Le roi des Belges en République démocratique du Congo pour tourner la page d'un lourd passé colonial
Le roi Philippe de Belgique se trouve en République démocratique du Congo depuis mardi pour une visite à forte portée mémorielle. Il s’agit d’apurer un passé colonial extrêmement chargé.
C'est une visite chargée de symbole. Le roi Philippe de Belgique est en République démocratique du Congo depuis mardi 7 juin pour une visite qui va durer une semaine. L'objectif du souverain est de tourner la page d'un lourd passé colonial avec le pays africain de 2,5 millions de kilomètres carrés et près de 90 millions d'habitants.
Le premier symbole de cette visite était mercredi matin, avec la restitution par le roi d’un masque géant d'1,30 mètre de haut et de 10 kilos. Ce somptueux masque cérémoniel Kakuungu était destiné aux rites d’initiation de la fertilité et de la circoncision. Il avait été acheté il y a 70 ans pour 250 francs. L’objet n’est pas officiellement restitué, mais c’est tout comme puisqu'il est désormais "prêté à la RDC pour une durée illimitée" par le célèbre musée de l’Afrique à Tervuren, près de Bruxelles. La remise du masque se veut l’emblème d’un nouveau départ entre la Belgique et son ancienne colonie, cette immense République démocratique du Congo, ex-Zaïre.
Le roi des Belges doit prononcer plusieurs discours pendant cette visite. Le plus attendu est prévu vendredi à l’université de Lubumbashi, la grande ville du sud du pays. Toute la question est de savoir si le souverain va officiellement présenter des excuses et demander pardon pour la colonisation belge ou se contenter de répéter ce qu’il a dit il y a deux ans, quand il avait exprimé de "profonds regrets pour les blessures, les souffrances, les humiliations". C’était déjà un aveu sans précédent mais de nombreux Congolais attendent davantage.
Massacres en série et brutalité extrême
Il faut dire que le passé colonial belge au Congo est extrêmement lourd et va bien au-delà des clichés véhiculés par le célèbre "Tintin au Congo". Entre 1885 et 1908, le roi des Belges de l’époque, Léopold II, arrière-arrière-grand-père de l’actuel souverain, a fait du Congo sa propriété personnelle, ni plus ni moins. Pendant vingt-trois ans, avant même que le Congo ne devienne officiellement une colonie, la brutalité est devenue la règle. Les massacres ont été multiples, les mutilations et l’esclavage déguisé étaient permanents. Le tout au nom d’une prétendue œuvre civilisationnelle pour mieux exploiter l’ivoire, l’or ou le caoutchouc.
Il y a trois ans, un rapport des Nations unies a souligné l’incroyable cruauté de cette période et insisté sur le devoir d’excuses de la Belgique. Puis, la mort aux États-Unis de l’afro-américain George Floyd a réactivé en Belgique la controverse sur la responsabilité de Léopold II. Le faste qui a accompagné l’accueil du roi Philippe mardi à Kinshasa n’est d'ailleurs pas du goût de tous les Congolais. Sur les réseaux sociaux, ils sont nombreux à dénoncer ce relent de colonialisme.
Une liste de 84 000 œuvres
L’enjeu est aussi la restitution des œuvres pillées au moment de la colonisation, comme la France avec plusieurs autres pays africains dont le Bénin. Un rapport officiel belge dévoilé l’an dernier estime le nombre de ces œuvres susceptibles d’être restituées au Congo à 84 000. Elles se trouvent, pour la plupart, au musée de Tervuren. Un projet de loi de restitution devrait être examiné prochainement par le parlement belge. Il ouvrira la voie à un accord bilatéral technique sur les modalités de la restitution.
Il y a aussi le cas particulier d’une relique très spéciale : une dent de Patrice Lumumba, héros de l’indépendance congolaise, assassiné en 1961 avec l’appui de policiers belges qui avaient ensuite conservé ce "trophée". La dent sera récupérée fin juin, en Belgique, par l’actuel président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi.
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