: Info France 2 Violences au sein du 8e régiment de parachutistes de Castres : de nouveaux témoignages mettent en cause la hiérarchie dans le suicide d'un soldat
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Yohan Valles a mis fin à ses jours avec un fusil d'assaut en octobre 2020. Pour la première fois, sous couvert d'anonymat, une dizaine de soldats ou d'anciens soldats du régiment ont décidé de prendre la parole et de livrer leur version.
De nouveaux témoignages après les révélations. "L'Œil du 20 heures" avait, le jeudi 15 mai, dévoilé que des plaintes avaient été déposées par quatre soldats du 8e régiment des parachutistes d'infanterie de marine de Castres (RPIMA), notamment pour harcèlement ou violence volontaire. Si l'armée a affirmé qu'il s'agissait de cas isolés, d'autres personnes ont décidé de prendre la parole, comme l'explique "L'Œil du 20 heures", lundi 9 juin, sur France 2. Certains soldats du même régiment souhaitent également saisir la justice, évoquant d'autres faits de violences. D'autres reviennent plus particulièrement sur les circonstances du suicide de Yohan Valles, qui faisait partie de ce régiment.
Le jeune homme s'est suicidé avec un fusil d'assaut le 10 octobre 2020, alors qu'il avait 20 ans. Sa famille, qui a déposé plainte pour homicide involontaire, ne sait toujours pas exactement ce qui s'est passé, alors que Yohan avait révélé avoir des problèmes avec des supérieurs. "Il devait partir en mission quelque part et il m'a dit : 'Je n'y vais pas parce qu'il n'y a que des gens avec qui c'est très compliqué. Je sais que ça va mal se passer', relate Clara Bancarel, la sœur de Yohan Valles. Je leur en veux, ils m'ont enlevé mon frère."
"Il s'est fait défoncer devant moi"
Sous couvert d'anonymat, une dizaine de soldats ou d'anciens soldats du 8e RPIMA livrent leur version. "Il a subi des choses qu'il n'aurait jamais dû subir. Je m'en veux aujourd'hui, parce que j'aurais dû essayer de faire quelque chose, parce que ce n'était pas normal de l'avoir poussé comme ça, raconte l'un d'eux. Avec le temps, il commençait à boire de plus en plus, parce qu'il se sentait de plus en plus mal en fait, il ne voyait aucune échappatoire."
"Il s'est fait défoncer devant moi, il s'est fait frapper par des gens au 8e RPIMA, il avait la gueule ouverte, relate un autre. Bien sûr qu'il souffrait à cause de l'armée, sans aucun doute. Il y avait des violences, des coups, il y avait de la pression morale."
Une affaire classée sans suite
Le jour du drame, Yohan revient d'une soirée très arrosée. Au petit matin, tenant à peine debout, il est envoyé en cellule de dégrisement. "Il était complètement alcoolisé, pas capable de s'habiller, se souvient un camarade. "Il n'était pas en état de prendre sa garde, ça, c'est un fait", abonde un autre. Malgré les alertes, Yohan Valles prend tout de même sa garde, c'est-à-dire tenir 24 heures avec une arme et peu de sommeil. "Les supérieurs étaient au courant (...) Il y en a un qui a dit : 'Non, il restera là, ça lui apprendra à faire le con, c'est sa punition, il se démerde'", se remémore un témoin. D'après certains camarades, Yohan Valles panique : il est persuadé d'avoir eu une altercation avec des supérieurs. Peu après 17 heures, il met fin à ses jours.
L'affaire a été classée sans suite en 2023 pour "infraction insuffisamment caractérisée", mais l'avocat de la famille entend saisir de nouveau la justice. Selon le dossier qui lui a été communiqué il y a seulement quelques jours, Yohan Valles avait 1,37 g d'alcool dans le sang au moment de sa mort, selon Luc Abratkiewicz, avocat de la famille. D'après l'enquête interne de l'armée, le geste de Yohan Valles s'expliquerait par une accumulation de comptes à rendre : des problèmes personnels après un accident de voiture ou des contraventions impayées, mais aussi la crainte de lourdes sanctions militaires en raison de son état et de son refus de partir en mission. Sollicité par France Télévisions, le parquet de Toulouse n'a pas souhaité faire de commentaire.
Par ailleurs, après les quatre plaintes déposées pour harcèlement et violence, une enquête judiciaire va être ouverte dans les semaines qui viennent, selon les informations de "L'Œil du 20 heures".
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