"L'Ecriture ou la Vie" de Hiam Abbas et Jean-Baptiste Sastre et "Indomptables", le nouveau film de Thomas Ngijol

Mémoire rime avec espoir dans le projet de la comédienne Hiam Abbas et du metteur en scène Jean Baptiste Sastre. Du festival d’Avignon à l’été 2024 à Paris au mois de juin en passant par les ruines de Buchenwald au printemps, un groupe de jeunes débutants théâtreux déclame L’Écriture ou la Vie, le récit des camps de l’écrivain Jorge Semprún. La volonté de s’entourer d’inconnus, peu familiers de l’exercice, Hiam Abbas l’explique, mercredi 11 juin, par le fait que "ce n'est pas toujours sur des scènes de théâtre, ce n'est pas toujours dans des films, ni sur les plateaux de cinéma que quelque chose se passe. Il y a aussi une réalité. Il y a des jeunes qui existent, il y a des endroits qui existent. Et des fois on ferme les yeux. Comme si cette littérature, cette beauté, cette poésie ne pouvait pas exister là-bas. Et nous, on est très sensibles à la faire revenir à l'endroit où elle est née."

“La mémoire nous appartient à tous et la mémoire personnelle fait la mémoire collective.”

Hiam Abbas

à franceinfo

Parmi eux, Maïmouna et Loïc. Si la première a rejoint la troupe après qu’une de ses amies d’enfance lui a envoyé l’annonce du casting, le second s’est fait aiguiller par la mission locale de sa région. Pour les deux, la représentation donnée sur le site de Buchenwald en avril, pour les 80 ans de la libération des camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale, a été l'occasion de "ressentir ce qui a pu s’y passer". La jeune comédienne appuie, au micro de Tout Public : "Ça permet de se dire : OK, c'est vraiment arrivé, de nous ancrer, de se dire que notre place, maintenant, est là. Il s'est passé ça avant nous, qu'est ce qui peut se passer après ?"

Dans un prolongement "plus intime" de ces représentations, la troupe s’installera du 12 au 22 juin au Théâtre du Soleil, dans lequel une série de photos prises par Loïc à Buchenwald sera exposée. Une chose est sûre, cette représentation restera, pour ces artistes et les spectateurs, "un souvenir que l’on portera tous, adultes comme jeunes à vie, de cette fraternité qu'on a vécue tous ensemble. C’est d'ailleurs le message principal du livre de Semprún."

L'Écriture ou la Vie, de Hiam Abbas et Jean-Baptiste Sastre, au Théâtre du Soleil - Cartoucherie à Paris, du 12 au 22 juin 2025. 

"Indomptables", nouveau film de Thomas Ngijol 

L’humoriste Thomas Ngijol revient au cinéma et, vingt ans après le début de sa carrière, joue le rôle principal de son propre film Indomptables.

Du nom de l’équipe de football du Cameroun et inspiré du documentaire Un Crime à Abidjan, de Mosco Levi Boucault (1998), le film se suit un policier chargé de résoudre une affaire de meurtre, dans le chaos d’un pays pris entre corruption et dénuement, et de sa vie dans laquelle femme et enfant remettent en question traditions et patriarcat. Thomas Ngijol confie avoir eu "envie de [se] raconter, envie de parler de choses très intimes, de parler de ce rapport au père, de ce poids d'héritage. De toutes ces choses que moi-même j'ai expérimenté et que je continue à expérimenter malgré mon vieil âge, si l’on peut dire."

“C'est un personnage qui n'a pas la bonne méthode et qui vit dans une société qui avance.”

Thomas Ngijol

à franceinfo

Indomptables, de Thomas Ngijol, actuellement au cinéma. 

Tout Public revient également sur la sortie du documentaire Les mots qu’elles eurent un jour. Le réalisateur Raphaël Pillosio se met à la recherche d’un groupe de femmes, membres du FLN algérien, filmées en 1962 à leur sortie de prison mais sans bande-son. Qu’ont-elles dit à ce moment crucial de leur vie ? Alors que l'Algérie est maintenant indépendante, quelle place veulent-elles occuper dans un pays dont elles ont contribué à la libération ?

Si certaines de ces femmes sont décédées depuis, ou refusent de parler, d’autres ont toutefois accepté de répondre aux questions de Raphaël Pillosio plus de soixante plus tard.

Les mots qu'elles eurent un jour, de Raphaël Pillosio, actuellement au cinéma.

Une émission avec la participation de Thierry Fiorile, journaliste au service culture de franceinfo.