Reportage "Ils ne s'imaginent pas tout le champ des possibles" : ces associations aident les jeunes bacheliers des zones rurales à accéder à des filières sélectives

Les associations locales "Des territoires aux grandes écoles", réparties dans 60 départements, proposent du mentorat et des bourses à des jeunes qui habitent loin des grandes villes et qui ne connaissent pas toujours les opportunités.

Article rédigé par Anne-Lyvia Tollinchi
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Une lycéenne consulte le site de Parcoursup, le 15 juin 2023. Image d'illustration. (EDOUARD ROUSSEL / MAXPPP)
Une lycéenne consulte le site de Parcoursup, le 15 juin 2023. Image d'illustration. (EDOUARD ROUSSEL / MAXPPP)

Comment attirer davantage de jeunes des zones rurales dans les filières post-bac les plus sélectives ? Les facultés de médecine, les grandes écoles comme Sciences Po ou encore les écoles de commerce... Des voies prestigieuses qui semblent souvent hors de portée pour les élèves de terminale qui n'habitent pas dans les grandes villes. Pour les aider, les associations locales "Des territoires aux grandes écoles" proposent du mentorat et des bourses. Le dispositif permet à des centaines de jeunes chaque année d'être plus ambitieux.

Merlin a fait toute sa scolarité dans la Nièvre, en se sentant loin des grandes écoles comme Sciences Po Paris. "C'est vrai que Sciences Po a toujours été un peu un rêve depuis le collège. Mais je viens ni de Henri IV, ni de Louis Le Grand, ni d'un grand lycée parisien, lyonnais ou je ne sais où... Donc au début on se dit qu'entre la campagne et les vaches, ça va être un peu compliqué."

"On se dit que c'est possible"

Mais en classe de première, l'association "De la Nièvre aux grandes écoles" vient dans son lycée. Il rencontre des étudiants prêts à l'aider. "On a vraiment une personne en face de nous qui est là-dedans et qui vient de la Nièvre comme nous. Donc on se dit que c'est possible."

Il enchaîne les oraux blancs avec eux et l'an dernier, il réussit le concours d'entrée. "Il y avait des membres de l'association qui étaient en deuxième année, ils m'ont montré les locaux, ils m'ont aidé à m'installer, poursuit-il. Il y a une communauté qui se forme aussi sur place et c'est très rassurant." L'association lui octroie alors une bourse : 3 000 euros en 2025, 3 000 euros en 2026. "Sans ce dispositif, à 90%, je suis sûr que ça n'aurait pas marché", estime Merlin.

"L'aide a tellement été importante et conséquente sur la méthode, sur la façon dont ça marche, et le suivi encore aujourd'hui. Sans eux, je n'en serais pas là."

Merlin, étudiant en première année de Sciences Po

à franceinfo

Sa mentore, Flavy Darcy, présidente de l'association locale "De la Nièvre aux grandes écoles", est elle-même étudiante à Paris. Elle répète aux lycéens de ne pas cacher qu'ils viennent d'une zone rurale. "C'est l'erreur que j'ai commise quand j'ai candidaté à Sciences Po Paris. Je voulais trop coller au candidat idéal, un peu le Parisien type qu'on s'imagine. Et en fait, ce n’est absolument pas ce qu'il faut faire. J'ai toujours conseillé à Merlin d'être fier d'où il venait. Être Nivernais n'est pas un frein. Je pense que c'est aussi ce qui a fait la différence à son oral Sciences Po."

Pallier le manque d'informations

Mais pour passer ces oraux, encore faut-il savoir qu'ils existent. C'est le dernier problème, auquel s'attaque la fédération nationale "Des territoires aux grandes écoles", qui rassemble les associations locales. Au-delà de la Nièvre, elle est présente dans 59 autres départements et le constat est le même partout, regrette la présidente Margot Lecoeur.

"Un lycéen rural a six fois moins de chances d'accéder aux grandes écoles qu'un lycéen francilien."

Margot Lecoeur, présidente de l'association "Des territoires aux grandes écoles"

à franceinfo

Principalement, selon elle, à cause du manque d'information. "Les jeunes ne savent pas ce qui existe après le bac, déplore Margot Lecoeur. Il y a encore des jeunes qui ne savent pas ce qu'est une classe préparatoire aux grandes écoles. Ils ne s'imaginent pas tout le champ des possibles. Notre rôle, c'est d'aller dans ces campagnes qui sont parfois très oubliées et de pousser le jeune à aller vers des formations auxquelles il n'aurait pas pensé sans nous."

Une centaine d'étudiants reçoivent la bourse "Des territoires aux grandes écoles" chaque année, des bourses financées en très grande partie par des entreprises locales. Plusieurs centaines d'étudiants bénéficient par ailleurs d'un mentorat tous les ans. La fédération, dont tous les membres sont bénévoles, vient d'ouvrir deux antennes locales dans le Maine-et-Loire et la Saône-et-Loire. Elle pourrait aussi s'étendre en 2026 dans le Gers et dans les Côtes-d'Armor.

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