Shabbat, ramadan, fêtes catholiques : le SNU à l'épreuve de la laïcité
Maintes fois repoussée, la généralisation du Service National Universel reste officiellement une priorité de l’exécutif. En attendant la décision de l’Elysée, le gouvernement s’interroge sur la place de la religion dans le programme. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot.
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C’est une question qui relève de l’intime et de la conviction personnelle, mais la religion est aussi une question qui ne peut être totalement écartée, surtout quand vous projetez de rassembler chaque année 800 000 jeunes d’origines diverses pendant deux semaines, comme l’imagine le Service National Universel. Comment gérer les fêtes catholiques ou juives ou une période de ramadan pour les musulmans ? Et tout cela, en maintenant un cadre laïc.
Sarah El Haïry, secrétaire d’Etat en charge du Service National Universel confirme : "Si demain, le SNU était obligatoire, il faudrait que les jeunes puissent avoir accès à la spiritualité". Sur le principe, le SNU reste un engagement républicain, mais le ministère fait une différence entre la journée où les valeurs de la République sont censées être transmises, dont la laïcité, et le soir où les jeunes ont du temps personnel. Du temps où la pratique religieuse serait libre.
Le gouvernement marche sur des œufs
Le ministère réfléchit à la mise à disposition de lieux et surtout à des aumôniers, comme dans l’Armée, pour accompagner ceux qui le souhaitent. Depuis des mois, des rencontres ont lieu avec les responsables des différents cultes pour tenter de trouver la bonne formule. Haïm Korsia, le grand rabbin de France, a fait deux recommandations : d’abord, offrir un accès à de la nourriture casher lors du SNU, comme cela existe dans l’armée. Sur le papier, pas de difficultés. Mais selon son entourage, il a aussi demandé à pouvoir libérer les jeunes le samedi pour respecter shabbat, le jour de repos hebdomadaire des personnes de confession juive, en prolongeant d'autant leur séjour au SNU. Là, ça semble plus compliqué.
Chez les musulmans, des discussions ont porté sur l’idée de pouvoir regrouper les prières. Quant aux repas, des menus sans porc sont systématiquement proposés.
Selon nos informations, le ministre de l’Éducation Pap Ndiaye et sa secrétaire d’Etat Sarah El Haïry
ont écrit le mois dernier au Conseil des sages de la Laïcité pour leur demander des propositions pour garantir "la liberté de conscience et le libre exercice des cultes", lors du SNU. Une réponse est prochainement attendue. Sans surprise, le gouvernement marche un peu sur des œufs. Politiquement, les questions de religion et de laïcité sont toujours délicates, voire explosives. Pap Ndiaye est lui-même actuellement accusé de vouloir reprendre en main sur le Conseil des Sages de la Laïcité.
Une communauté refuse
En réalité, pour le SNU et la question religieuse, tout dépendra s’il est obligatoire ou pas. Si c’est le cas, les jeunes pourront avoir plusieurs propositions de dates. Une manière de contourner les calendriers religieux. Mais certains croyants ont déjà fait part de leur rejet. Comme cette petite communauté évangéliste rigoriste qui a spontanément écrit au ministère pour dire que jamais leurs enfants ne partageraient la même table que des jeunes d’autres religions… Le vivre-ensemble et la mixité sociale restent compliqués à mettre en place.
Le dispositif SNU reste décrié par de nombreuses associations de jeunes qui dénoncent la volonté de mettre au pas la jeunesse. Par ailleurs, on a appris mardi 18 avril que la secrétaire d'Etat Sarah El Haïry, a saisi le procureur de la République après des accusations de harcèlement sexuel, de racisme et d'humiliations lors de séjours dans les Hauts-de-Seine.
Toutes ces questions affaiblissent le projet du gouvernement : aucune certitude que la généralisation du SNU deviendra réalité, et peu de chance d'ailleurs qu’il y ait des annonces sur le sujet avant l’été.
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