"Les dégustations d'alcool, c'est fini" : alcool et influenceurs, un cocktail dont les députés ne veulent plus

Article rédigé par franceinfo
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Beaucoup de publications échappent aux règles sur les réseaux et les plateformes, notamment les contenus éphémères sur Instagram ou TikTok, souvent non signalés comme publicitaires. Selon l’Académie de médecine, 50% des élèves de 6e ont déjà bu de l’alcool, et 20% des élèves de terminale en consomment régulièrement. (OSCAR WONG / MOMENT RF / GETTY IMAGES)
Beaucoup de publications échappent aux règles sur les réseaux et les plateformes, notamment les contenus éphémères sur Instagram ou TikTok, souvent non signalés comme publicitaires. Selon l’Académie de médecine, 50% des élèves de 6e ont déjà bu de l’alcool, et 20% des élèves de terminale en consomment régulièrement. (OSCAR WONG / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

La proposition de loi vise à interdire aux influenceurs de faire la promotion de l'alcool, même indirectement, car les jeunes sont leur principal public.

La goutte d'alcool qui a fait déborder le vase. Une proposition de loi est présentée mercredi 5 février à l'Assemblée nationale. Elle est portée par l'insoumis Loïc Prud'homme et la communiste Karine Le Bon et est signée par des députés de tout bord, sauf le RN. L'objectif du texte est de préciser la loi Evin, qui édicte les règles de la publicité pour l'alcool en France. Or, ce texte loi, qui date des années 1990, ne prend pas en compte les influenceurs. Les députés veulent donc la mettre au goût du jour.

Lorsqu'on évoque publicité et alcool auprès d'Aron, lycéen parisien, il pense avant tout aux bandeaux de préventions : "On sait qu'il y a écrit que c'est déconseillé aux moins de 18 ans sur les publicités et qu'il y a la phrase 'L'abus d'alcool est dangereux [pour la santé], à consommer avec modération'."

Alors qu'Aron voit surtout ces publicités sur les affiches dans le métro, à Montbéliard, à plusieurs centaines de kilomètres de la capitale, dans le Doubs, Lia, une autre lycéenne, est plutôt confrontée à des promotions pour de l'alcool sur les réseaux sociaux ou les plateformes comme YouTube. Selon elle, "certains influenceurs connus qui font des vidéos ne mettent pas en avant l'alcool. Enfin, ils en consomment dans leurs vidéos, mais ce n'est pas pour faire de la promotion...", estime-t-elle.

Des influenceurs retoqués par l'association Addictions France

Parmi ces influenceurs, McFly et Carlito, 7,5 millions d'abonnés et qui cartonnent auprès de la jeune génération, ont tourné plusieurs vidéos de dégustation d'alcool. Ils ont depuis été sensibilisés par l'association Addictions France et ont arrêté d'en produire. Le duo avait expliqué dans une vidéo pourquoi "Les dégustations d'alcool, c'est fini", expliquant avoir reçu notamment un rappel à la loi.

Sur les réseaux sociaux, il y a toujours un petit peu de tout, comme une "recette d'entrecôte à la 8.6". C'est pourquoi Addictions France a signé une tribune, qui soutient le texte présenté mercredi par les députés.

"Un peu le Far West"

La loi actuelle, qui régule la publicité pour l'alcool, ne parle pas explicitement des influenceurs. Pour Bernard Basset, président de l'association, ce serait donc l'occasion de clarifier la situation : "Les influenceurs c'est un peu le Far West, parce que c'est un développement exponentiel, parce que certains ne connaissent pas la loi, quand d'autres se disent juste 'on ne va pas s'embarrasser avec ça'."

"On a intérêt à restreindre la promotion d'alcool par les influenceurs parce que c'est quand même des jeunes qui les regardent."

Bernard Basset, président de l'association Addictions France

à franceinfo

D'autant plus que c'est sur les jeunes que les conséquences de l'abus d'alcool peuvent être les plus graves, rappelle Bernard Besset. "Le cerveau arrive à maturation à 24 ou 25 ans, donc boire tant que son développement n'est pas finalisé totalement est plus dangereux que pour les gens plus âgés." La loi prévoit d'autres mesures, comme celle d'interdire l'affichage de publicités pour de l'alcool à moins de 250 mètres des établissements scolaires ou recevant des mineurs.

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