: Témoignages Législatives : des Français de l'étranger privés de vote par internet à cause d'un problème technique ? "Je ferai partie des abstentionnistes malgré moi"
De nombreux électeurs résidant à l'étranger sont dans l'impossibilité de suivre la procédure de vote en ligne, qui a ouvert vendredi 27 mai. Le ministère des Affaires étrangères pointe du doigt une incompatibilité avec certains services de courrier électronique.
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Un message d'erreur qui fait désordre. Depuis l'ouverture, vendredi 27 mai à midi, du vote en ligne aux Français de l'étranger pour les élections législatives, ils sont des centaines à ne pas pouvoir choisir leur candidat sur internet, faute de pouvoir valider leur bulletin. Informé du problème, le ministère des Affaires étrangères explique que ce souci ne concerne que les utilisateurs de certaines boîtes mail, et qu'aucune solution n'a encore été trouvée. Alors qu'il ne reste que jusqu'au mercredi 1er juin pour voter en ligne, certains électeurs fustigent ce système qu'ils attendaient pourtant avec impatience.
"Un retour vingt ans en arrière"
C'est le cas d'Agathe Chaigne, qui a tenté de voter depuis Utrecht (Pays-Bas), où elle s'est installée début 2022. "Je suis très agacée, pourtant j'étais enthousiaste à l'idée de voter en ligne, confie à franceinfo la jeune professeure-assistante en université. C'est un énorme avantage pour les gens, ça rend le vote accessible." Mais des Pays-Bas aux Etats-Unis, en passant par la Thaïlande, l'Espagne ou le Royaume-Uni, des électeurs ont remonté à franceinfo un problème similaire : après s'être identifiés et avoir choisi leur candidat, certains ne reçoivent pas le code de validation, essentiel pour confirmer leur vote en ligne.
"J'ai compris que c'était parce que mon mail est sur Yahoo!, relate Agathe Chaigne, c'est ce que tout le monde avait remarqué sur les réseaux sociaux." Une information confirmée depuis par le ministère des Affaires étrangères, qui a répondu à certains électeurs que ce bug ne concernait que les boîtes mail hébergées par la société américaine Yahoo, dont le service AOL. "A l'heure du numérique, comment rater un système pareil ? s'étonne Jipe Gerardin, développeur web et artiste installé depuis vingt et un ans en Angleterre. C'est un retour vingt ans en arrière."
Contacté par franceinfo, le Quai d'Orsay expliquait samedi soir que cette erreur technique ne s'était pas manifestée lors des deux tests grandeur nature organisés ces derniers mois. "Les équipes de l'assistance technique travaillent actuellement au traitement de ce problème, précise le ministère. Les électeurs en ont été informés et ils le seront de nouveau lorsqu'il sera résolu."
"Certains doivent rouler cinq heures pour venir voter en personne"
En attendant, les Français de l'étranger concernés espèrent qu'une solution sera trouvée avant mercredi, date à laquelle le service de vote en ligne sera officiellement fermé. Pour beaucoup, les alternatives proposées par les autorités françaises (venir voter à l'urne, voter par procuration ou par correspondance) ne sont pas satisfaisantes. Enceinte de neuf mois, Agathe Chaigne a "assez peu envie" de se déplacer jusqu'à Amsterdam, par exemple. En Angleterre, ce bug technique chamboule les plans de Jipe Gerardin, dans l'incapacité de faire une procuration. "Si ce n'est pas réglé à temps, je ferai partie des abstentionnistes malgré moi", regrette-t-il.
Pour l'heure, il est difficile de déterminer le nombre d'électeurs touchés par ce problème. Dans certaines circonscriptions, il avoisine 10% des inscrits sur les listes. "A San Francisco, ce sont 12,8% des électeurs qui utilisent Yahoo!", explique par exemple à franceinfo Loïc Le Gland, conseiller consulaire en Californie, qui craint que ce souci ne fasse gonfler l'abstention. Toujours aux Etats-Unis, Julien Cavanagh, conseiller des Français de l'étranger installé à Boston (Massachusetts), souligne que les circonscriptions de l'étranger sont parfois gigantesques. "Chez nous, par exemple, certains doivent rouler cinq heures pour venir voter en personne à Boston, c'est difficilement tenable, alerte-t-il. Ils le feraient pour l'élection présidentielle, mais c'est beaucoup moins sûr pour les législatives."
Gênés, certains électeurs sont même révoltés et ne comptent pas en rester là. C'est le cas de Jhonny Blamoutier, installé depuis plus vingt ans en Espagne, qui songe à réclamer "l'invalidité du vote pour non-respect du principe d'équité". Contactés par franceinfo, plusieurs candidats en lice dans les circonscriptions de l'étranger déclarent quant à eux "envisager de saisir la justice" si le vote en ligne n'est pas rapidement rendu totalement fonctionnel, afin de demander un délai supplémentaire – voire un nouveau scrutin.
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