Reportage "On a 80 nouvelles personnes qui arrivent tous les mois" : à Gennevilliers, les Restos du cœur font face à un afflux de nouveaux bénéficiaires

D'abord une petite association créée par Coluche en 1985, il y a 40 ans, les Restos du cœur sont devenus une très grosse structure distribuant 160 millions de repas par an.

Article rédigé par franceinfo
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Une bannière des Restos du cœurlors du lancement de la campagne de l'association à Gennevilliers, le 19 novembre 2024. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Une bannière des Restos du cœurlors du lancement de la campagne de l'association à Gennevilliers, le 19 novembre 2024. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Un anniversaire dont Coluche aurait sans doute voulu se passer. Les Restos du cœur célèbrent leurs 40 ans, vendredi 26 septembre. C’est en effet le 26 septembre 1985, à Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine, qu’a eu lieu la toute première distribution de nourriture. Cette année-là, les restos avaient distribué 8 millions de repas, désormais 160 millions sont servis chaque année. Face à l’afflux de nouveaux bénéficiaires, l’association a dû se structurer.

Dans le centre de Gennevilliers, sous un chapiteau en 1985, Coluche distribuait les premiers paniers repas des restos du cœur. "On fait une distribution plutôt qu'un repas, précisait l'humoriste. Parce que bon, venir bouffer là, c'est un petit peu dérangeant pour eux qui ont une famille. Alors que là, tu viens faire tes courses pour 4-5 personnes, tu rentres chez toi, tu fais à bouffer, t'es pas obligé de dire aux enfants 'on me l'a donnée'." C’était alors "un joyeux bordel", se souviennent certains bénévoles : "Il y a 40 ans, Coluche, la première distribution, il a donné à tout le monde, effectivement. Mais depuis, ça a changé."

Des travailleurs précaires parmi les nouveaux bénéficiaires

Quarante ans plus tard, les distributions sont bien plus encadrées, explique Francis, l’actuel responsable du centre de Gennevilliers. "Le cadre des Restos du cœur, c'est de donner vraiment aux familles qui sont nécessiteuses, souligne-t-il. Donc on part sur un avis d'imposition, toute source de revenus, on déduit de ces revenus le loyer, EDF, GDF... Et, d'après le logiciel qui nous dit ok, on les aide ou on ne les aide pas parce qu'ils ont un reste à vivre, suffisamment pour qu'ils s'en sortent."

Un système de carte avec des points a également été mis en place. Enfin, les bénéficiaires ne peuvent venir qu’une fois par semaine. "Forcément, il a fallu se structurer avec l'afflux de nouveaux bénéficiaires, puisqu'on a de plus en plus, justifie Francis. En gros, on a 80 nouvelles personnes qui arrivent tous les mois" et ceci uniquement à Gennevilliers.

Et parmi ces bénéficiaires, un nouveau profil émerge, des personnes qui ont un travail mais qui, malgré cela, n’arrivent pas à s’en sortir. "Une personne qui gagne à peine le Smic, quand elle a payé son loyer, il ne reste pas grand chose pour vivre. Donc oui, effectivement, on a une population qui s'agrandit parce qu'ils n'ont plus les salaires. Les salaires ne suivent pas le cours de la vie, tout simplement", souligne le responsable du centre de Gennevilliers. Beaucoup de choses ont changé en 40 ans aux Restos du cœur, en revanche, il y a une chose qui ne change pas : l'accueil toujours chaleureux et bienveillant.

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