L’Inde et la Chine se disputent sur des noms de lieux en territoire indien
C'est une guerre des mots entre les deux pays les plus peuplés au monde. Le contentieux porte sur l’appellation de plusieurs lieux dans la zone frontalière, côté indien. Et depuis plusieurs jours, le ton monte entre les deux géants asiatiques.
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Le ministère indien des Affaires étrangères n'est pas content. Il a publié mardi 4 avril au soir un communiqué cinglant : "L’Arunachal Pradesh a été, est, et sera toujours une partie intégrale et inaliénable de l’Inde".
L’Arunachal Pradesh, c’est une région du Nord-Est de l’Inde, dans l’Himalaya, qui touche le petit Bhoutan et surtout la Chine. Plus de 1000 km de frontière commune avec une ligne de démarcation parfois floue. Cette région compte 1,5 million d’habitants sur un territoire à peu près grand comme la Nouvelle Aquitaine. Et depuis un peu plus d'un siècle, et la délimitation effectuée par les Britanniques (la ligne Mac Mahon), la région se trouve donc côté indien.
Seulement voilà, dimanche 2 avril, la Chine par le biais de son ministère des Affaires civiles a discrètement publié un communiqué qui rebaptise en mandarin ou en chinois simplifié 11 lieux situés côté indien : une ville juste à côté de la capitale régionale Itanagar, et aussi cinq sommets montagneux, deux rivières et deux plaines agricoles. On voit donc apparaitre des noms chinois inconnus sur les cartes jusqu’à présent : Dadong, Luosu, Jiang Ka Zong, etc.
Quelque 32 noms modifiés en 6 ans
L’air de rien, c'est une façon de dire que ces zones sont en fait chinoises, avec des noms chinois. D’où la colère de l’Inde qui ajoute, avec le soutien de la porte-parole de la Maison Blanche à Washington : "Nous déjouerons toutes les tentatives visant à imposer des noms de lieux imposés de toute pièce". En fait la Chine n’en est pas à son coup d’essai. Pékin conteste la séparation de la ligne MacMahon et revendique la souveraineté sur cette région qu’elle appelle Zangnan ou Tibet du Sud. Et non Arunachal Pradesh. Et c’est la troisième fois en six ans que la Chine essaie ainsi, l’air de rien, de changer les noms de la région. En 2017, elle avait lancé une première salve de six noms modifiés. Puis il y a deux ans, une deuxième liste de 15 noms. Cette fois 11 de plus. Ca fait donc un total de 32 noms modifiés. Et au total, ces "révisions" de noms concernent des lieux situés un peu partout, tout au long de la frontière. Façon de signifier que la revendication est globale sur toute la région. Pour la presse officielle chinoise, cette démarche est "une standardisation légitime". Pour la presse indienne, c’est une agression.
Des affrontements récurrents à coups de poings et de bâtons
C’est, au-delà des mots, une zone de forte tension: il y a régulièrement des affrontements à la frontière. Et pour éviter un embrasement général, les deux pays ont passé un accord assez étonnant : les patrouilles respectives n’ont pas le droit d’utiliser d’armes à feu ou d’armes blanches. Donc régulièrement, il y a des bagarres à coups de poings ou de gourdins. La dernière fois, c’était en décembre dernier. Et il y a deux ans, les combats avaient fait 25 morts. Et puis à l’arrière-plan, il y a évidemment la question du Tibet voisin, contrôlé par la Chine. Mais dont l’autorité spirituelle, le Dalaï Lama est abrité et défendu par l’Inde. Bref, dans cette zone qui est un bâton de dynamite, la bataille des mots a au moins le mérite de ne pas faire de victimes. Mais elle dit bien que la Chine n’a pas renoncé à ses prétentions sur la région.
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