Hongrie : en déclarant ne pas vouloir d'une "race mixte", que cherche Viktor Orban ?
Le Premier ministre hongrois a tenu des propos racistes qui ont "horrifiés" et indignés en Europe.
/2022/07/28/phpO2dB3D.jpg)
Des provocations, des propos choquants, du rejet de l’autre, Viktor Orban est un habitué. Depuis qu’il a pris le pouvoir en Hongrie, le populiste ne cache pas sa haine des étrangers et son dégoût des sociétés "multi-ethniques".
>> Guerre en Ukraine : fort en Hongrie, Viktor Orban plus isolé que jamais en Europe
Mais le week-end dernier, il est allé encore plus loin. En déplacement en Transylvanie roumaine, il a déclaré : "Nous ne voulons pas être une race mixte" qui se mélangerait avec des "non-Européens". Quand des "peuples européens et extra-européens cohabitent", ce n’est plus une "nation" mais un "conglomérat de peuples". Le dirigeant nationaliste fait également allusion aux chambres à gaz, ironisant dangereusement sur le fait qu’il existe "un savoir-faire allemand" en la matière.
Démission d’une proche conseillère
Fait très rare sous l’ère Orban, un de ses proches conseillères a démissionné. Zsuzsa Hegedüs, sociologue, était pourtant une fidèle d’Orban, l’accompagnant depuis 20 ans. Mais les termes employés par le Premier ministre sont allés trop loin, surtout le mot "race", qu’Orban n’avait jusqu’à présent pas utilisé. C’est une "position honteuse" pour la conseillère qui dénonce un "pur texte nazi digne de Goebbels", l’ancien chef de la propagande de l’Allemagne nazi.
L’opposition hongroise fustige une prise de paroles "hors de propos indigne d’un homme d’Etat européen". Le Comité international d’Auschwitz parle d’un discours "stupide et dangereux". Et la Commission européenne, elle, n’a pas fermement réagi, se contentant de dire qu’elle "ne commentait pas les propos tenus par des responsables politiques européens".
Détourner l’attention ?
Est-ce un dérapage ? Non, pour Paul Gradvohl, professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directeur du Centre de recherche sur l’histoire de l’Europe centrale contemporaine (CRHECC) : "Orban fait un pari très clair : la démocratie est finie, on avance vers l’autoritarisme et il faut des leaders forts". Avec de tels propos, il parle à Poutine, Xi Jinping, et Trump – qui pense à se présenter à la présidentielle américaine en 2024 –. "D’ailleurs Orban va se rendre dans quelques semaines aux États-Unis pour soutenir les conservateurs pro-Trump pour les mid-terms", note l’expert.
Dans la guerre en Ukraine, Orban a choisi son camp : la Russie. Il veut continuer à s’approvisionner en gaz russe. Le chef de la diplomatie hongroise, Peter Szijjartó, est allé en Russie la semaine dernière, rencontrer son homologue russe et négocier 700 millions de m3 de gaz supplémentaire, alors que le reste de l’Europe tente de faire bloc pour ne pas se fournir chez Poutine. Il y a aussi, peut-être, une explication interne. Depuis plusieurs semaines, la Hongrie est secouée par des mouvements de grèves et de manifestations contre une réforme fiscale, imposée par le parti d’Orban. "Cette réforme, explique Paul Gradvohl, rend la vie des travailleurs indépendants beaucoup plus difficile et renforce la capacité de corruption du régime".
La réforme fiscale complique considérablement les démarches administratives et alourdit les impôts des indépendants. Le but du dirigeant populiste ? "Contrôler la société, et soumettre les indépendants". Le mois d'août s'annonce aussi compliqué avec le début de mesures d'austérité, l'Europe ayant réduit ses financements tant que l'État de droit n'est pas respecté.
À regarder
-
un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Vol d’or au Muséum : une femme mise en examen
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
-
Un ancien président en prison, une première
-
Normes : à quand la simplification ?
-
La Terre devient de plus en plus sombre
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
Louis Aliot, vice-président du RN, et les "deux sortes de LR"
-
Nicolas Sarkozy incarcéré à la prison de la Santé
-
Décès d'une femme : les ratés du Samu ?
-
Louvre : cambriolages en série
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter