Quatre questions sur "le cluster" de cas de botulisme à l'origine de huit hospitalisations après des injections de botox illégales
Les autorités de santé alertent sur ces injections pratiquées hors cadre médical, qui peuvent avoir de graves conséquences sur la santé.
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Des piqûres en apparence inoffensives, mais dont les effets peuvent s'avérer désastreux. Les injections de botox réalisées hors du cadre médical et par des personnels non certifiés sont illégales. Surtout, elles peuvent avoir de graves effets sur la santé, a alerté, jeudi 27 février, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) dans un communiqué. Cette alerte fait suite à l'hospitalisation, en région parisienne à la fin de l'été 2024, de huit femmes, qui ont présenté des symptômes sévères de botulisme, une maladie rare qui peut s'avérer mortelle. Franceinfo fait le point en quatre questions sur cette affaire.
1 Que s'est-il passé ?
Entre août et septembre 2024, huit patientes ont été hospitalisées en Ile-de-France après avoir ressenti des symptômes de botulisme, apparus 24 à 48 heures après des injections de botox effectuées par "des personnes non qualifiées", rapporte l'ANSM dans son communiqué. Ces femmes ont ressenti des difficultés à parler ou à avaler, à marcher, une vision floue ou double, ou encore des difficultés respiratoires "pouvant nécessiter une trachéotomie", a détaillé cette même source, ajoutant que "plusieurs patientes ont dû être hospitalisées en réanimation", sans toutefois donner plus de précisions.
"Pour certaines de ces femmes, on était dans des situations de mise en jeu du pronostic vital", explique auprès de l'AFP Mehdi Benkebil, directeur de la surveillance à l'ANSM. Des cas sporadiques avaient été relevés ces dernières années, "mais là, on peut parler d'un cluster, une situation exceptionnelle", tempête-t-il. En effet, toutes les femmes hospitalisées ont été injectées "au niveau du visage et du contour des yeux" dans le même centre localisé en région parisienne, relève-t-il, expliquant qu'elles ont été victimes d'effets indésirables principalement liés à un "surdosage".
2 Pourquoi l'ANSM a-t-elle porté plainte ?
En France, les injections de botox, comme tout acte médical, sont strictement encadrées par la loi. Tout "prestataire d'esthétique" qui en administre à ses clients "se met dans l'illégalité et met en danger la santé de ses clients", rappelle l'agence, qui affirme avoir saisi le procureur de la République en septembre dernier. Le centre incriminé "a fait l'objet d'une fermeture", a précisé Mehdi Benkebil.
Le botox, ou toxine botulique, est un médicament que "seuls des médecins spécialistes en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique, en dermatologie, en chirurgie de la face et du cou, en chirurgie maxillo-faciale et en ophtalmologie peuvent acheter et administrer", avertit l'ANSM. Réservée à un usage professionnel, la toxine botulique à visée esthétique est disponible en pharmacie ou livrée directement par le fabricant ou son fournisseur officiel à un médecin spécialisé, rappelle le site de l'agence. Elle doit faire l'objet d'une prescription médicale et sa vente sur internet ou en direct au grand public est interdite.
L'ANSM appelle ainsi "à la plus grande vigilance" face à des pratiques qui "constituent un exercice illégal de la médecine", un délit passible de deux ans de prison et 30 000 euros d'amende, rappelle l'Ordre des médecins. Tout événement indésirable en lien avec une injection de botox peut lui être signalé, que ce soit par un particulier ou un professionnel de santé.
3 Quels sont les dangers des injections réalisées par des non-professionnels ?
Réalisées dans de mauvaises conditions d'hygiène, ces injections peuvent provoquer des infections très graves. Elles peuvent aussi déclencher le botulisme, une maladie neurologique grave qui peut s'avérer mortelle quand elle n'est pas prise en charge à temps. D'ordinaire, cette pathologie se déclare après l'ingestion de produits mal conservés.
Quel rapport avec les injections de botox, principalement utilisé en médecine esthétique pour améliorer l'apparence des rides et traiter certains troubles musculaires ou neurologiques ? "Une personne incompétente qui voudrait gommer les rides du cou risque d'injecter le produit trop profondément jusque dans les muscles. Résultat, le patient ne pourra plus parler, articuler, déglutir", explique au Parisien Laurent Castillo, chef de service à l'Institut universitaire de la face et du cou à Nice (IUFC). Le médecin pointe également un "autre risque encore plus grave, si l'on pique un vaisseau". Dans ce cas, "le produit sera envoyé dans la circulation sanguine et provoquera de graves complications jusqu'à l'impossibilité de respirer."
Ces injections coûtent plusieurs centaines d'euros, selon les prix affichés par l'Association française de médecine esthétique (Afme) en 2022, quand elles sont pratiquées par un médecin. C'est pourquoi, sur les réseaux sociaux, de nombreuses influenceuses proposent des injections à prix cassé.
4 Ces cas sont-ils isolés ?
"C'est un phénomène qui est en explosion en France", alertait déjà en 2023 Adel Louafi, président du Syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et réparatrice (SNCPRE), sur franceinfo. D'après l'Ordre des médecins, les actes médicaux et chirurgicaux illégaux à visée esthétique connaissent une croissance inquiétante dans le pays. En 2024, le nombre de signalements a atteint un record de 128, contre 123 en 2023 et 62 en 2022. En janvier, l'Ordre des médecins avait annoncé à l'AFP préparer sur ce seul mois huit saisines du procureur pour exercice illégal de la médecine.
En septembre 2023, à Valenciennes (Nord), deux sœurs très actives sur les réseaux sociaux avaient été condamnées à un an de prison ferme et deux avec sursis pour des centaines d'injections illégales de botox et d'acide hyaluronique. A Lyon, trois gérantes d'un institut esthétique très populaire sur les réseaux sociaux sont dans le viseur de la justice pour avoir pratiqué des actes médicaux illégalement, après des plaintes de patientes et du SNCPRE. "C'est un vrai problème de santé publique qu'il faut absolument éradiquer", tançait Laetitia Fayon, l'avocate du syndicat, fin novembre, au moment de leur procès qui a finalement été reporté. Alors qu'elles étaient sous contrôle judiciaire et interdites d'exercer depuis six mois, les trois gérantes sont finalement reparties libres, en attendant la date d'une nouvelle audience.
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