"Solidarité obligatoire", accès aux études de médecine, assistants médicaux... Ce que prévoit le "pacte de lutte" contre les déserts médicaux

En visite dans le Cantal, François Bayrou dévoile vendredi un plan qui prévoit d'imposer aux médecins jusqu'à deux jours par mois de temps de consultations dans un désert médical, contre une compensation financière.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Un cabinet médical accueille des patients à Charenton-du-Cher (Cher), le 6 février 2024. (PIERRICK DELOBELLE / MAXPPP)
Un cabinet médical accueille des patients à Charenton-du-Cher (Cher), le 6 février 2024. (PIERRICK DELOBELLE / MAXPPP)

Comment lutter contre les déserts médicaux ? Le gouvernement a dévoilé son plan, vendredi 25 avril, à l'occasion d'un déplacement de François Bayrou dans le Cantal, territoire particulièrement concerné, qui est passé de 160,6 médecins généralistes pour 100 000 habitants en 2010 à 139,4 en 2025. "Les déserts médicaux sont à notre avis, le symptôme le plus grave de la fracture que nous avons laissée se créer au travers du temps sur notre territoire", a constaté François Bayrou lors d'une conférence de presse.

"Ce pacte contre les déserts médicaux repose sur trois convictions fortes : former davantage, mieux répartir, mieux accompagner", fait valoir Catherine Vautrin, ministre de la Santé. Cette dernière accompagne le Premier ministre pour cette visite, ainsi que les ministres Yannick Neuder (Santé et Accès aux soins), Philippe Baptiste (Enseignement supérieur et Recherche) et Françoise Gatel (Ruralité). Après une visite dans la maison de santé de Calvinet, sur la commune de Puycapel, pour échanger avec les professionnels de santé, François Bayrou a donné une conférence de presse à la mi-journée, puis doit rencontrer les maires du département. Voici les principales mesures annoncées, une "grande partie" devant "faire l'objet de textes législatifs à soumettre au Parlement au cours de l'année 2025"

Instaurer davantage de "solidarité territoriale"

Le gouvernement fait finalement le choix d'inciter fortement les médecins à s'installer dans les zones les moins pourvues, plutôt que de les y obliger. "Plutôt que de retenir des solutions reposant sur la contrainte à l'installation des médecins", brûlante question qui a déclenché des appels à la grève du côté des syndicats, "ce plan introduit notamment, pour la première fois dans notre système de santé, le principe d'une solidarité territoriale", fait valoir François Bayrou. Le gouvernement entend ainsi "développer l'offre de soins dans les territoires les plus critiques". Mais "si ce plan d'urgence immédiat ne réussit pas, nous savons bien qu'au bout du compte, le jour viendra où les principes de ce système, fondé sur le choix libre des médecins, devront changer", a toutefois averti François Bayrou.

Cela se traduit, concrètement, par l'instauration d'"une mission de solidarité obligatoire pour les médecins". Les médecins des territoires voisins des zones en tension devront ainsi effectuer "un ou deux jours par mois" de consultations dans un désert médical. Ils recevront une compensation financière et pourront "se faire remplacer dans leur cabinet principal". "Grâce au mécanisme de solidarité territoriale, jusqu'à 30 millions de consultations par an pourront être assurées au sein des zones sous-dotées", prévoit le gouvernement.

Le plan prévoit aussi la création d'un nouveau statut de "praticien territorial de médecine ambulatoire" pour les jeunes en début de carrière. Il veut aussi "endiguer la baisse du nombre de pharmacies d'officine en révisant le maillage territorial et rendre plus lisibles les pharmacies de garde les soirs et week-ends"

Développer l'accès aux études de santé sur tout le territoire

Autre levier utilisé par le gouvernement : l'accès aux études de médecine dans les territoires ruraux. "Vingt-quatre départements n'ont aujourd'hui pas d'accès aux études de santé", signale la feuille de route du gouvernement. Pour y faire face, il veut "ouvrir une première année d'accès aux études de santé dans chaque département" et déployer "les options santé dans les lycées" des territoires concernés. Le Premier ministre souhaite aussi "rendre obligatoires des stages en dehors des grandes villes et des CHU, dès la rentrée 2026", puisque les médecins qui ont grandi, étudié ou travaillé dans un département sont plus enclins à y ouvrir leur cabinet.

Réduire les tâches administratives et laisser plus de temps pour les consultations

Le gouvernement veut également réduire les tâches administratives et laisser davantage de temps pour les consultations. Ainsi, 15 000 assistants médicaux seront recrutés d'ici 2028. "Ce sont deux consultations par jour gagnées avec l'aide d'un assistant médical, soit plus de 3,5 millions de consultations supplémentaires par an à horizon 2028", estime le plan du gouvernement. 

François Bayrou veut aussi "diminuer rapidement, concrètement et significativement la demande de certificats médicaux inutiles". Les pharmaciens et infirmiers pourront enfin prendre en charge des soins du quotidien. "Un patient souffrant de rhinite allergique saisonnière pourra se rendre en pharmacie pour recevoir son traitement avec une ordonnance échue. De même, une personne ayant une infection à la suite d'une piqûre d'insectes pourra recevoir un traitement", illustre le plan. 

Mieux accueillir les étudiants et professionnels partout

Le gouvernement veut aussi "donner envie de s'installer, sécuriser les cadres d'exercice et simplifier les démarches au quotidien pour le professionnel et ses proches". Ainsi, un guichet numérique d'aide à l'installation sera mis en place au niveau régional. Le gouvernement parle également de "logements clés en main pour les étudiants qui vont en stage dans les zones sous-denses" et de "formalités d'installation simplifiées pour les professionnels de santé qui démarrent leur activité".

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.