Avortement : 50 ans après la loi Veil en France, visualisez la carte mondiale du droit à l'avortement

Il y a un demi siècle, la loi légalisant l'avortement portée par la ministre de la Santé Simone Veil était promulguée. Comment ce droit à l'IVG, entré dans la Constitution en mars 2024, est-il réparti ailleurs dans le monde ?

Article rédigé par franceinfo, Valentine Joubin
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des femmes et des hommes manifestent pour défendre le droit à l'IVG aux Etats-Unis, en Floride, le 24 juin 2024. (MARCO BELLO / AFP)
Des femmes et des hommes manifestent pour défendre le droit à l'IVG aux Etats-Unis, en Floride, le 24 juin 2024. (MARCO BELLO / AFP)

Deux ans de prison. C'est la peine maximale qu'encouraient, en France, les femmes qui avortaient avant l'adoption de la loi Veil. Le 17 janvier 1975, l'Assemblée nationale adoptait ce texte légalisant l'interruption volontaire de grossesse. En un demi siècle, le délai s'est allongé (de 10 à 14 semaines de grossesse) et le 4 mars 2024, le droit à l'IVG a été constitutionnalisé. Une première mondiale.

Quelle est la législation ailleurs dans le monde ? Quels sont les pays où l'interruption volontaire de grossesse est inconditionnel, restreint ou totalement interdit ?

L'IVG autorisée sans restriction dans 38% des pays

Selon les données compilées par le Center for reproductive rights (CRR), une ONG américaine qui défend le droit à l'avortement, 77 pays autorisent l'avortement sur demande, sans restriction autre que la durée de gestation (qui varie entre 5 et 24 semaines d'aménorrhée). Ce qui représente 38% des Etats.

C'est le cas de quasiment tous les pays européens, avec un délai qui va de dix semaines d'aménorrhée au Portugal à 24 semaines aux Pays-Bas. La Russie, la Chine ou encore le Canada font également partie des nations où les femmes sont libres d'avorter. Une vague verte qui a récemment gagné du terrain en Amérique latine. L'Argentine en 2020, puis la Colombie en 2022 ont promulgué à leur tour, des lois qui permettent aux femmes d'avorter sans restriction.

Interdiction totale dans 22 pays

Près de la moitié des pays n'autorisent l'avortement que dans certaines conditions. Certains le conditionnent à une autorisation médicale (en Inde et au Royaume-Uni, notamment). D'autres, principalement en Afrique et en Amérique latine n'autorisent l'IVG que pour sauver la vie de la mère ou de l'enfant ou pour des raisons médicales. Il y a aussi des pays où, comme en Pologne, l'IVG ne peut être légalement pratiquée que lorsque la grossesse est issue d'un viol ou d'un inceste.

Et puis, il y a toujours 22 pays où l'avortement est totalement interdit, parmi lesquels l'Egypte, l'Irak, le Sénégal ou encore les Philippines. Ainsi, selon le CRR, 40% des femmes vivent dans un pays qui restreint ou interdit l'IVG.

Un retour en arrière aux Etats-Unis

Ces trente dernières années, plus de 60 pays ont "libéralisé leur loi sur l'avortement", souligne l'ONG. Mais il y a aussi des régions du monde où s'opère un retour en arrière. C'est le cas de la Pologne, qui a durci sa législation en 2020. L'exemple le plus récent et le plus retentissant ce sont les Etats-Unis. Le 24 juin 2022, la Cour suprême a annulé un arrêt fédéral qui garantissait depuis 1973 le droit d'avorter sur tout le territoire.

Désormais, chaque Etat établit sa législation. Conséquence : une dizaine d'Etats ont décidé d'interdire totalement les IVG et appliquent des sanctions pénales. C'est le cas du Texas. À l'inverse, une dizaine d'Etats, comme la Californie, ont élargi l'accès à l'IVG.

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