Les jeunes, l’alcool et les réseaux sociaux : un cocktail explosif ?
Les festivités de la Saint-Sylvestre se préparent ces jours-ci. L’occasion, bien souvent, de faire la fête. Ce sont aussi des moments durant lesquels les parents peuvent redouter la consommation d'alcool de leurs adolescents. Quelle est l’influence des réseaux sociaux sur cette consommation ?
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Les réseaux sociaux ont une influence avérée et incitent bel et bien les utilisateurs, et notamment les plus jeunes d’entre eux, à savoir les adolescents, à consommer de l’alcool. Ces plateformes sont devenues un terrain de jeu privilégié pour les marques d’alcool.
Selon une étude de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP), 80% des 15-21 ans sont exposés, chaque semaine, à des publicités pour des boissons alcoolisées. Cette exposition répétée est loin d’être anodine : elle normalise la consommation d’alcool, qui peut finir par être perçue comme banale. Or, l’alcool n’est pas du tout une substance banale, surtout pour les adolescents.
Des stratégies marketing sophistiquées
En observant les contenus proposés par ces marques, il est aisé de comprendre les mécanismes utilisés pour communiquer auprès de ces cibles. Les visuels présentent bien souvent des personnes en pleine santé, célébrant l’amitié et la convivialité. Mais cette image idéalisée cache une autre réalité. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Selon l’Académie de médecine, 50% des élèves de 6e ont déjà bu de l’alcool, et 20% des élèves de terminale en consomment régulièrement.
Les marques d’alcool savent bien que ces buveurs précoces sont leurs clients de demain. Elles utilisent des stratégies marketing sophistiquées pour les atteindre : collaboration avec des influenceurs suivis par des millions de jeunes, sponsorisation d’événements très en vue, et diffusion de publicités particulièrement esthétiques.
La difficile application de la loi Évin
La loi Évin, adoptée en 1991, encadre la publicité pour l’alcool, et les réseaux sociaux ne sont pas censés y échapper. Elle interdit toute publicité destinée aux mineurs, ou diffusée dans des espaces où ils pourraient être exposés. Toute personne valorisant une marque d’alcool, y compris un influenceur, tombe sous cette loi, comme l’a confirmé une décision récente de la Cour de cassation.
En réalité, beaucoup de publications échappent aux règles, notamment les contenus éphémères sur Instagram ou TikTok, souvent non signalés comme publicitaires. Une étude d’Addictions France a relevé plus de 11.300 contenus valorisant l’alcool sur les réseaux sociaux en deux ans, et les sanctions prévues, comme des amendes pour pratiques commerciales trompeuses, ne sont pas assez appliquées faute de moyens de contrôle suffisants.
Si des actions légales, comme celles d’Addictions France contre Meta, permettent tout de même de retirer certains contenus, elles restent longues et inefficaces, face au flux constant de nouvelles publications. Une adaptation de la loi aux réalités numériques devient donc urgente.
Éduquer aux médias et développer l'esprit critique des adolescents
Pour protéger les adolescents de ces contenus, outre le renforcement législatif, l’éducation aux médias et au développement de l’esprit critique est aussi une réponse évidente pour qu'ils puissent être mieux outillés, mieux sensibilisés, et surtout mieux protégés.
Selon l’OCDE, la compétence éducative la plus importante du XXIe siècle serait l’esprit critique ! Concrètement, éduquer à l’esprit critique passe notamment par des ateliers de décryptage publicitaire. Le CLEMI, le Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information sous tutelle du ministère de l’Education nationale, déploie dans les classes plusieurs formats d’ateliers.
L’un d’eux consiste à passer au crible une publicité : Qui sont les personnages ? Quel message est véhiculé ? Comment le produit est-il présenté ? Les élèves apprennent à repérer les procédés utilisés pour capter leur attention – musiques, slogans, visuels, messages explicites et implicites – et questionnent l’intention sous-jacente, qui est évidemment économique.
Un accompagnement parental délicat mais indispensable
Pour être efficace dans sa communication avec son enfant sur des sujets aussi sensibles, le mieux est de ne pas diaboliser l’alcool ou d’imposer des interdits stricts. Les recherches sur les styles parentaux, développées notamment par la psychologue Diana Baumrind, montrent que l’approche la plus efficace est l’approche parentale dite "démocratique", un mélange de bienveillance, de fermeté, de dialogue et de limites claires.
Enfin, l’exemplarité, comme toujours en éducation, est le meilleur des outils. Incarner l’idée qu’on peut passer de bons moments, sans excès, reste probablement le meilleur moyen d’accompagner nos enfants dans ces découvertes un peu magnétiques parfois, quand on est très jeunes.
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