Michel Drucker et l'héritage familial : "J'étais fait pour soigner les gens, donc je les soigne sur mon canapé"
Le journaliste et animateur Michel Drucker est l'invité exceptionnel du Monde d'Élodie à l'occasion de la sortie de son livre "Avec le temps..." aux éditions Albin Michel. Dans ce dernier épisode, il nous parle de sa famille et en particulier de son père et de son frère.
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Dans le cercle très fermé, de la télévision, Michel Drucker est surnommé le Parrain et c'est d'ailleurs Thierry Ardisson qui en est à l'origine. Il a hérité de ce surnom parce qu'il a pris beaucoup d'artistes sous son aile en les mettant en avant sous le feu des projecteurs alors qu'ils étaient parfois inconnus du grand public, comme Céline Dion ou encore Julio Iglesias. Dans son dernier ouvrage Avec le Temps..., sorti chez Albin Michel, le 2 avril 2025, il se livre en anecdotes et en pensées. À 83 ans, il a le record de la longévité de la présentation des grandes émissions de télévision, très emblématiques.
franceinfo : Vous avez ce besoin encore de dire merci et on comprend mieux d'ailleurs pourquoi vous avez ce sentiment-là. Ce besoin-là, vient de votre père, c'est lui qui vous a enseigné le besoin de reconnaissance.
Michel Drucker : Mon père est un personnage essentiel de ma vie. Il était un médecin de campagne comme il n'y en a plus, donc je l'accompagnais dans les fermes, parce que dans la France de Balzac et de Maupassant dans les années 50, il allait faire des accouchements dans les fermes.
"J'ai découvert le monde médical très tôt et ma vraie vocation, c'est d'être médecin."
Michel Druckerà franceinfo
Je prononce le mot de médecin des âmes dans le livre et j'ai été fou de ce métier exercé par mon père. Et puis, j'ai tout raté, chacun sait que j'étais un cancre et je n'en suis pas fier, loin de là. Je regrette parce que j'étais fait pour soigner les gens, donc je les soigne sur mon canapé.
Votre père est né à Abrahram Drucker, natif du duché de Bucovine, une partie roumaine, désormais ukrainienne. Il était un immigré juif ashkénaze, arrivé en France en 1925. La famille a mis du temps à obtenir la naturalisation française, c'était en 1937.
Sous le Front populaire et ça ne s'oublie pas. C'est la gauche et l'époque de Léon Blum qui ont fait que je suis français et j'en suis très très fier. Mon père me disait, on remercie la France et on remercie ceux qui nous aident et on ne la ramène pas. Donc je remercie beaucoup.
Vous dites d'ailleurs, que les seules insultes que vous avez entendues, c'est "Sale juif", ce que votre père a lui-même entendu quand il a été détenu à Drancy, puis à Compiègne.
Il faut savoir que les premiers wagons plombés pour les camps sont partis de Compiègne et ironie du sort, 18 ans après, j'ai fait mon service militaire à Compiègne, dans le baraquement du docteur Abraham Drucker. Donc tout ça, ça marque et c'est vrai que oui, je viens de loin. Je n'ai pas été élevé dans la tradition religieuse, puisque mon père voulait absolument découdre définitivement l'étoile jaune. Il avait tellement peur que ça recommence, qu’il nous a fait baptiser. En étant juif par mes parents avec un père qui s'appelle Abraham, c'était surréaliste et il voulait absolument oublier tout ça. Ce qui se passe en ce moment en France le blesserait profondément, heureusement qu'il n'est pas là pour le voir, ni ma mère.
Vous avez d'ailleurs été très marqué par ce qui s'est passé le 7-octobre 2023.
Mais j'ai été également bouleversé par les images de Gaza et de ses enfants et de ces civils mourant sous les bombes, je n'ai pas d'indignation sélective. Le 7-octobre, c'était une abomination et ce qui se passe à Gaza m'a beaucoup marqué aussi, comme ce qui se passe au Haut-Karabagh, aux portes de l'Arménie ne me laisse pas indifférent. Je suis quelqu'un qui aime rassembler, je n'ai pas d'a priori et je ne suis pas communautariste. Ça peut paraître bizarre, mais j'ai un parcours tout à fait atypique donc j'ai un rapport avec ma famille actuelle qui est très fort parce qu'on ne peut pas faire ce métier pendant 62 ans si on n'a pas à ses côtés un château fort en béton.
Pourquoi avez-vous eu ce besoin d'écrire ce livre ?
J'ai rencontré il y a quelques années un jeune philosophe qui s'appelle Natan Devers et j'ai eu un coup de foudre amical pour ce jeune garçon qui pourrait être mon petit-fils. Il venait souvent me voir sur les plateaux de télé pour parler de livres. J'ai été hospitalisé longtemps avec de graves problèmes cardiaques et il est venu me voir, on a beaucoup parlé, on est devenus amis. Tout un été, on a parlé et il m'a dit, "Mais les gens ne savent pas ça, tu parles des autres, mais tu ne parles jamais de toi". On a cumulé les conversations qui ont duré des semaines et des semaines, puis on s'est aperçu finalement que c'était un livre parlé. On a l'impression que le téléspectateur est en face de moi et après et Nathan a fait la préface.
"C'était une rencontre importante parce que lui, l'intellectuel philosophe, normalien couvert de diplômes, et moi l'autodidacte inculte."
Michel Druckerà franceinfo
Ma maman rêvait que j'ai le même parcours que Nathan puisque dans ma famille, on le sait, il y a mon frère Jean qui n'est plus là, qui me manque tellement, qui a quand même créé M6 avec Nicolas de Tavernost. C'était mon idole. Il m'a fait découvrir le monde des capitaines d'industrie et moi je lui ai présenté Johnny Hallyday et Claude François, les saltimbanques.
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