"Quand on a des symptômes, c'est important de consulter" : trois questions à un médecin sur les cas autochtones de chikungunya en France

Mercredi, Santé Publique France a recensé huit cas autochtones de chikungunya en France, et 645 "cas importés" depuis le 1er mai. Le médecin épidémiologiste, Éric d’Ortenzio, répond aux questions de franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
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15 cas autochtones de chikungunya ont été confirmés en Dordogne, le 25 août. (SOUMYABRATA ROY / NURPHOTO / AFP)
15 cas autochtones de chikungunya ont été confirmés en Dordogne, le 25 août. (SOUMYABRATA ROY / NURPHOTO / AFP)

Le chikungunya circule à un niveau sans précédent aussi tôt dans l'année en métropole, avec huit cas autochtones détectés pour le moment, a signalé l'Agence de santé publique, mercredi 25 juin, établissant un lien clair avec l'épidémie en cours depuis plusieurs mois à La Réunion. 

Alors que la Réunion et Mayotte connaissent une grosse épidémie de chikungunya depuis le début de l'année, le premier cas autochtone en métropole, c'est-à-dire contracté in situ et non après un voyage, a été détecté le 27 mai dans l'Hérault. Depuis, sept autres cas ont été recensés par Santé Publique France, dont deux dans les Bouches-du-Rhône, à Salon-de-Provence et en Corse, à Grosseto-Prugna.

Interrogé par franceinfo, le médecin et épidémiologiste Eric d’Ortenzio confie qu'à cette période de l'année, il "s'attendait à ce qu'il y ait des cas qui reviennent de la Réunion", et se retransmettent de façon secondaire et autochtone. Il souligne toutefois des chiffres déjà supérieurs à ceux de 2024 et exprime son inquiétude quant à des foyers de contaminations qui pourraient émerger dans le sud de la France.

franceinfo : Doit-on craindre, à une dizaine de jours des vacances estivales, de voir de plus en plus de cas autochtones de chikungunya ?

Éric d'Ortenzio : C'est difficile à dire. Ce qui est un peu rassurant, c'est que les foyers sont, pour l'heure, exclusivement dans le Sud de la France et en Corse. Toutefois, les moustiques vecteurs de la maladie sont présents dans plus de 80 départements français désormais. Donc, s'il y a aussi des cas qui reviennent de la Réunion ou de Mayotte dans ces départements avec une activité moustique importante, nous ne sommes pas à l'abri d'autres cas dans la France. Et je rappelle que l'année dernière, si mes souvenirs sont bons, il y avait eu un cas en Ile-de-France.

On s'est malheureusement habitué à la présence des moustiques tigres depuis quelques années en métropole. Comment savoir si on a été piqué par un moustique qui, potentiellement, peut véhiculer le virus ?

On ne peut pas identifier un moustique infecté ou pas infecté par le chikungunya. En revanche, ce qui est important, c'est de sensibiliser autant les personnes que les soignants. Quand on a des symptômes de type fièvre, maux de tête, douleurs articulaires, courbatures, voire éruptions cutanées, c'est important de consulter un médecin qui doit faire une analyse de sang pour confirmer ou infirmer le diagnostic. C'est important à ce stade, pour qu'il y ait des mesures qui puissent être mis en place, notamment des mesures de lutte anti-vectorielles.

Quelles sont les personnes les plus fragile face à ce virus ?  

Les personnes qui ont des comorbidités et les plus de 65 ans vont être les personnes chez qui on peut retrouver des formes un peu plus sévères. A la Réunion, il a été décrit des cas sévères chez des nouveaux-nés qui sont nés d'une mère infectée au moment ou autour de l'accouchement. Donc pour les femmes enceintes très proches du terme, c'est également très important de se protéger et de consulter s'il y a des symptômes.

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