Khaled Drareni, symbole du combat pour la liberté de la presse en Algérie, repasse devant la justice
Ce journaliste a été lourdement condamné cet été, simplement pour avoir couvert les manifestations contre le régime algérien. Il doit à nouveau comparaître mardi 8 septembre.
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Condamné en première instance à trois ans de prison, le journaliste algérien Khaled Drareni doit comparaître de nouveau devant la justice mardi 8 septembre. Trois ans de prison pour un journaliste, c'est du jamais vu en Algérie depuis plus de 30 ans. Il a écopé de cette peine pour "incitation à l'attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale". Derrière ce jargon, la justice algérienne reproche en réalité au journaliste d’avoir fait son travail : Khaled Drareni couvre depuis le début les manifestations du Hirak, le soulèvement populaire contre le pouvoir.
Avant son arrestation, fin mars, il avait déjà fait l’objet de plusieurs tentatives d’intimidation, notamment trois convocations par les forces de sécurité intérieure, pour le pousser à renoncer à son activité. Le journaliste, âgé de 40 ans, dirige le site d’information Casbah Tribune, mais ce que le pouvoir ne supporte pas c’est surtout qu’il travaille pour la chaîne francophone TV5 Monde et qu’il soit le correspondant en Algérie de l’ONG Reporters sans frontières.
Une répression accrue contre la presse depuis le confinement
La mobilisation pour protester contre cette détention est forte. D’abord en Algérie, où tous les lundis désormais, des militants du Hirak se rassemblent pour demander la libération de Khaled Drareni. Une pétition a déjà rassemblé plus de 2 000 signatures de journalistes et de figures de la société civile. Elle est forte aussi à l’étranger. Tous les dirigeants des médias francophones publics (dont Radio France) ont par exemple appelé cet été à la libération de Khaled Drareni. Lundi 7 septembre, Reporters sans frontières a réuni plusieurs présentateurs de télévision français devant l’ambassade d’Algérie à Paris pour soutenir le journaliste. Ses avocats espèrent que cette mobilisation influencera les juges lors du procès en appel.
Mais c’est loin d’être gagné, parce qu’en face, le pouvoir algérien profite de l’épidémie de Covid-19 pour accroître la répression contre la presse depuis le mois de mars. Avec le confinement, les manifestations ont évidemment cessé et la répression s’est accélérée, à huis clos. Plusieurs procès contre des journalistes sont en cours. D’autres responsables de médias, comme Abdelkrim Zeghileche, directeur de la radio en ligne Sarbacane, sont en prison. Le président algérien Abdelmajid Tebboune formule des menaces à peine voilées contre les journalistes qui sont selon lui en "quasi intelligence avec des parties étrangères." L’Algérie a plongé au 146e rang mondial dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Un référendum constitutionnel dans le viseur
Cette répression de la presse intervient dans un contexte pré-électoral à l'approche d'un référendum sur la révision de la Constitution programmé le 1er novembre. Un texte qui ne répond pas aux aspirations des manifestants du Hirak. Il maintient un système hyper présidentiel avec des libertés publiques sous cloche. L’objectif des pressions contre la presse, c’est donc aussi d’intimider les médias, de pousser les journalistes à l’autocensure pendant les huit semaines qui viennent, jusqu’au vote.
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