Reportage "On voulait faire quelque chose de différent" : quand le week-end d'intégration des étudiants passe par la solidarité

Plutôt que des soirées arrosées, des étudiants d'école de commerce commencent par du bénévolat dans un centre social des Yvelines. L'objectif est de créer du lien en se rendant utile.

Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des étudiants d'une école de commerce, l'Essca, font du bénévolat dans un centre social des Yvelines en guise de week-end d'intégration. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)
Des étudiants d'une école de commerce, l'Essca, font du bénévolat dans un centre social des Yvelines en guise de week-end d'intégration. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Bâtir des choses utiles pour des personnes précaires, plutôt que se mettre la tête à l'envers. "Il n’est pas un peu penché le morceau de bois ?" Ce début de potager à étages, un peu bancal pour l'instant, commence à prendre forme dans le jardin de ce centre social, où sont notamment hébergées une quinzaine de familles en difficulté, à Carrières-sous-Poissy, dans les Yvelines. En cette rentrée, ces étudiants de l'Essca, une école de commerce post-bac, ne feront pas de week-end festif d'intégration. Mais ils participent à la place à un chantier solidaire, avant d'intégrer leur école de commerce la semaine prochaine, comme dans plusieurs villes de France. "On a plein de bouts de bois qui volent autour de nous", s'amuse Marie Courtois, qui dirige l'expérience étudiante à l'Essca.

"Donc tout le monde s'active, on a une centaine d'étudiants sur le site", décrit la responsable. La plupart sont occupés à bâtir des bancs ou des jeux pour les enfants, des structures en bois qui valorisent l’espace. Hugo, qui vient de visser deux planches, est conquis par ce chantier d'intégration :
"Ça se passe bien, c'est ludique. On apprend à manager un groupe et à s'entendre en équipe. C'est pour une bonne cause donc on y prend du plaisir. Je trouve ça hyper intelligent d'avoir mis ça comme premier travail de début d'année."

"Profiter à d'autres personnes qu'eux-mêmes"

Le but est aussi de s'intégrer en se rendant utile. Une idée défendue par Marie Courtois : "À l'Essca, on n'a pas de week-end d'intégration classique tel qu'on l'entend. On voulait faire quelque chose de différent, un projet, un pacte qui les dépasse et qui profite à d'autres personnes qu'eux-mêmes." Tout ce qui est construit par ces étudiants d'école de commerce servira aux familles précaires, dont Laurence Le Parc s'occupe tous les jours. Elle gère sur ce site de Carrières-sous-Poissy "l'assistance éducative en milieu ouvert".  

"Il y a une famille qui est sortie et qui m'a demandé ce qui se passait. Après lui avoir expliqué, elle m'a dit : 'Mais c'est génial, ça veut dire qu'on pourra venir cueillir des légumes'. Donc je lui ai dit qu'avant de venir les cueillir, il va falloir les planter." Un mélange des genres et des milieux sociaux. 

"Ça ne peut pas nous faire de mal. Il y a souvent le cliché des personnes qui partent en école de commerce, où on paye une certaine somme. Tous n'ont pas forcément les pieds sur terre et je trouve que ça permet de montrer la vraie vie et de redescendre."

Faustine, une étudiante en école de commerce de 19 ans

à franceinfo

Étudier à l'Essca coûte jusqu'à 14 000 euros l'année, selon les revenus familiaux. L'école de commerce va poursuivre ce "pas de côté" pour la rentrée. Depuis cinq ans, les nouveaux étudiants ont ainsi mis la main à la pâte et bâti des structures en bois dans une trentaine d'institutions accueillant des personnes âgées, précaires, ou en situation de handicap.

Quand le week-end d'intégration des étudiants passe par la solidarité. Reportage d'Agathe Mahuet

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