Japon : les discours de désinformations de la présidente du parti libéral
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Samedi 4 octobre, Sanae Takaichi a été élue cheffe du Parti libéral-démocrate (PLD) au Japon. Elle pourrait devenir Première ministre du pays. Mais elle aurait recours à de fausses informations.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
La nouvelle patronne du parti majoritaire japonais est une habituée des phrases chocs. "Je vais abandonner l'idée d'un équilibre vie personnelle, vie professionnelle. Je vais travailler, travailler, travailler", lance Sanae Takaichi, présidente du parti libéral-démocrate le 4 octobre dernier. Mais cette admiratrice de Margaret Thatcher se distingue surtout par son recours à de fausses informations.
Un discours trumpiste
Elle a notamment repris la rhétorique trumpiste sur les étrangers qui s'en prendraient aux animaux. Fin septembre, la présidente du PLD déclare : "Il y a des gens qui donnent des coups de pied au cerf de Nara, qui les frappent et les effraient. Certains sont des touristes étrangers. Ils cherchent à faire du mal aux choses que les Japonais aiment." Une information démentie par les autorités locales, mais qui n'a pas empêché Sanae Takaichi de se hisser à la tête du parti au pouvoir. Elle est la potentielle future Première ministre du Japon, qui réécrit les faits et l'histoire de son pays.
Sanae Takaichi est élue au Parti libéral-démocrate. Elle rejette toute forme de repentance historique, en affirmant par exemple que le Japon n'a fait que se défendre pendant la Seconde Guerre mondiale, à contre-courant du consensus historiographique. "Selon le traité qu'on prend comme point de repère, la manière de juger si une action était une attaque ou de la légitime défense varie. Pour ma part, mon opinion n'a pas changé", déclare-t-elle en mai 2013.
Fervente admiratrice de l'armée japonaise, elle visite régulièrement le sanctuaire Yasukuni, qui honore les soldats tombés au combat. Parmi eux, plus d'un millier de criminels de guerre de la Seconde Guerre mondiale. "J'ai exprimé ma sincère gratitude aux âmes de ceux qui se sont sacrifiés pour la politique nationale", partage-t-elle en avril 2024.
Des tendances négationnistes
Et pour défendre l'armée japonaise, la patronne du PLD verse dans le négationnisme, comme lorsqu'elle évoque le sujet des femmes coréennes exploitées par l'armée, surnommées femmes de réconfort. "Des activités visant à diffamer le Japon se sont multipliées en liant la question des femmes de réconfort au terme "esclavage sexuel", des fausses informations qui portent atteinte à la dignité des soldats morts au combat", assure-t-elle en 2024
Ces crimes sexuels de masse perpétrés par l'armée japonaise sont pourtant largement documentés par les historiens. "Le discours négationniste sur les femmes de réconfort joue sur le fait qu'il y a toujours eu des bordels militaires. Ils vont dire que c'étaient des personnes qui étaient déjà des prostituées. Alors qu'en réalité, on sait que cela relevait de l'esclavage sexuel. Il s’agissait souvent de femmes qui étaient recrutées pour des postes de serveuses ou d'infirmières et qui ensuite étaient réduites en esclavage sexuel", explique David Serfass, maître de conférences à l’IFRAE (Inalco) et spécialiste de l’occupation japonaise en Chine
Sanae Takaichi vante le passé militaire du Japon, quitte à falsifier l'histoire. Une posture et une façon de faire de la politique qui pourraient bien la mener au pouvoir lors des prochaines élections dans quelques jours.
Parmi nos soucres :
Site internet de Sanae Takaichi, document concernant la question des « femmes de réconfort », 26 août 2014
Site internet de Sanae Takaichi, texte à propos des excuses du ministre de l’Education concernant les manuels d’histoire, 10 décembre 2004
JCP, L’armée japonaise nie toute contrainte exercée sur les « femmes de réconfort », 6 janvier 2013
DW, Sanae Takaichi: What to expect from Japan's new 'Iron Lady', 6 octobre 2025
Courrier International, Xénophobie : Au Japon, les cerfs de Nara sont au centre d’un débat politique, 2 octobre 2025
David Serfass, Maître de conférences à l’IFRAE (Inalco), spécialiste de l’occupation japonaise en Chine
Liste non exhaustive
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