Reportage "Ça nous a changé la vie" : comment l'IA facilite le travail des radiothérapeutes et améliore le traitement des patients atteints de cancer

Grâce à l'intelligence artificielle, la machine de radiothérapie est paramétrée pour repérer les organes et la tumeur du patient.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
En radiothérapie, l'IA permet aux médecins de gagner énormément de temps et de traiter de plus en plus de patients. (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE)
En radiothérapie, l'IA permet aux médecins de gagner énormément de temps et de traiter de plus en plus de patients. (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE)

Le congrès annuel de la Société américaine d’oncologie clinique (ASCO)  se tient à Chicago jusqu'au mardi 3 juin. Les innovations y tiendront une large place, notamment celles apportées par l'intelligence artificielle. Chaque année, 200 000 patients bénéficient en France d'un traitement de radiothérapie. La plupart du temps, l'IA permet aux médecins de gagner énormément de temps et de traiter de plus en plus de patients.

À l'hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, Florence reçoit sa première séance de radiothérapie. Elle est allongée et un robot qui lui tourne autour délivre des rayons. Une vingtaine de minutes plus tard, elle partage ses impressions. "Ça s'est très bien passé. Vous me dites que les calculs sont faits par l'intelligence artificielle. Je trouve que toutes les avancées en matière de recherche sont absolument magnifiques. Je vais en bénéficier dans le cadre de mon cancer du poumon. Donc, je suis plutôt favorable à toutes ces innovations", explique la patiente.

Un gain de temps pour délimiter les organes du patient

En effet, la machine de radiothérapie a été paramétrée pour Florence, en partie grâce à des calculs faits par l'intelligence artificielle. Pour préparer les séances de radiothérapie de tous les patients, il faut préciser à la machine où se trouve, dans le corps, la tumeur à irradier et à quelle dose. Et au contraire, lui montrer aussi les organes autour qu'il ne faut surtout pas toucher.

"Cette préparation était en grande partie manuelle jusqu'à il y a encore à peu près deux ans, explique le professeur Jean-Emmanuel Bibault, spécialiste de l'IA appliquée à l'oncologie. On avait besoin de dessiner sur les scanners des patients quasiment coupe par coupe, sur parfois 500 coupes, tous les organes du patient ainsi que le volume cible, c'est-à-dire le cancer qu'on voulait irradier. Ce genre de contourage pouvait prendre trois à quatre heures en fonction de la complexité des dossiers. Maintenant, toutes les images sont directement envoyées sur un serveur qui est dans l'hôpital, et qui nous renvoie les images en deux à trois minutes, déjà entièrement contourées."

Humaniser le travail des spécialistes

Sur l'ordinateur de Jean-Emmanuel Bibault, l'IA a délimité et dessiné sur le scanner les contours des organes d'un patient. "Le poumon droit est ici, en bleu, le poumon gauche est ici en jaune, le cœur est en rose, etc. Tout va être déjà contouré et donc on sait qu'il va falloir protéger cette zone-là, pour ne pas l'irradier", montre le spécialiste. Ensuite, tout est vérifié par un médecin, voire corrigé. Autant de temps gagné pour humaniser davantage la médecine. "Les spécialistes avaient une large part de leur exercice consacrée à la technique pure – ici, typiquement, passer du temps devant un ordinateur pour contourer. Ces disciplines vont changer dans les années qui viennent", estime Jean-Emmanuel Bibault.

"Les spécialités vont devenir plus centrées sur la consultation, sur l'humain, sur l'empathie et ce genre de notions qui ne sont pas techniques."

Jean-Emmanuel Bibault, spécialiste de l'IA appliquée à l'oncologie

à franceinfo

Ce logiciel d'intelligence artificielle est utilisé aujourd'hui dans la plupart des centres anti-cancer. "Il nous a changé la vie", commente le professeur Bibault. Prochain objectif à l'avenir : l'IA devrait même calculer les doses de radiothérapie à administrer aux patients pour encore gagner du temps.

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