Reportage "On ne s'habitue pas mais on sait que le risque existe" : à Nanterre, le personnel pénitentiaire résigné après les attaques qui ont visé des prisons

À Nanterre, un véhicule appartenant à un membre du personnel de l'administration pénitentiaire a été calciné lundi.

Article rédigé par franceinfo
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La maison d'arrêt de Nanterre a été visée par des dégradations, lundi 14 avril. (ALAIN JOCARD / AFP)
La maison d'arrêt de Nanterre a été visée par des dégradations, lundi 14 avril. (ALAIN JOCARD / AFP)

Depuis ce week-end, plusieurs établissements pénitentiaires ont été visés par des attaques. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, se rend, mardi 15 avril, au centre pénitentiaire de Toulon, touché par des tirs à l'arme automatique, pour soutenir les agents. Selon une autre source policière, plusieurs prisons ont été touchées par des incendies de véhicules dont celle de Nanterre, où s'est rendu franceinfo.

Il ne reste pas grand-chose du feu de voiture qui s'est déclaré, lundi soir. Le véhicule qui a été calciné appartenait à un membre du personnel de l'administration pénitentiaire. On peut voir encore quelques traces de brûlé sur le bitume. Et puis ce slogan "DDPF", qui signifierait "droit des prisonniers en France", tracé sur l'impasse qui mène, quelques mètres plus loin, à l'entrée de la maison d'arrêt.

"Ils ont mis le feu, ils ont tagué et ils sont partis"

Pour Samir, un des délégués du syndicat Ufap, ici comme ailleurs, c'est clairement le personnel pénitentiaire qui était visé : "Pour brûler les voitures du personnel, il faut vraiment qu'ils entrent au cœur du domaine et sur le parking. Là, ils ont pris la première voiture qui leur était accessible, ils y ont mis le feu, ils ont tagué et ils sont partis. Deux individus cagoulés qui ont garé leur scooter un peu plus loin, apparemment. Ils ont fait ça vite, ils ont mis le feu, ils ont tagué quatre lettres par terre dont on ne sait pas ce qu'elles signifient et puis ils sont partis."

"Il y a des gens qui les ont vus, il y a une passante qui les a vus, il y a des agents qui sortaient de l'établissement qui les ont vus aussi, poursuit Samir. Mais le temps qu'ils aillent jusque là-bas, il y a une centaine de mètres entre l'entrée et là où les faits se sont produits, ils sont partis en courant et sont montés sur leur scooter."

"On fait attention quand on sort, on est vigilants"

Aujourd'hui, l'activité est redevenue normale. Parloirs, visites, extractions se déroulent comme chaque jour. On a même vu du personnel de maintenance entrer et sortir de l'établissement. Le directeur de la maison d'arrêt a tout de même envoyé à l'ensemble du personnel un mail pour rappeler les consignes de sécurité, que détaille Samir, du syndicat Ufap : "On a des consignes. On ne sort pas de l'établissement en tenue. On fait attention quand on sort, on est vigilants. Moi personnellement, j'ai déjà été suivi deux fois. Il y a des collègues qui ont été suivis également. Après on ne s'habitue pas, mais on sait que le risque existe."

Difficile de savoir si l'opération a été pilotée par des commandos très organisés, même si plusieurs établissements pénitentiaires ont été visés le même jour, à la même heure. "Avec les réseaux comme Snapchat, il n'y a pas forcément besoin d'être organisé. Un téléphone, un réseau social : 'Demain on va brûler du surveillant'. Et puis les établissements pénitentiaires sont facilement accessibles un peu partout en France, donc il n'y a pas besoin d'avoir une organisation de fou non plus. Mais le risque est là." Pour la seule région parisienne, l'établissement de Villepinte a également été victime de plusieurs incendies. Deux voitures du personnel ont été brûlées devant l'établissement lundi soir.

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