"Pour quelqu'un qui n'a rien foutu, je ne m'en suis pas trop mal tiré !" : Michel Drucker fait le bilan dans une autobiographie
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi 4 avril 2025 : l'animateur et producteur Michel Drucker. Son livre, "Avec le temps", aux éditions Albin Michel, est disponible depuis mercredi.
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Depuis son plus jeune âge, Michel Drucker voulait compter dans ce qui est vite devenu sa passion, l'audiovisuel, à une époque où les transistors dominaient et où l'image n'était qu'à ses balbutiements. Depuis, le monde a changé, le petit écran s'est affiné, aplati et il fait partie de cette évolution. Il n'a jamais cessé de tenir la main des téléspectateurs qui le suivent depuis ses débuts, en 1964. Des débuts tremblants, certes, mais remarqués, lui offrant une adoption de la part d'un public fidèle et assidu. Le "petit" est devenu le "patron", et il a lui-même du mal à croire à cette longévité, au désir qu'il n'a jamais cessé de susciter, de cette curiosité qui lui est propre et de cette envie d'en profiter, presque, semble-t-il, jusqu'à son dernier souffle. Le 2 avril, il a publié Avec le temps, chez Albin Michel, un tête-à-tête avec lui-même.
franceinfo : Ce livre, vous permet-il davantage de raconter ce qui vous tient à cœur ?
Michel Drucker : Quand j'ai été hospitalisé, ma grande angoisse était de perdre la mémoire. Je me disais, si je fais deux petits AVC pendant l'opération, je suis mort, je vais être handicapé. Je m'en suis sorti et cette mémoire, à ma grande surprise, elle est pratiquement intacte. Je me souviens de détails, je me souviens des parfums, je me souviens des atmosphères, je me souviens des intonations. Et je n'arrive pas à comprendre qu'avec cet avantage d'avoir une bonne mémoire, pourquoi je n'ai pas fait d'études ? Ça reste un mystère. Pourquoi entre l'âge de 12 et 19 ans, je n'ai rien foutu, rien lu ? Je m'intéressais au foot, je voulais être Kopa, je courais les filles.
"J'étais incapable de me concentrer sur quelque chose. Je le regrette parce qu'encore aujourd'hui, si on me dit de choisir entre ma carrière et d'être médecin, je serais médecin."
Michel Druckerà franceinfo
Votre père était médecin et c'était vraiment le chemin que vous souhaitiez emprunter. Il était très intransigeant avec vous, il vous a toujours enseigné la bienveillance et il vous appelait à la fin de certaines émissions quand une question lui paraissait trop dure.
Il me disait : "Mais qu'est-ce qui te prend ? T'avais un ton bizarre et puis n'oublies pas que tu as beaucoup de chance d'interviewer ce monsieur ou ce chanteur ou cet écrivain". Ardisson avait pour envie, et puis c'était son style, d'allumer tout le monde. Lui et tout le monde disaient que je menais ma carrière comme un clerc de notaire. Un jour, on a fait une émission ensemble pour le 60e anniversaire du débarquement en Normandie, il était d'ailleurs étonné que je sois assez fair-play pour accepter de faire des émissions avec lui. Il m'a dit : "J'ai un handicap par rapport à toi, je ne sais pas faire de direct, j'ai peur du direct. Il me faut mes fiches". Le direct, c'était mon truc puisque j'étais commentateur sportif. Finalement, on a fait cette émission, on a sympathisé et quand j'allais dans ses émissions, il me baisait la main en lançant la musique du Parrain. Il m'a dit un jour : "Tu as raison, il n'y a pas de honte à être bienveillant et j'ai fini par me Druckériser !" Ça m'a fait plaisir.
Vous avez toujours eu ce besoin d'être rassuré aussi sur le fait de pouvoir continuer, est-ce vous aviez peur que tout s'arrête ?
Ma mère, qui était très loin de tout ça, quand elle m'a découvert dans "Champs-Élysées", m'a demandé : "Mais tu fais quoi pendant la semaine puisque tu ne travailles que le samedi ?" Et souvent, elle me demandait si on me reprenait à la rentrée. C'est un langage qu'on dit à un cancre, tu redoubles, tu continues, donc j'ai gardé ça. Je n'ai pas trouvé d'autre solution pour être heureux que de travailler, sachant qu'avoir un travail qui vous plaît, qui est votre passion, c'est un privilège quand même.
"Après 62 ans de carrière, à 83 ans, si on me demande ma plus grande fierté, c'est d'avoir fait trois fois le Mont Ventoux sans mettre pied à terre."
Michel Druckerà franceinfo
Ma grande fierté, c'est d'avoir fait, pour le Téléthon, le Mont Saint-Michel-Paris, 520 kilomètres, en m'arrêtant simplement avec Antoine de Caunes, deux fois 20 minutes pour manger des pâtes et me faire masser.
Ce titre, Avec le temps, interpelle. On pense évidemment à la chanson de Léo Ferré. "Avec le temps va, tout s'en va". Qu'est-ce qui s'en va avec le temps ?
Mais je crois qu'avec le temps, Nul ne guérit de son enfance, c'est une chanson de Jean Ferrat. Je pense que l'enfance reste quand même en vieillissant. Ma femme, qui m'a beaucoup aidé dans ma vie, m'a dit : "Mais tu ne te rends pas compte, je t'appelle papa, tu m'appelles maman, mais tu es resté un enfant. La seule chose que tu sais faire, c'est travailler et pour le reste, t'es complètement inapte". Et puis il y a une chose qui ne s'en va pas, c'est ma famille. Avec le temps, on n'oublie pas sa famille. Mais ce qu'on a fait dans le métier, qu'est ce qui reste ? Il reste l'INA [Institut national de l'audiovisuel], où on peut encore voir Pierre Brasseur, on peut encore voir tous ces acteurs qu'on a aimés. Grâce à l'INA, on n'est pas tout à fait morts.
Dès les premières lignes. Vous avouez que le plus important pour vous, c'était de durer, de laisser une trace. Il y a toujours d'ailleurs un rapport au temps qui s'écoule. Est-ce que vous êtes fiers de la trace que vous laissez ?
Pour quelqu'un qui n'a rien foutu, je ne m'en suis pas trop mal tiré ! Mais je n’ai pas dit mon dernier mot parce que j'ai encore des choses à faire.
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