Prisons de haute sécurité : le régime de détention des prisonniers dangereux est une "atteinte à des principes élémentaires que sont les droits fondamentaux des détenus", dénonce une magistrate

Judith Allenbach a réagi aux déclarations du garde des Sceaux Gérald Daramnin, qui a annoncé que les 200 détenus les plus dangereux intégreront deux prisons de haute sécurité dans les mois à venir.

Article rédigé par franceinfo
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Des surveillants pénitentiaire à la prison de Vendin-Le-Vieil (Pas-de-Calais).  (PHILIPPE HUGUEN / AFP)
Des surveillants pénitentiaire à la prison de Vendin-Le-Vieil (Pas-de-Calais).  (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Le régime de détention pour les prisonniers dangereux, proposé par le ministre de la Justice Gérald Darmanin, "porte un risque très important d'atteinte à des principes élémentaires que sont les droits fondamentaux des détenus", dénonce vendredi 7 mars sur franceinfo Judith Allenbach. La magistrate, également secrétaire nationale du Syndicat de la Magistrature, réagissait aux annonces du ministre jeudi soir.

 Gérald Darmanin a annoncé jeudi soir sur France 2 que les 200 détenus les plus dangereux intégreront cette année les deux prisons de haute sécurité de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) et de Condé-sur-Sarthe (Orne). Les détenus seront soumis à un régime "d'une sévérité extrême, qui interroge sur le rapport de notre société au châtiment", dit la magistrate.

La "dangerosité", un critère "extrêmement flou"

Ils seront notamment privés de téléphone. Ils ne pourront pas rencontrer leurs familles physiquement, la communication au parloir se fera par hygiaphone. "Il s'agit d'un régime de privation sensorielle, de privation relationnelle. On sait très bien que c'est destructeur pour les individus, à la fois sur le plan psychique et sur le plan physique. Ça réduit à peu près à néant les perspectives de réinsertion et de réhabilitation dans la société", dénonce Judith Allenbach.

Par ailleurs, "c'est un régime qui, tel qu'il est proposé actuellement, se base sur un critère extrêmement flou, qui est celui de la dangerosité", dit-elle. En 2020, la Commission nationale consultative des droits de l'homme avait qualifié la notion de "dangerosité" de "notion émotionnelle dénuée de fondement scientifique", lors de la proposition de loi instaurant des mesures de sûreté à l’encontre des auteurs d’infractions terroristes. "Sur le plan juridique, la définition de cette dangerosité est parfaitement floue. Il y a un risque très important d'erreur", affirme la magistrate.

Judith Allenbach estime qu'on pourrait juguler autrement la poursuite des trafics en détention et améliorer la sécurité des établissements pénitentiaires. Notamment en mettant "fin à la surpopulation carcérale" et "en imposant un mécanisme contraignant de régulation carcérale" et "en incarcérant, dit-elle, de façon strictement nécessaire".

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