L'accès à l'IVG, "un droit qui reste fragile et souvent attaqué", 50 ans après la loi Veil, déplore le Planning familial
Aujourd'hui, "une femme sur trois" rencontre encore des difficultés à avorter entre "regards jugeants" et "délais", explique Sarah Durocher, présidente du Planning familial.
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L'accès à l'interruption volontaire de grossesse "est un droit qui reste fragile et qui est souvent attaqué", alerte vendredi 17 janvier Sarah Durocher, présidente du Planning familial, alors que nous célébrons les 50 ans de la loi Veil. Elle souligne les "réels parcours de la combattante", aujourd'hui en France "pour pouvoir accéder à un avortement".
Selon Sarah Durocher, "le droit n'est pas du tout effectif aujourd'hui en France". Et la résurgence des mouvements "pro-life", la montée de l'extrême droite dans le monde et l'arrivée de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis l'inquiètent particulièrement : "Ça pourrait avoir des conséquences directes. Ce sont des mouvements très financés", explique-t-elle.
franceinfo : Aujourd'hui en France, une femme qui souhaite interrompre sa grossesse peut rencontrer des difficultés ?
Sarah Durocher : On alerte depuis quelques années maintenant sur de réels parcours de la combattante pour pouvoir accéder à un avortement. La question des délais, du regard encore sur les femmes qui avortent, ça concerne une femme sur trois. Les femmes parlent peu, témoignent peu. Ça montre encore le poids sociétal et la culpabilité que la société fait payer aux femmes sur le fait de pouvoir choisir ou non de garder une grossesse.
Partir à l'étranger parce qu'on a dépassé le délai légal reste une réalité ?
Les deux dernières années, on a augmenté [le délai] de deux semaines. Au Planning, on accueille encore des femmes qui sont obligées parfois de partir à l'étranger jusqu’aux États-Unis pour pouvoir avorter ou alors elles doivent garder une grossesse qu'elles ne souhaitent pas. Vous imaginez bien, puisqu'on parle de l'anniversaire de la loi Veil, que pour partir à l'étranger, il faut avoir des moyens. En termes de justice sociale, ça reste les femmes les plus éloignées du droit, les plus pauvres qui ne peuvent pas accéder à cette possibilité de stopper une grossesse hors délai français.
Les femmes sont-elles vraiment libres de choisir ?
Les féministes ont fait un travail extraordinaire puisqu'elles ont fait évoluer la loi. J'aime bien dire que l'avortement, c'est un peu comme un vélo, il faut toujours pédaler. Si on arrête de pédaler, on tombe.
"Bien sûr que la loi a évolué, mais ce que l'on observe, c'est qu'en termes d'accès, en fait, le droit n'est pas du tout effectif aujourd'hui en France."
Sarah Durocher, présidente du Planning familialà franceinfo
C'est important de se dire que c'est une loi de compromis. En 50 ans, on a amélioré les choses, bien évidemment, mais à chaque fois, ça a été des luttes. C'est un droit qui reste fragile et qui est souvent attaqué. Il est important de se rappeler ce qui se passait avant la loi Veil.
Est-ce qu'aujourd'hui encore des femmes qui vont à l'hôpital vont subir des pressions, des remarques pour ne pas avorter ?
On a des témoignages de femmes qui viennent nous voir et qui nous parlent en effet de regards jugeants, de propos jugeants de la part de certains professionnels de santé. On a sorti un baromètre sur l'accès à l'avortement en septembre dernier avec l'Ifop, qui démontrait que plus de 80% des femmes qui avaient fait un avortement, avaient vécu des pressions de la part de professionnels de santé, mais également de l'entourage familial ou d'amis. Ce qui veut dire en fait que les femmes se taisent autour de leur avortement, autour du vécu et que, bien évidemment, que le tabou persiste.
Où en est la lutte contre les sites internet qui, sous couvert d'informations sur l'IVG, sont en fait des sites pro-life ?
Il y a dix ans maintenant, il y a eu la création d'un numéro, le 0800 08 11 11 pour avoir une information. On sait la désinformation que créent ces mouvements. Il y a un site du gouvernement avec une réelle information. Il a fallu attendre 40 ans pour avoir ça. Aujourd'hui, on est vraiment en difficulté, puisque ce sont des mouvements qui ont des moyens très importants. On redoute un petit peu évidemment l'arrivée de Trump par exemple, puisque ça pourrait avoir des conséquences directes. Ce sont des mouvements qui sont très financés. Aujourd'hui, quand vous tapez "Je suis enceinte, j'ai envie d'avorter", vous pouvez tomber sur des sites de désinformation.
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