Vrai ou faux
Cancer : le secteur de la radiothérapie réalise-t-il vraiment des "marges énormes" ?

Alors que le gouvernement cherche à réduire les dépenses de l'Assurance maladie dans le cadre du budget 2026, la CFTC pointe du doigt la radiothérapie. Le syndicat dénonce "des marges énormes".

Article rédigé par Valentine Joubin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une patiente lors d'une séance d'irradiation dans un cabinet libéral. (XESAI / E+)
Une patiente lors d'une séance d'irradiation dans un cabinet libéral. (XESAI / E+)

Le doublement du plafond des franchises médicales, un plus grand contrôle des arrêts maladie... Afin de réduire de cinq milliards d'euros les dépenses de santé l'année prochaine, le gouvernement a annoncé une série de mesures d'économies. Il faut "responsabiliser les Français", a déclaré François Bayrou, le 15 juillet.

Selon la CFTC, il y a d'autres pistes à explorer pour alléger la facture de l'Assurance maladie, comme le coût du transport médical mais aussi la radiothérapie qui, "avec des marges énormes, est un vrai sujet".

Une rentabilité qui "interroge"

Les centres et cabinets de radiothérapie font-ils de gros profits sur le dos des patients et donc du contribuable ? C'est en effet ce que démontre le dernier rapport annuel "Charges et produits 2026" de l'Assurance maladie. La radiothérapie, l'un des principaux traitements contre le cancer, fait partie des sept secteurs de soins "dont le niveau de rentabilité interroge", écrivent les auteurs.

L'anatomopathologie (l'étude morphologique des anomalies), la biologie, les audioprothèses, la dialyse, la médecine nucléaire et la radiologie sont également pointés du doigt. La baisse des tarifs pour ces actes médicaux, conclut l'Assurance maladie, "est un des leviers à activer pour répartir plus équitablement les dépenses".

Selon l'Assurance maladie, le taux de rentabilité des établissements de radiothérapie atteint 21% en moyenne. À titre de comparaison, en France, la rentabilité moyenne des entreprises en 2022 était, selon l'Insee, autour de 7%. Selon la Cour des comptes, un oncologue radiothérapeute libéral touche en moyenne 35 000 euros nets par mois. Il y a trois ans déjà, la Cour s'inquiétait de la hausse des dépenses de radiothérapie. Une majoration qui est "plus que proportionnelle" à l'augmentation du nombre de patients.

Des suppléments pour "tripler" la facture

Comment expliquer que la radiothérapie soit aussi rentable pour les entreprises qui la pratiquent ? L'assurance maladie et la Cour des comptes font la même analyse : le problème vient des règles de tarification qui, dans le privé comme dans le public, sont très avantageuses pour les établissements. En 2022, la Cour des comptes estimait que les tarifs de radiothérapie étaient supérieurs en moyenne de 75% au coût réel des actes.

Il y a aussi, dans les cabinets libéraux la pratique, très rentable, du supplément. Par exemple, pour vérifier que le patient est bien positionné sur la table avant une séance d'irradiation, le radiothérapeute va multiplier les imageries médicales. Ce qui lui permet, conclut le rapport de la Cour, "de doubler voire tripler la facture".

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.