On a visité le chantier haute sécurité de Notre-Dame de Paris : "C'est vraiment la première restauration après l'incendie"
Bientôt deux ans après l'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, la sécurisation du monument se poursuit pour le mettre hors de danger. Les premières opérations de restauration ont également débuté. franceinfo a pu visiter ce chantier sous haute sécurité.
Peu de personnes extérieures au chantier peuvent pénétrer dans la cathédrale Notre-Dame de Paris en raison des risques, notamment de l’exposition au plomb, près de 22 mois après l'incendie qui a ravagé l'édifice. L'incendie des toitures a entraîné le dépôt de particules de plomb sur toutes les surfaces de la cathédrale.
Quand on pénètre dans l'édifice, il y a un protocole très strict à respecter. Avant d’accéder au chantier, direction le vestiaire pour se déshabiller entièrement, sous-vêtements compris. On enfile tee-shirt, caleçon, chaussettes et combinaison jetable dont on se débarrasse au retour de la visite avant de passer à la douche. Elle est obligatoire pour éviter de ramener des particules de plomb au bureau ou à la maison. Sans oublier de décontaminer tout le matériel. Un protocole assez contraignant : ceux qui travaillent sur le chantier s’y plient deux fois par jour, le matin, et après la pause déjeuner.
Deux chapelles en restauration
La circulation n'est pas libre dans la cathédrale, toujours très meurtrie. Seules deux des 24 chapelles du monument sont accessibles, totalement isolées du reste de la cathédrale, pour être nettoyées et restaurées. Ces deux chapelles vont rester dans cette bulle pour éviter l’arrivée de nouvelles particules de plomb.
Il s’agit de chantiers tests comme l’explique Jonathan Truillet, directeur adjoint des opérations à l’établissement public chargé de la restauration de Notre-Dame. "L'établissement public a décidé de mettre en nettoyage ces deux chapelles tests pour justement anticiper sur le projet de restauration global de la cathédrale en travaillant en conditions réelles, pour connaître parfaitement, sur une zone déterminée, les coûts et les délais, affirme-t-il. Ce sont des données à la fois techniques, financières et d'organisation de chantier qui sont vraiment indispensables pour nous."
Des chantiers tests indispensables et très réconfortants dans ce monument dévasté. Un décor de fleurs de lys datant vraisemblablement du Moyen-Âge a ainsi été découvert sur des nervures de voûte. "Ce qui nous impressionne beaucoup, c'est que c'est vraiment la première restauration après l'incendie, c'est très positif", se réjouit Marie Parant, restauratrice de peintures murales. Avec sept de ses collègues, elle est intervenue sur l'une de ces deux chapelles, celle de saint Ferdinand, ornée de décors peints réalisés par Viollet-le(Duc et qui ont aujourd’hui retrouvé tout leur éclat.
On n'est plus dans la réparation, on est vraiment dans la restauration.
Marie Parant, restauratriceà franceinfo
"Le plus, ça a été la coactivité, explique Marie Parant. On a travaillé en même temps avec les restaurateurs de vitraux, de sculptures et de parement. Ce que nous, restaurateurs de peintures murales, on a vraiment énormément apprécié sur ce chantier, c'est que tout a été restauré en même temps, et du coup, le décor a vraiment un sens par rapport à la pierre, au vitrail et aux sculptures."
Le chantier de sécurisation toujours en cours
La sécurisation de Notre-Dame n’est pas encore terminée. Elle est dans sa dernière phase. L’opération la plus délicate, le démontage de l'échafaudage de la flèche, s'est achevée en novembre dernier, mais il en reste plusieurs autres à réaliser avant de pouvoir déclarer Notre-Dame hors de danger. L'opération la plus spectaculaire va débuter à la fin du mois et va se poursuivre jusqu’à l’été. "Cette phase définitive va consister à finir de sécuriser notamment les voûtes par l'intérieur en posant, sur les échafaudages qu'on installe à l'intérieur, des cintres en bois qui vont venir stabiliser les voûtes qui nous inquiète le plus", explique Jonathan Truillet. Une opération "pour éviter tout risque d'effondrement ou d'affaissement de ces structures dans les années à venir avant qu'on puisse les restaurer définitivement."
La restauration de la cathédrale ne commencera vraiment qu'au début de l'année 2022. Le président Emmanuel Macron a souhaité que la restauration de l’édifice soit réalisée en cinq ans. Le général Georgelin assure qu'on célébrera un Te Deum dans la cathédrale le 16 avril 2024.
Mais le chantier ne sera certainement pas terminé. Ce qui ne veut pas dire que la cathédrale ne sera pas partiellement ouverte. Cette date butoir n'est toutefois pas sans conséquence. "On est obligés de faire la part des choses, de faire des choix pragmatiques, et de se limiter dans un certain nombre d'objectifs de restauration à l'échelon 2024 en les reportant après", explique Pascal Prunet, l'un des architectes en chef des Monuments historiques qui travaille sur le chantier. Lorsque la majeure partie du chantier de la cathédrale sera terminé, les travaux de réaménagement des abords de Notre-Dame devraient commencer en 2025.
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