Tony Blair : un médiateur neutre sur Gaza ?

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Article rédigé par franceinfo - L. Szulewicz, B. Jequel, A. Chanteloup - Édité par l'agence 6Medias
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Tony Blair, ancien Premier ministre britannique, revient sur le devant de la scène puisque Donald Trump a décidé de l’impliquer dans son plan de paix sur Gaza. Ancien émissaire du Quartet au Moyen-Orient, l’homme politique écossais traîne derrière lui quelques casseroles qui remettent en cause sa légitimité à gérer l’enclave palestinienne.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Tony Blair. Son nom est revenu sur le devant de la scène depuis que Donald Trump a présenté son comité de la paix pour diriger Gaza : "Nous allons mettre des dirigeants d’autres pays, d’éminents dirigeants pour former ce comité. Et une personne qui veut faire partie de ce comité, c’est l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair. C’est un homme bien, un homme très bien." Alors, pourquoi ce retour en grâce de Tony Blair et qu’en est-il de sa neutralité ?

Le bilan de Tony Blair au Moyen-Orient est souvent critiqué. D’abord parce qu’en 2003, proche du président Bush, il se joint aux États-Unis pour envahir l’Irak. "La vérité aujourd’hui, c’est que Saddam Hussein ne coopère pas avec les inspecteurs et qu’il viole la résolution des Nations unies", estimait Tony Blair en 2003, à l’époque Premier ministre britannique.

Bilan décevant et amitiés contestées

Puis, toujours sous l’impulsion de George Bush, il est nommé médiateur dans le processus de paix israélo-palestinien. Et dans un premier temps, son discours est particulièrement optimiste. "Je pense que le lieu pour commencer avec la paix est Gaza, parce que si nous pouvons changer la situation à Gaza politiquement, économiquement, alors je pense que nous sommes capables de faire beaucoup de changements dans toute la politique de ce conflit", déclarait-il en tant qu’émissaire du Quartet au Moyen-Orient en 2015.

Mais son bilan ne convainc pas, notamment parce qu’il ne remet pas en question la colonisation israélienne en Cisjordanie. Et plus récemment, c’est son amitié avec le milliardaire américain Larry Ellison, fondateur d’Oracle, qui est pointée du doigt. Deuxième homme le plus riche du monde, il dirige une entreprise de logiciels, de bases de données et d’intelligence artificielle. Avec Tony Blair, ils se rencontrent en 2003. Et aujourd’hui, les deux hommes sont devenus très proches. On les voit par exemple en vacances sur le yacht du milliardaire.

Larry Ellison, c’est aussi le principal mécène de l’Institut Tony Blair, avec 257 millions de livres sterling versés depuis 2021. La fondation de l’ancien Premier ministre dépend donc financièrement du milliardaire, connu pour être aussi très pro-israélien et proche de Benjamin Netanyahou. "J’ai passé du temps avec les personnes qui gouvernent l’État d’Israël et vous savez, je ressens un profond attachement émotionnel à l’État d’Israël et au peuple israélien", témoignait Larry Ellison en 2014.

Transformer Gaza en riviera ?

Alors forcément, cette proximité interroge sur la neutralité de Tony Blair pour administrer Gaza. "Le fait que Tony Blair soit si proche d’Ellison et dépende littéralement de lui pour que son organisation puisse continuer à faire ce qu’elle fait actuellement soulève de sérieuses questions sur sa neutralité et sa capacité à aborder la situation de manière impartiale", décrypte May Bulman, journaliste d’investigation chez Lighthouse Report.

L’Institut Tony Blair avait d’ailleurs commencé à travailler sur Gaza avant même l’annonce du plan Trump. D’après un article du Financial Times, ses équipes auraient travaillé sur un projet pour transformer l’enclave en riviera, la même formulation polémique utilisée par le président américain.

Parmi nos sources : 

  • Articles

https://www.lighthousereports.com/investigation/blair-and-the-billionaire/
https://democracyforsale.substack.com/p/inside-the-tony-blair-institute-larry-ellison-peter-kyle-starmer 
https://democracyforsale.substack.com/p/tony-blair-larry-ellisons-man-in 
https://edition.cnn.com/2025/10/01/middleeast/tony-blair-reconstruction-job-intl 
https://www.ft.com/content/527b520b-fc99-4651-b9d0-f5b505480ac5
https://www.humanite.fr/monde/bande-de-gaza/gaza-tony-blair-a-la-tete-dun-gouvernement-provisoire-en-cas-daccord-de-paix
https://www.rts.ch/info/monde/2025/article/tony-blair-institute-quand-les-ex-dirigeants-monnaient-leurs-reseaux-28998768.html
https://www.bbc.com/news/articles/c4gmrxd8ryno
https://www.lorientlejour.com/article/1468261/le-tony-blair-institute-implique-dans-un-projet-de-reconstruction-controverse-a-gaza.html 

  • Autres

Les rapports financiers de l'Institut Tony Blair : https://institute.global/financial-statements 

Site de l'Institut Tony Blair : https://institute.global/ 

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