Fouille des sacs à l'entrée, portiques de sécurité... Comment le gouvernement veut renforcer la sécurité dans les établissements scolaires

Après le drame de Nantes, le gouvernement affiche sa volonté de fermeté. Le Premier ministre a dit vouloir des propositions rapides et concrètes pour améliorer la sécurité à l'entrée et dans les établissements scolaires.

Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des portiques de sécurité installés au lycée Pierre de Fermat à Toulouse en 2016 (XAVIER DE FENOYL / MAXPPP)
Des portiques de sécurité installés au lycée Pierre de Fermat à Toulouse en 2016 (XAVIER DE FENOYL / MAXPPP)

Quelques heures après l'attaque au couteau dans un lycée de Nantes, jeudi 24 avril, François Bayrou a évoqué une multiplication des contrôles. Il s'agit d'une mesure récente, annoncée conjointement par les ministres de l'Education nationale et de l'Intérieur en février, opérationnelle depuis fin mars : organiser des fouilles inopinées de sacs, à l'entrée des établissements scolaires, par des policiers. Les agents de l'Education nationale n'ont aujourd'hui pas le droit de le faire. Ils peuvent demander l'ouverture des sacs, les observer, mais pas les fouiller. Une proposition de loi est d'ailleurs à l'étude pour faire évoluer cette règle.

Mais mobiliser des forces de l'ordre pour mener ces contrôles, c'est assez compliqué en pratique : il faut réunir en amont le parquet, le rectorat et la préfecture pour identifier les établissements les plus sensibles, et programmer une opération de fouilles. En un mois, il y en a eu un millier seulement (sur près de 59 000 établissements publics et privés sous contrat), selon les chiffres qu'a donnés Bruno Retailleau jeudi.

Portiques de sécurité 

François Bayrou a annoncé dès cette semaine la réunion du groupe de travail constitué il y a quelques semaines sur le sujet. Le Premier ministre veut "bannir le port d'armes blanches dans les établissements scolaires". "Il faut faire appliquer, a-t-il redit jeudi, les interdictions et travailler pour que ce type d'armes ne puisse pas pénétrer dans les établissements." Le Premier ministre évoque la piste de "l'installation de portiques à l'entrée des établissements scolaires, comme dans les aéroports." Il missionne plusieurs personnalités pour lui soumettre des propositions concrètes, dans les quatre semaines qui viennent, pour aboutir à des mesures opérationnelles en matière de vente, de transport et de détention des armes blanches, en s'inspirant, pourquoi pas, de ce qui se fait à l'étranger.

La "piste" des portiques de sécurité est d'ores et déjà qualifiée d'erreur par le  secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale (SNPDEN). Bruno Bobkiewicz a estimé vendredi 25 avril sur France Inter que "ceux qui agitent la question des portiques ou des fouilles systématiques se trompent". "Si les prisons ne sont pas capables de le faire, je ne vois pas comment les établissements scolaires pourraient le faire", a-t-il expliqué.

"Cette logique dans laquelle sont entrés les États-Unis ne règle pas la question des tueries dans les établissements scolaires."

Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN

sur France Inter

Philippe Legrand, membre du bureau régional de la CGT et ancien enseignant au collège-lycée privé Notre-Dame-de-Toutes-Aides à Nantes (Loire-Atlantique), estime lui aussi, vendredi sur franceinfo, que l'installation de portiques dans les écoles ne va pas "résoudre la problématique" de la sécurité en milieu scolaire. Il faut surtout "des moyens", plaide-t-il. L'ancien enseignant pointe "la misère en termes de politique de santé" dans les établissements publics et privés. "On manque de professionnels de santé, on manque d'infirmières scolaires, on manque de médecins scolaires, on manque de psychiatres, on manque de psychologues", détaille-t-il. Selon lui, "il est temps que les gouvernements successifs se penchent sur cette question de la santé des enfants et sur la question des moyens". 

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.