: Reportage "Redonner une forme d'humanité" : en Allemagne, des archives avec des millions de documents aident des familles de déportés à retrouver leurs proches disparus dans des camps
En Allemagne, 30 millions de documents sont conservés depuis 1946 pour permettre, notamment, aux descendants de victimes du nazisme de retrouver la trace de leurs proches disparus sous le régime nazi. L'an dernier, les archives numérisées ont été consultées 700 000 fois.
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L’Allemagne commémore, dimanche 4 mai, le 80e anniversaire de la libération des camps de concentration de Dachau et de Ravensbrück. Le régime nazi a déporté et exterminé des millions de personnes et un endroit, unique au monde, conserve la trace des victimes : les archives de Bad Arolsen. Dans cette petite ville du centre de l’Allemagne, 30 millions de documents ont été collectés. Ce fonds, créé en 1946, est le plus important consacré aux victimes du nazisme. Il permet aux descendants de découvrir le passé de leurs familles déportées.
Les documents qui ont échappé à la destruction des nazis sont stockés sur des kilomètres de rayonnage, conservés dans des casiers ou des boîtes. Ces archives racontent la déportation et la barbarie du régime nazi : des mandats d’arrêts de la Gestapo, des listes de transport et d’appel et des cartes de déportés du camp de concentration de Buchenwald.
"Sur les fiches personnelles des détenus, on trouve par exemple la couleur des yeux, la taille, la forme du nez. Tout ça provient principalement des camps de concentration, à la Libération, et d’autres lieux de détention. Nous avons aussi quelques objets que les gens avaient sur eux quand les nazis les ont arrêtés : des montres à gousset, des bijoux, des papiers d’identité ou des cartes d’étudiant."
Lilith Roska, l’une des 200 employés du site de Bad Arolsenà franceinfo
Environ 90% des documents disponibles aux archives de Bad Arolsen ont été numérisés, ils ont été consultés 700 000 fois l’année dernière, en ligne. Quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les rescapés des camps disparaissent, mais leurs descendants, dans le monde entier, tentent de reconstituer leur histoire.
"On découvre un engagement dans la résistance, un sacrifice qui a été fait par un membre de la famille, l'étendue de l'horreur qui a été vécu, qui a été souvent recouvert par un silence dans la famille après la guerre", explique Floriane Azoulay, la directrice des archives de Bad Arolsen. "Ça permet de combler les trous dans des histoires familiales en redonnant à ces déportés une forme d'humanité".
Des recherches parfois très tard
Abraham Ben, qui vit à Francfort, a lancé ses recherches l’année dernière. Cet homme de 78 ans est en quête d’informations sur la famille de son père, déportée dans les camps. "Mon père a perdu cinq frères et sœurs pendant la guerre. Plusieurs étaient mariés et avaient des enfants. J’ai toujours espéré qu’une tante, un oncle ou un cousin aient survécu et qu'ils se manifestent. Les trouver, ce serait comme gagner au loto. Quand nous étions plus jeunes, on n’osait pas poser de questions, on ne voulait pas faire de peine à notre père. Il n’en parlait pas, il ne pouvait pas", retrace l'homme.
Un nouveau bâtiment accueillera bientôt ces archives, qui resteront à Bad Arolsen. La ville, épargnée par les bombardements de la guerre, a été choisie en 1946 pour sa position stratégique, au centre des quatre zones d’occupation de l’Allemagne.
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