jordan Bardella.
L'option d'une démission du chef de l'Etat ne serait pas non plus pour leur déplaire. "Ce serait une décision sage", a estimé Marine Le Pen, interrogée par des journalistes, avant d'ajouter : "Je n'ai pas à l'appeler à le faire". Le RN entend ainsi incarner une opposition responsable, à l'opposé des insoumis. "N'importe quel retour aux urnes nous conviendrait, des législatives comme une présidentielle, mais c'est à Emmanuel Macron de prendre ses responsabilités", explique Edwige Diaz, vice-présidente du parti d'extrême droite.
Allié du RN depuis la dissolution, Eric Ciotti plaide lui aussi pour de nouvelles élections, de préférence pour choisir un nouveau président de la République, "parce qu'une élection législative, qui va précéder une élection présidentielle dans seize mois, pourra toujours installer une situation d'incertitude", a-t-il ajouté.
Le socle commun dans le flou après son implosion
• Les Républicains ne plaident pas pour une dissolution. Après des discussions tendues avec Sébastien Lecornu, Bruno Retailleau a estimé dimanche soir que la composition du gouvernement "ne [reflétait] pas la rupture promise" et convoqué dans la foulée un conseil stratégique, lundi à 11h30. Les cadres du parti se sont retrouvés au siège du parti, sans Laurent Wauquiez, rival interne de Bruno Retailleau depuis l'élection pour la présidence du parti, officiellement retenu en circonscription. A la sortie, le ministre de l'Intérieur démissionnaire s'est rendu sur le plateau de TF1 pour acter la sortie de LR du gouvernement, dénonçant "un problème de confiance" avec le Premier ministre démissionnaire. Le locataire de Beauvau reproche à Sébastien Lecornu de n'avoir pas répondu de façon claire à ses demandes répétées d'engagements sur des mesures, et de lui avoir "caché" que Bruno Le Maire allait être nommé aux Armées.
Pour autant, LR "ne bascule pas dans l'opposition", a-t-il assuré, laissant la porte ouverte à un possible maintien dans le socle commun avec les macronistes. "Il y a d'autres moyens avant d'en arriver" à une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale, a déclaré Bruno Retailleau sur TF1, tout en pressant Emmanuel Macron de s'exprimer. En revanche, l'hypothèse de nommer un Premier ministre de gauche entraînerait la censure de LR, a-t-il martelé. En interne, la question d'une participation au gouvernement divise LR depuis quelques mois et oppose Bruno Retailleau à Laurent Wauquiez, tenant d'une rupture nette avec les macronistes.
• Les macronistes dénoncent "un spectacle affligeant". Sidérés par le coup de pression de Bruno Retailleau qui a entraîné la démission surprise de Sébastien Lecornu, les macronistes accusent le coup. Dimanche soir, tandis que les critiques de la droite et des oppositions se multipliaient après la nomination du gouvernement, Gabriel Attal a dénoncé le "spectacle affligeant" donné par "l'ensemble" de la classe politique. Dans un message au groupe de députés qu'il préside, l'ancien Premier ministre a regretté que la méthode qu'il avait proposée, "le quoi avant le qui – s'accorder sur un compromis budgétaire (...) avant de nommer un gouvernement", n'ait "pas été retenue".
Le député des Hauts-de-Seine s'est entretenu avec son groupe, Ensemble pour la République, à 16 heures, avant d'enchaîner avec une réunion du bureau exécutif du parti présidentiel. Il a de nouveau plaidé pour la nomination à Matignon d'un négociateur chargé de trouver un accord avec les différentes forces politiques. Les macronistes peuvent en tout cas toujours compter sur leurs alliés du MoDem et de Horizons, qui n'ont pas claqué la porte du socle commun, contrairement à l'UDI.
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