"Où est la maison des Pelicot ?" : le village de Mazan une nouvelle fois sous le feu des projecteurs avec l'ouverture du procès en appel

Gisèle Pelicot doit de nouveau faire face à l'un des hommes accusés de l'avoir violée. Alors que s'ouvre le procès en appel à Nîmes, la commune de Mazan se retrouve de nouveau au cœur de l’attention médiatique et touristique. Les habitants de ce petit village du Vaucluse témoignent.

Article rédigé par Marc Bertrand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le 5 octobre 2024, des habitants manifestent dans et autour du village de Mazan, dans le sud-est de la France, pour soutenir Gisèle Pélicot et protester contre les violences faites aux femmes. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
Le 5 octobre 2024, des habitants manifestent dans et autour du village de Mazan, dans le sud-est de la France, pour soutenir Gisèle Pélicot et protester contre les violences faites aux femmes. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

Cet après-midi, 6 octobre 2025, s’ouvre à Nîmes le procès en appel des "viols de Mazan", une affaire hors normes où, pendant dix ans, Gisèle Pelicot a été droguée par son mari, qui recrutait sur Internet des inconnus pour la violer avec lui. Sur les cinquante accusés, dix-sept avaient initialement fait appel, mais un seul a maintenu sa démarche jusqu’à aujourd’hui. Ce nouveau procès remet une fois de plus sous les projecteurs le village provençal de Mazan, dans le Vaucluse. Le nom de cette commune de 6 000 habitants, au pied du mont Ventoux, a fait la une des journaux du monde entier.

"Où est la maison des Pelicot ?" : une question que Candy a entendue tout l'été, dans sa boulangerie à la sortie du village. "J'ai eu des touristes anglais, espagnols, autant que les Français, qui m'ont posé cette question. Je leur ai dit : quand bien même je suis au courant, ça ne se divulgue pas comme ça sur tous les toits." Devant le kiosque, Cathy, 79 ans, lève les yeux au ciel en voyant la Une du journal sur l'affaire. Elle évite de dire désormais qu'elle vient de Mazan : "Ma fille habite le Canada, j'y suis allé. Vous habitez où ? Ah oui Mazan... Au Canada, ils étaient au courant. Ça nous a gonflés. Je trouve que c'est trop ! Ce ne sont pas des gens d'ici."

Le maire du village refuse toutes les demandes d'interview. Un an plus tôt, il avait dû présenter ses excuses, pour avoir déclaré à la BBC que, dans cette affaire, "après tout, personne n'est mort".

Stéphane Claudon, élu dans l'opposition, espère que le procès en appel permettra de passer à autre chose : "Les gens n'avaient peut-être qu'une envie, c'est que la page se tourne. À Mazan, on voudrait que la page se tourne et surtout qu’on ne redécouvre pas de nouvelles affaires."

À Mazan, un centre pour les femmes victimes de violences

Le seul hommage à Gisèle Pelicot à Mazan se trouve au milieu des vignes, sur les hauteurs du village. Il s'agit d'un grand cœur en bois, à l'entrée du Lucky Horse, un centre d'équithérapie qui aide les femmes victimes de violences à se reconstruire. Son fondateur, Daniel Silvestre, montre les inscriptions : "Les deux mots qui sont en haut sont : amour et empathie. Si ces hommes avaient éprouvé un minimum d'amour et d'empathie, je pense que l'acte qu'ils ont accompli n'aurait pas pu exister." Ce psychothérapeute avait organisé une marche blanche lors du premier procès, pour saluer le courage de Gisèle Pelicot : "Elle est venue ici même après la marche incognito et a rencontré les femmes. Elle nous a dit qu'elle venait souvent ici marcher pour se détendre et s'apaiser. Gisèle Pelicot a été touchée. Elle a voulu offrir à une trentaine de femmes, la possibilité d'accéder aux résultats qui sont proposés ici."

Gisèle Pelicot a fait un don de 20 000 euros à l'association. Cet argent provient de son accord conclu à l'amiable avec Paris Match, qui avait publié des photos volées d'elle.

Une femme dépose une fleur devant un cœur en bois après une marche dans et autour du village de Mazan, dans le sud-est de la France, pour soutenir Gisèle Pelicot et protester contre la violence envers les femmes, le 5 octobre 2024. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
Une femme dépose une fleur devant un cœur en bois après une marche dans et autour du village de Mazan, dans le sud-est de la France, pour soutenir Gisèle Pelicot et protester contre la violence envers les femmes, le 5 octobre 2024. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

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