Vers une taxe sur les robots pour payer notre modèle social, comme le suggère Michel-Édouard Leclerc ?

Le célèbre patron de supermarché préconise de se tourner vers les robots pour continuer de financer le modèle social tout en augmentant le salaire net des travailleurs. Une idée qui rappelle celle de Benoît Hamon en 2017.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Michel-Edouard Leclerc, le patron de supermarchés, lors d'un forum sur le commerce de détails, à Boulogne-Billancourt, le 25 mars 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Michel-Edouard Leclerc, le patron de supermarchés, lors d'un forum sur le commerce de détails, à Boulogne-Billancourt, le 25 mars 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Quand l'IA, quand les chatGPT ou Mistral [un groupe français spécialisé dans l’IA générative], remplacent des avocats, des juristes, des professions libérales, on pourrait imaginer que ces applis paient une part des charges sociales", a déclaré mardi 20 mai Michel-Édouard Leclerc lors d'une interview. L'idée est de soumettre à des cotisations sociales les robots et toutes ces applications digitales qui remplacent le travail des humains. Il y voit un moyen de faire rentrer des ressources nouvelles, et donc mieux rémunérer les salaires.

Une proposition qui rappelle la taxe sur les robots de Benoît Hamon. Il y a presque 10 ans, en 2017, le candidat socialiste à l’élection présidentielle suggérait déjà de taxer la richesse créée par les robots et les machines via des cotisations, comme pour le travail des salariés. Cette taxe devait financer sa mesure phare : un revenu universel d’existence.

À l’époque, Benoît Hamon prenait l'exemple des grandes surfaces qui remplacent les personnels par des caisses automatiques. Il partait du principe que de nombreux emplois allaient disparaître à cause la révolution numérique. Et à l'époque, l’Intelligence artificielle n’avait pas pris la place qu’elle a aujourd’hui. Une étude de l’Organisation mondiale du travail (OIT), montre qu’un emploi sur quatre est menacé par l’IA générative, c’est-à-dire ces robots qui répondent aux clients.

Une option pour financer le modèle social, comme la TVA sociale ?

Mais la taxe robots divise les économistes, car, selon eux, elle risque de freiner l’innovation. Puis, si les robots détruisent des emplois, ils permettent aussi d’en créer de nouveaux. Par exemple, l’Allemagne comme la Corée du Sud, qui sont des pays très automatisés, affichent des taux de chômage très bas.

L’idée n’est en tout cas pas discutée dans le conclave sur les retraites. Les partenaires sociaux cherchent pourtant des financements pour les payer. Est-ce parce qu’en 2019, le Conseil d’orientation des retraites (COR) jugeait l’idée fragile ? Avec l’installation de l’IA dans nos vies, la taxe robot sera-t-elle vue différemment ? Elle sera peut-être évoquée dans la grande conférence sociale qu’Emmanuel Macron appelle de ses vœux et figurer comme une option pour financer notre modèle social, au même titre que la TVA sociale.

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