Coronavirus : où en est la recherche sur les traitements pour lutter contre le Covid-19 ?
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Alors que le monde fait face à une pandémie, des études sont lancées tous azimuts pour tenter de trouver rapidement une parade thérapeutique. Voici les principales pistes à l'étude.
Omniprésent dans les médias, le chercheur Didier Raoult bat campagne pour promouvoir l'hydroxychloroquine. Cette molécule est utilisée depuis de nombreuses années contre le paludisme et le lupus, une maladie qui dérègle le système immunitaire. L'infectiologue de l'IHU de Marseille souhaite l'associer à un antibiotique, l'azithromycine, pour lutter contre l'épidémie de Covid-19. Il pense en effet que l'hydroxychloroquine pourrait se fixer sur certains récepteurs ciblés par le coronavirus nommé Sars-Cov-2 et entraver sa propagation dans l'organisme.
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Pour autant, difficile d'émettre un avis en l'état, car l'étude affiche encore trop de limites : faible cohorte, patients en réanimation écartés des résultats, pas de groupe placebo… Aussi prometteurs soient-ils, les résultats sont donc inexploitables pour l'instant. Cette piste est intéressante, mais elle nécessite des travaux complémentaires, d'autant que cette molécule peut entraîner de graves complications cardiaques, en cas de surdosage notamment.
La piste des antiviraux
Dans le même temps, les chercheurs explorent bien d'autres pistes. Face à l'urgence, plusieurs équipes souhaitent "repositionner" des médicaments déjà présents sur le marché, c'est-à-dire les pour traiter une autre maladie que celle initialement prévue. Parmi la centaine d'études cliniques en cours, la majorité repose sur des antiviraux, seuls ou combinés : lopinavir, ritonavir, darunavir (utilisés pour traiter les infections au VIH, un virus à ARN comme le Sars-CoV-2), remdesivir (testé contre Ebola) ou encore favipiravir ou umifénovir (grippe et autres virus).
Les résultats sont encore mitigés. Une étude menée en Chine n'a pas permis d'observer d'effet bénéfique du Kaletra (association de lopinavir et ritonavir) chez 199 patients sévèrement malades. Quant au remdesivir, il a donné des résultats encourageants in vitro, mais les premières données cliniques n'arriveront que début avril.
Les chercheurs du laboratoire VirPath de Lyon, de leur côté, ont évalué différentes molécules disponibles dans leur catalogue, afin d'identifier des candidates possibles contre le nouveau virus. Manuel Rosa-Calatrava, codirecteur du laboratoire, pense avoir identifié une molécule qui pourrait permettre de "potentialiser les antiviraux classiques", comme le remdesivir. Le chercheur préfère ne pas citer le nom de cette molécule "pour ne pas donner de faux espoirs", mais des résultats précliniques sont en cours de relecture, avant publication dans une revue scientifique.
Synthétiser des anticorps de façon artificielle
La piste des anticorps est également à l'étude. Ces protéines viennent s'accrocher au virus pour le désactiver. L'idée est donc d'en prélever dans le plasma de patients guéris pour les injecter chez les malades et freiner la multiplication virale. Une équipe de Gand (Belgique) affirme avoir découvert un anticorps qui a permis in vitro d'empêcher le virus d'infecter les cellules. Il est également possible de synthétiser "des anticorps de manière artificielle", explique Olivier Bouchaud, chef du service infectiologie de l'hôpital Avicenne. Ce sont les anticorps monoclonaux, qui deviennent alors des médicaments à part entière".
D'autres travaux se penchent sur les immunomodulateurs, qui pourraient épauler l'organisme en stimulant les défenses immunitaires, ou un repositionnement du Losartan (contre l'hypertension artérielle) ou de la pirfénidone (anti-inflammatoire). Des chercheurs chinois étudient même un alcaloïde (la tétrandrine) tiré d'une vigne asiatique, quand d'autres vérifient l'effet de l'aviptadil sur l'oxygénation du sang, alors que ce médicament traite normalement les fibroses pulmonaires et les troubles de l'érection.
Deux vastes études cliniques aux résultats très attendus
A l'heure actuelle, personne n'a trouvé la panacée. "Avec tous les médicaments testés, parfois lors de tests sauvages, nous saurions déjà si l'un d'entre eux était vraiment efficace", résume d'ailleurs Olivier Bouchaud.
En situation de crise, il existe des procédures accélérées et on peut concevoir rapidement des protocoles.
Olivier Bouchaudà franceinfo
Deux vastes études cliniques ont notamment été lancées par l'OMS (Solidarity) et par le consortium européen Reacting (Discovery). Dans les deux cas, cinq groupes seront testés (avec notamment du remdesivir, du lopinavir/ritonavir et de l'hydroxychloroquine). Quelque 800 patients français sont impliqués dans l'étude Discovery.
La méthodologie de l'essai clinique permettra probablement "de dire en deux ou trois semaines si un des traitements testés est bénéfique ou non", explique Manuel Rosa-Calatrava, tout en invitant à distinguer "urgence" et "précipitation". Le chercheur rappelle que les essais cliniques doivent être bien cadrés "d'un point de vue méthodologique et réglementaire", afin d'être en capacité "de conclure sur les résultats d'efficacité ou d'inefficacité qui seront obtenus". L'essai Discovery est souple et évolutif, ce qui permet de fermer ou d'ajouter de nouvelles pistes (des "bras" de traitements) au cours de l'essai, selon les résultats obtenus.
Aura-t-on la chance d'obtenir un traitement avant la fin de l'épidémie ? "Je l'espère et nous travaillons dur pour réussir", répond Manuel Rosa-Calatrava. "Il faut se rendre compte de l'incroyable mobilisation, des soignants, des chercheurs, des pouvoirs publics, avec beaucoup de gens de très bonne volonté", insiste-t-il.
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