Accès élargi au téléphone portable en prison : "Ce serait une grosse erreur", estime un ancien directeur de prison

Oui au renforcement des liens familiaux, non à la poursuite du narcotrafic, expose Joaquim Pueyo, aujourd'hui maire d'Alençon. Ancien directeur des prisons de Fleury-Mérogis et de Fresnes, il appelle même à renforcer "le brouillage des téléphones".

Article rédigé par franceinfo
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Joaquim Pueyo, député socialiste de l'Orne invité de franceinfo le 12 juin 2019 (FRANCEINFO)
Joaquim Pueyo, député socialiste de l'Orne invité de franceinfo le 12 juin 2019 (FRANCEINFO)

Un ancien directeur de prison réagit aux propos de la contrôleure générale des lieux de privation de liberté. Invitée de France Inter, Dominique Simonnot affirme mercredi 19 février vouloir élargir les conditions d'accès des détenus au téléphone portable. Une "grosse erreur", réagit sur franceinfo Joaquim Pueyo, actuel maire d'Alençon et ancien directeur des prisons de Fleury-Mérogis et de Fresnes.

"Je ne suis pas d'accord", a t-il réagi aux propos de Dominique Simonnot. "La bataille n'est pas perdue. Et généraliser les portables en prison, ce serait une grosse erreur sur le plan de la sécurité." L'ancien directeur évoque, par exemple, le cas de détenus narcotrafiquants qui "utilisent les portables, pas uniquement pour le maintien des liens familiaux, mais pour continuer leurs activités". Joaquim Pueyo explique également que cela pourrait être problématique dans d'autres situations : "Dans des maisons d'arrêt, vous avez des prévenus qui sont sous mandat de dépôt par un juge d'instruction. Et quelques fois, le juge d'instruction fait des interdictions pour communiquer avec telle personne ou telle autre, il y a des témoins, des victimes..."

"On doit continuer à se battre"

Joaquim Pueyo précise qu'il est tout de même "partisan de renforcer les liens familiaux". "C'est pour ce motif d'ailleurs, que dans les nouvelles prisons, on a équipé les cellules de téléphones fixes pour maintenir ces liens familiaux et permettre aux détenus de téléphoner à leurs familles ou à leurs proches", détaille-t-il. "Ce sont des autorisations qui doivent être formulées auprès des services pénitentiaires, avec des numéros dédiés et on doit savoir qui est le correspondant." "On doit continuer à se battre en renforçant le brouillage des téléphones", selon l'ancien directeur de prison. "Il faut empêcher également les portables de rentrer en prison par les projections ou par les parloirs." 

En revanche, il estime que l'on peut "se poser des questions pour les centres de semi-liberté". "Vous avez des détenus qui sortent le matin pour suivre une formation avec leurs portables, ou qui sortent le matin pour aller travailler et quand ils rentrent dans les centres de semi-liberté autonomes, ils doivent déposer les portables. Là, effectivement, on peut se poser la question d'autoriser les téléphones".

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