Journée mondiale du bricolage : "Il y a une revalorisation du métier manuel et c'est une bonne chose" selon Jean Viard
À l'occasion de la journée mondiale du bricolage, ce samedi 24 mai, le sociologue Jean Viard analyse les raisons qui expliquent cette passion des Français pour cette activité.
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Pour certains c'est un passe-temps du week-end, pour d'autres une vraie passion, voire un métier ; le bricolage est célébré ce samedi 24 mai 2025 lors de la journée mondiale qui lui est consacrée. Selon les sondages, quatre à six Français sur dix se disent passionnés de bricolage.
Si l'activité a connu un regain d'intérêt avec le Covid, les magasins de bricolage ont vu leur chiffre d'affaires baisser ces derniers mois. La reprise du crédit immobilier pourrait toutefois renverser la tendance et relancer le marché de la rénovation.
franceinfo : D'où vient cette passion pour le bricolage ?
Jean Viard : Ce qui est sûr, c'est qu'il y a des raisons économiques. Il faut dire aussi que les commerçants ont fait des progrès gigantesques. Il y a 20 ou 30 ans, ils se sont rendu compte que les femmes bricolaient beaucoup. Ils ont donc commencé à fabriquer des outils plus petits, plus adaptés à leurs mains. Un marché s'est ouvert. Aujourd'hui un bricoleur sur deux est une femme. Ils ont aussi réduit les doses des produits. Il y a aussi eu une énorme évolution technologique.
S'occuper de sa maison, de son cocon, l'entretenir, c'est aussi une fierté.
Bien sûr ! C'est comme le jardin. Il faut ajouter que le bricolage en équipe s'est développé. On se met à quatre pour refaire une salle de bains, puis la fois d'après on refera les toilettes des amis, etc. Il y a eu un vrai engouement pour le bricolage avec les 35 heures.
Pour autant, est-ce que cette compétence est suffisamment valorisée ?
Non. Après-guerre, dans le lycée dans lequel j'étudiais nous avions une demi-journée par semaine de travaux manuels, de la sixième à la terminale. On apprenait à travailler le bois, à travailler le fer, on apprenait la plomberie, on apprenait la couture, on avait des cours de cuisine. Tout a été supprimé et, selon moi, c'est absurde. Aujourd'hui, on voit des jeunes qui font de longues études qui finalement ont envie de revenir au travail manuel. Je plaide pour le retour du travail manuel à l'école.
D'ailleurs, est-ce qu'il y a de vraies différences entre les classes sociales dans la pratique du bricolage ?
Longtemps, dans certaines professions intellectuelles supérieures le fait de ne pas savoir planter un clou était presque une élégance face aux ouvriers, aux agriculteurs qui travaillaient de leurs mains. Je pense que les choses changent et dans les nouvelles générations, quelque part, ne pas savoir planter un clou, ça donne le sentiment que vous ne savez rien faire de vos dix doigts. Je pense qu'il y a une revalorisation de ces compétences manuelles et c'est une bonne chose.
Vous avez évoqué les travaux en groupe, mais aujourd'hui, on voit aussi naître des applications, des plateformes, qui permettent de faire appel à des inconnus pour de petits travaux contre rémunération. Quels avantages et quels risques y voyez-vous, notamment pour les artisans ?
Internet facilite les auto-entreprises. Ces gens peuvent avoir une compétence très réduite, mais très bonne. Pour les artisans, c'est une concurrence. C'est le même problème que les taxis avec Uber. Nous allons vers une société où il y a des gens hyper compétents qui ont plusieurs activités. Mais, pour l'instant, en France, on a surtout un souci car nous manquons d'artisans. C'est plutôt difficile de trouver un plombier, donc ça ne me semble pas extrêmement grave de pouvoir trouver ce genre de service grâce à une application et avoir l'aide d'un inconnu. Les métiers manuels se développent différemment. Il n'y a qu'une zone du bricolage que les amateurs ne peuvent plus occuper, c'est celle de la voiture, car les réparations sont devenues de plus en plus complexes et techniques.
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