Espagne : les ouvriers de Coca-Cola gagnent la partie
A Madrid, les salariés de Coca-Cola qui ont vaincu le géant des boissons gazeuses, viennent d’être réintégrés dans leur usine. Une réintégration qu’ils ont fêtée la semaine dernière et qui pourrait avoir valeur d’exemple.
Les salariés ont même été applaudis pour leur ténacité. Le pot de terre contre le pot de fer, le petit poucet contre l’ogre, les clichés ne manquent pas pour illustrer leur victoire. Mais pour arriver à ce résultat, les 220 salariés de Coca ont fait quelques 639 jours de grève dans leur usine à Fuenlabrada, à 20 kms au sud de la capitale espagnole. Ils ont eu le courage de dire NON à un plan de départ qui leur offrait un mois de salaire de 45 jours par année travaillées et 10.000 euros de prime. Ils ont même eu recours au boycott pour peser dans ce conflit, avec ce slogan, "Si Madrid ne fabrique plus de Coca, Madrid n’en boira plus ". L’entreprise américaine, via sa filiale espagnole, voulai se réorganiser, fermer quatre usines et licencier 1.000 personnes. Dans une Espagne où le chômage atteint les 23 %, les 2/3 ont accepté le plan de départs volontaires, trois usines espagnoles ont été liquidées. Mais Fuenlabrada a tenu bon pendant 21 mois.
La réintégration, un résultat long et rare
Oui, mais ça a été long auprès de la justice aussi. L’Audience nationale, qui en Espagne juge les affaires économiques, a annulé leur licenciement et demandé leur réintégration en juin 2014, puis le tribunal suprême leur a donné raison en avril dernier, les conditions de réintégration n’ont été validées qu’au début de ce mois. Entre temps, Coca avait transformé le centre d’embouteillage en entrepôt. Les salariés sont donc retournés au travail aux mêmes conditions, mais avec des jobs de manutentionnaires ou rien à faire du tout. Les Coca-Cola sont très fiers d’avoir gagné en justice parce que l’entreprise avait bafoué le droit de grève, elle avait continué à vendre du coca venu d’ailleurs pour casser leur mouvement. Mais ils ne se bercent pas d’illusion. Les 220 redoutent un nouveau plan social au motif qu’à Madrid il n’y a pas assez de travail. Coca jure que non.
En France, des annulations de plan social aux conséquences intéressantes
Chez Molex par exemple (plan de licenciement en 2009 et fermeture d’usine) les salariés ont réussi, en se battant pendant quatre ans, à faire reconnaitre qu’une maison mère américaine pouvait être directement responsable d’un plan social et pas seulement sa filiale française. A Florange, chez Arcelor-Mittal, le conflit a donné naissance à une loi, la loi Florange, qui oblige un groupe à chercher un repreneur pendant trois mois au moins. Et puis il y a notre record, les 1.336 jours de grève des Fralib, c’est deux fois plus que les Coca de Madrid. Les salariés en ont fait une coopérative de thé, décision arrachée à la justice à la place du plan social d'Unilever. Mais n’allez pas croire que ça se passe uniquement en Europe et contre des géants américains. Ça arrive aux Etats-Unis aussi, et même dans le monde merveilleux des start-up. Les chauffeurs d’Uber ne veulent plus être indépendants mais veulent devenir de vrais salariés avec protection sociale. Ils ont intenté en août une class action contre la start-up. En Espagne, les syndicats, confortés par le résultat chez Coca, pensent à batailler aussi contre Vodafone, ou Telefonica mais ça ne marche pas à tous les coups, et surtout ça ne fait pas toujours bouger la loi.
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