Campagne pour la présidence des LR : comment Bruno Retailleau jongle-t-il avec sa fonction de ministre ?

Le ministre de l'Intérieur défend sa candidature face au président de la droite à l'Assemblée nationale, Laurent Wauquiez. Et son entourage, qui se démultiplie ces dernières semaines, assure s'imposer des règles strictes pour séparer l'activité ministérielle de la campagne.

Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Laurent Wauquiez (à gauche) et Bruno Retailleau (à droite), le 19 septembre 2024. Tous deux sont candidats à la présidence du parti Les Républicains en 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Laurent Wauquiez (à gauche) et Bruno Retailleau (à droite), le 19 septembre 2024. Tous deux sont candidats à la présidence du parti Les Républicains en 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Officieuse depuis des semaines, la campagne pour la présidence du parti Les Républicains a officiellement débuté mercredi 2 avril. Deux candidats sur la ligne de départ : Laurent Wauquiez, le président de la droite à l'Assemblée nationale, et Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur. Comment ce dernier s'organise pendant la campagne pour éviter tout faux pas ? Il n'a évidemment pas le droit d'utiliser les moyens de son ministère pour sa campagne. Son entourage assure à franceinfo s'imposer des règles strictes pour bien séparer ses deux activités - façon, au passage, de s'épargner une polémique, le camp de son adversaire est à l'affût du moindre dérapage.

On nous dit que tout est calculé lors de ses déplacements. Bruno Retailleau utilise une voiture de Beauvau, sécurisée, déminée, mais dès l'instant où il se rend avec à un meeting de campagne LR, le moindre kilomètre est enregistré et décompté dans les frais de campagne par son équipe de protection. Exemple concret : en déplacement de ministre à Valence il y a quelques semaines, changement de compteur dès qu'il a pris la route pour une réunion de campagne.

Le dispositif n'est pas le même quand il passe d'un rôle à un autre. Le ministre garde sa sécurité, mais le cortège est moins imposant quand il redevient simple candidat à la présidence des LR : deux fois moins de voiture, pas de motards pour l'accompagner. Ses équipes font un roulement, il y a un peu l'équipe A et l'équipe B. La première s'occupe du ministre, l'autre, du candidat, de la campagne. Quand Bruno Retailleau se déplace pour un double événement, un jour en tant que ministre le lendemain en tant que candidat avec un meeting,  les premiers collaborateurs - ministériels - sont invités à rester à l'hôtel quand ceux de l'équipe B, de la campagne, y participent.

"Laurent lui prend le temps pour les photos"

Chez son concurrent, on sous-entend que toute cette organisation empêche le Vendéen de faire campagne à temps plein. "Laurent Wauquiez fait deux réunions publiques par jour, six par semaine, assure à franceinfo l'un de ses proches, il sert les verres, il prend le temps pour les photos, et il éteint la lumière, alors que pour Bruno, c'est chronométré, c'est moins chaleureux, il y a son agenda, son service d'ordre, c'est difficile de l'approcher".

Des Wauquiéistes qui attaquent également son manque de liberté. C'est devenu un élément de langage autour de l'ancien président d'Auvergne-Rhône-Alpes : Bruno Retailleau, ministre, a un devoir de loyauté et ne pourrait pas tout dire. Preuve en est : le temps qu'il a mis à s'exprimer sur la condamnation de Marine Le Pen - un jour. Bruno Retailleau souhaite un jugement en appel le plus vite possible, mais rappelle qu'il est inacceptable de menacer des magistrats. Soit... la même ligne que celle du Premier ministre.

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