Vrai ou faux Non, la reconnaissance faciale n'a pas été utilisée pendant les JO de Paris, comme l'affirme le ministre des Transports

Si la surveillance algorithmique a été permise pendant la durée des Jeux olympiques en France, la reconnaissance faciale, elle, n'a pas été autorisée pour procéder à des identifications dans l'espace public.

Article rédigé par Valentine Joubin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une caméra présente dans les couloirs d'une gare parisienne. (MARTIN BERTRAND / Hans Lucas via AFP)
Une caméra présente dans les couloirs d'une gare parisienne. (MARTIN BERTRAND / Hans Lucas via AFP)

Le ministre de l'Intérieur et le ministre des Transports se sont tous deux déclarés favorables à la généralisation de la reconnaissance faciale dans les transports en commun, notamment les gares et les aéroports. Plusieurs membres du gouvernement arguent que cette technologie peut notamment permettre de fluidifier les contrôles et faire gagner du temps aux voyageurs. Philippe Tabarot, ministre des Transports, a défendu cette technologie, mardi 6 mai, sur franceinfo :"On l'a vu à travers les caméras algorithmiques qui ont plutôt bien fonctionné pendant les Jeux olympiques. Il faudra qu'on aille plus loin", a-t-il déclaré.

Mais le ministre est contredit par la Défenseure des droits. "Il n'y a pas eu de reconnaissance faciale pendant les JO, il y a eu une utilisation sur des mouvements de foule. Justement, ça n'a pas été autorisé par le législateur", a soutenu Claire Hédon, mardi sur franceinfo. De fait, reconnaissance faciale et vidéosurveillance par algorithme sont deux technologies différentes.

Reconnaissance faciale...

La reconnaissance faciale est une technique qui vise à identifier une personne à partir des traits de son visage. C'est possible grâce à une caméra biométrique qui va scanner les yeux, la bouche, le nez ou encore les expressions. Elle va ensuite comparer ces éléments avec tous les visages déjà enregistrés dans sa base de données, ce qui doit permettre, par exemple, de reconnaître un individu au milieu d'une foule en mouvement. 

En France, l'utilisation des données biométriques est interdite par la loi, comme le rappelle la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés), sauf exceptions prévues par le RGPD (l'article 9 liste les cas de figure). C'est le cas dans les aéroports par exemple. Ceux de Roissy et Orly, à Paris, expérimentent depuis 2020 la reconnaissance faciale pour l'enregistrement des passagers. Mais uniquement si les voyageurs le souhaitent.

... et vidéosurveillance par algorithme

Ce qui a été utilisé pendant les JO de Paris, ce n'est pas de la reconnaissance faciale, comme le rappelle Claire Hédon. Il s'agissait de la vidéosurveillance par algorithme, aussi appelée "caméras augmentées". Cela consiste, grâce à l'intelligence artificielle, à analyser automatiquement les images de vidéosurveillance, pour détecter des objets abandonnés, des mouvements de foule ou repérer des armes, mais pas pour identifier des personnes. 

Pendant les JO de Paris, 485 caméras augmentées ont ainsi été déployées à titre expérimental. C'est la seule fois que cette technologie a été déployée en France, une loi spéciale l'a autorisée jusqu'en mars dernier. Un rapport remis au ministère de l'Intérieur en janvier a estimé que les performances techniques de ces caméras étaient "inégales". Le comité d'évaluation donne l'exemple de sans abris confondus avec des objets abandonnés.

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