Reportage "C'est représenter la mémoire de ceux qui ont combattu pour notre liberté" : des jeunes endossent le rôle de porte-drapeaux pour les commémorations du 8-Mai

Les anciens combattants, moins nombreux ou désormais trop âgés, ne peuvent plus toujours assurer le rôle de porte-drapeaux lors des cérémonies de commémoration. Des jeunes prennent la relève.

Article rédigé par Marion Ferrère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Trois porte-drapeaux lors d'une cérémonie à Bry-sur-Marne le 27 avril 2025, pour la journée nationale du souvenir de la déportation. (GEORGES MONTCHARMONT)
Trois porte-drapeaux lors d'une cérémonie à Bry-sur-Marne le 27 avril 2025, pour la journée nationale du souvenir de la déportation. (GEORGES MONTCHARMONT)

Ce 8 mai marque les 80 ans de la Victoire de 1945 et de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un peu partout en France, des commémorations sont prévues en présence d'anciens combattants, de résistants. Au fil des années, ces vétérans sont de moins en moins nombreux, et moins vaillants pour la poignée de survivants, tous âgés de plus de 90 ans. Il devient difficile pour eux de remplir une tâche à laquelle ils sont pourtant attachés, celle de porte-drapeau. Désormais, ils délèguent souvent ce rôle aux plus jeunes.  

Dans le Val-de-Marne, à Bry-sur-Marne, Noah, 15 ans fait partie de ces jeunes volontaires et motivés. "Je règle bien la taille du baudrier pour pouvoir le mettre. Il faut un peu de force", explique-t-il alors qu'il porte le drapeau tricolore, un manche en bois de deux mètres de long, à bout de bras. L'adolescent connaît parfaitement les trois positions à adopter au cours d'une commémoration : "au repos, garde à vous et aux morts". Et il sait que lors d'une cérémonie, il doit porter une tenue sobre et des gants blancs. 

"J'ai voulu respecter sa mémoire"

Membre du Conseil municipal des jeunes qui compte 70 membres, il participe aux cérémonies depuis l'année dernière. "Un de mes arrières grands-parents a combattu pendant la Première et la Seconde Guerres mondiales, précise-t-il. Ça m'a beaucoup ému, donc j'ai voulu respecter sa mémoire en devenant porte-drapeau lors des cérémonies". 

À Bry-sur-Marne, le 27 avril 2025, anciens et jeunes porte-drapeaux ont participé à une cérémonie pour la journée nationale du souvenir de la déportation. (GEORGES MONTCHARMONT)
À Bry-sur-Marne, le 27 avril 2025, anciens et jeunes porte-drapeaux ont participé à une cérémonie pour la journée nationale du souvenir de la déportation. (GEORGES MONTCHARMONT)

Comme lui, Pierre et Marion ont décidé de s'investir. "En histoire-géo, quand on apprend l'histoire de la France, les guerres, c'est quelque chose qui peut résonner et qui peut paraître très important pour chacun. Et moi, c'est ce que j'ai ressenti", souligne le jeune homme. 

"Je trouve ça super beau de voir plein de gens réunis autour du souvenir et je me suis donc dit : 'pourquoi pas moi ?'"

Marion, un jeune porte-drapeau

à franceinfo

La jeune fille n'est pas du tout issue d'une famille de militaires mais le devoir de mémoire lui semble important : "Être porte-drapeau, je pense que c'est surtout un état d'esprit parce que c'est représenter la mémoire de ceux qui ont combattu pour notre liberté". 

Au cours de ces cérémonies, les jeunes côtoient aussi d'anciens combattants. Louis est encore marqué par son échange avec un vétéran de la guerre d'Algérie, en mars dernier. "Il parlait avec beaucoup d'émotion, admet-il. On sentait que c'était du vécu et que c'était dur. C'est quelque chose de spécial, c'est comme un partage".

Chaque jeune participe à quatre cérémonies par an

Pour en arriver là, ces jeunes ont suivi une demi-journée de formation, organisée par l'Office national des combattants et victimes de guerre. "Il n'y a pas que savoir porter le drapeau ou savoir ce qu'est une cérémonie, on a fait toute une visite, on a appris comment on devient soldat, etc", indique Tom, 14 ans. 

Eric Denesle est l'un des formateurs, membre du Souvenir français et président du comité des Bords de Marne du Souvenir français : "Le drapeau est de plus en plus lourd pour nos anciens et il est intéressant que les jeunes puissent prendre la relève. C'est une grande satisfaction, c'est un grand plaisir. Si au début, on avait plus de drapeaux que de jeunes porte-drapeaux, aujourd'hui nous avons plus de jeunes porte-drapeaux que de drapeaux disponibles". Chacun de ces jeunes participe en moyenne à quatre cérémonies par an.

Ces jeunes endossent le rôle de porte-drapeaux pour les commémorations du 8-Mai : le reportage de Marion Ferrere

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