Roland-Garros 2025 : "Les invitations doivent servir de tremplin", affirme Ivan Ljubicic, le responsable haut niveau de la Fédération française

Quel meilleur exemple que le parcours de Loïs Boisson pour illustrer les bénéfices possibles d'une invitation à un Grand Chelem ? Avec un classement au-delà de la 300e place mondiale, la Française n'aurait jamais pu accéder au tableau principal, ni aux qualifications, sans un coup de pouce des organisateurs. Grâce à cette invitation, la Dijonnaise a atteint les demi-finales de Roland-Garros, ce que jamais une invitée n'avait réalisé auparavant porte d'Auteuil.

Chaque année, la Fédération française de tennis (FFT) en distribue des dizaines pour le tournoi en simples, doubles, juniors et fauteuils, suscitant son lot d'attentes et de déceptions. Dans le cadre d'un point presse sur les performances françaises, Ivan Ljubicic, responsable du haut niveau à la FFT, est longuement revenu, vendredi 6 juin, sur le processus d'attribution et sur ce que la Fédération attend des heureux élus.

Loïs Boisson mise à part, cette année encore, la plupart des joueurs et joueuses invités se sont inclinés au premier tour. Est-ce une déception ?

On a beaucoup de défaites françaises parce qu'on donne beaucoup d'invitations. Or, on invite des joueurs qui n'ont pas le classement et donc le niveau pour entrer dans le tournoi. C'est normal qu'il n'y ait pas beaucoup de victoires.

Harmony Tan, 253e mondiale, s'est émue de ne pas avoir été invitée. Quels sont les critères d'attribution ?

On invite des joueurs qui méritent de pouvoir jouer le tournoi. Mais personne ne peut dire directement qu'il le mérite. J'ai proposé 92 invitations. Si tout le monde perd au premier tour, on verse au total 1,9 millions d'euros. Cela aide les joueurs à financer leur carrière. Donc je comprends la déception. Mais Harmony a déjà reçu plusieurs wild card, on l'a déjà beaucoup aidée.

Cette année, on a décidé que la priorité serait donnée aux juniors. On ne fonctionne pas qu'à partir du classement, parce que pour moi l'invitation est un tremplin pour la carrière et la saison.

"On donne la possibilité à quelqu'un de lancer sa carrière ou de se faire une expérience pour l'année à venir."

Ivan Ljubicic, responsable haut niveau à la FFT

à franceinfo: sport

Loïs Boisson l'a utilisée de cette manière. Daphnée Mpetshi-Perricard aussi : en 2023 et 2024, elle avait été invitée en qualifications et avait perdu dès le premier match. Cette année, elle en a gagné un. Si quelqu'un est obligé d'avoir huit wild card, cela signifie que l'invitation n'a pas fonctionné.

Est-ce que les mauvais résultats dans le tournoi junior vous inquiètent ? 

J'espérais des résultats un peu mieux que ça, mais j'ai quand même vu des prestations positives. Je pense par exemple que Ksenia Efremova a beaucoup mieux joué dans le tableau junior que dans les qualifications [du tableau principal]. Je ne regarde pas uniquement les résultats. C'est pour ça que j'aime voir les matchs.

Ksenia, il ne faut pas lui mettre trop de pression. Elle joue bien, mais ce n'est pas Monica Seles. Il faut avoir un peu de patience. Je suis sûr que des joueuses comme elle ou d'autres de la génération 2008-2009 [Daphnée Mpetshi-Perricard, Eleejah Inisan, Cindy Langlais] feront partie du top 100 ou top 50.

Moïse Kouamé, lui, est tombé contre Ivan Ivanov, qui venait de gagner à Milan. Il est arrivé dans une période difficile avec sept défaites consécutives. Il manque de concentration, peut-être est-ce lié à son physique. Il va faire tous les tests la semaine prochaine.