Salon de l'agriculture : "On ne connaîtra pas les mêmes troubles que l'année dernière", estime Renaud Hamaide, président-directeur général du groupe Comexposium

Le Salon de l'agriculture ouvre samedi 22 février avec cette année encore un risque de perturbation lors du passage des personnalités politiques. "C'est avant tout une fête", insiste Renaud Hamaide. Le président-directeur général du groupe Comexposium, l'un des leaders mondiaux de l'organisation de salon, de foire, en tout genre, pense qu'il n'y aura pas de troubles.

Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Renaud Hamaide, président-directeur général du groupe Comexposium (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)
Renaud Hamaide, président-directeur général du groupe Comexposium (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Le Salon de l'agriculture "s'est mal passé l'année dernière", mais "maintenant on est dans autre chose (…) on souhaite ardemment que cette année il se passe mieux", dit Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, sur franceinfo ce vendredi 21 février 2025, à la veille de l'ouverture du Salon de l'agriculture.

En 2024, Arnaud Rousseau rappelle que son syndicat s'était "opposé au président de la République", et l'avait chahuté lors de l'inauguration, à cause d'"une invitation des Soulèvements de la Terre [à un débat] qui nous avait beaucoup heurtés", en plein mouvement de colère agricole.

franceinfo : Est-ce qu'il y a encore un risque ? Est-ce que cela vous inquiète ?

Renaud Hamaide : Non, d'abord ça reste une fête. Une fête et la fête de l'agriculture. Ensuite, c'est un salon extraordinaire où vous voyez non seulement des animaux et des gens qui viennent découvrir ce qu'est le monde de l'agriculture et dans les faits, les Français adorent l'agriculture et adorent leurs agriculteurs et ça se voit.

"On a toujours eu des bases mobiles des forces de l'ordre. Ensuite, il y a des personnalités politiques qui passent et c'est normal et on saura les gérer. Je pense qu'on ne connaîtra pas les mêmes troubles que l'année dernière."

Renaud Hamaide

PDG de Comexposium

La crise du Covid a fait totalement dévisser votre activité. Évidemment, on ne pouvait plus se rassembler. Vous avez même été placé en procédure de sauvegarde en 2020. Est-ce que vous avez complètement remonté la pente.

Oui. Alors ça tombe bien parce que c'est une date anniversaire, parce que dans les faits, la crise du Covid a commencé par le salon agriculture qui a terminé et qui a fermé ses portes un samedi soir la veille de la fermeture officielle. Derrière, dans le monde, 100 % de l'activité des événements s'est arrêtée. Ça a commencé par la Chine, ensuite la France et ensuite le reste du monde. Aujourd'hui, c'est plus un sujet. On fait mieux même qu'avant le Covid. C'est revenu très très fort et avec une volonté qui s'est ressentie. On veut du face-à-face, on veut se rencontrer.

Après cette crise sanitaire, est-ce que certains exposants ne se sont pas dit qu'ils pouvaient se passer d'un certain nombre de salons ?

C'est l'inverse qui s'est passé. Globalement avant le Covid, les gens se disaient, finalement, je vais tout faire en ligne. Internet c'est génial, je vais tout faire. Je vais aller prospecter de nouveaux clients sur internet, je vais les contacter et finalement ils vont commander sur internet. Je ne dis pas que ça ne se fait pas et je ne dis pas qu'il n’y a pas des choses qui ont évolué, mais sur le fond, à un moment ou à un autre, il faut faire du face-à-face.

"Dans les faits, le digital c'est un atout extraordinaire pour nous organisateurs de salons"

Renaud Hamaide

PDG de Comexposium

Ce format hybride digital peut-il remplacer les grandes foires ?

Alors oui et non. Dans les faits, le digital c'est un atout extraordinaire pour nous organisateurs de salons et c'est pour nous permettre de maintenir le lien avec sa communauté tout au long de l'année et à un moment ou un autre, on se retrouve. Ensuite, les gens reviennent sur les salons de façon plus importante. Ce que le Covid a démontré, c'est qu'avant on prenait un contact sur un salon et ensuite le commercial de l'exposant revenait pour voir son client. Aujourd'hui, cela a baissé. On se contacte, on se voit en face-à-face, on se drague, on se présente les produits et derrière on va contracter sur internet. On signe peu, on prend des contacts. Sur le business global des salons, je crois que c'est 35 milliards d'euros réalisés sur les salons. Il n'y a que 15 % qui sont signés sur les salons et 85 % sont signés dans les 6 mois qui suivent.

Est-ce que les visiteurs sont toujours aussi nombreux ou un peu moins qu'avant Covid ?

On vient de terminer un salon qui s'appelle Rétromobile qui a fait une année record. Par contre, ce que nous devons faire, c'est créer une expérience. "J'y suis allé, j'ai vécu quelque chose de génial" et à ce moment-là, les gens ils reviennent.

Est-ce que l'avenir de ces salons passe par le respect de l'environnement, le réemploi, le recyclage ?

Vous savez qu'à la fin du salon de l'agriculture, on donne à des associations 20 tonnes de nourriture. Il y a 5 ans, on le faisait déjà. Il y a beaucoup de bon sens. Ensuite, il y a une deuxième chose que nous avons faite, mais ça c'est assez propre à Comexposium. On a acheté nos propres stands pour les réutiliser. Donc ils sont réutilisés, réutilisés, réutilisés et je trouve que c'est intelligent.

Qu'est-ce qui bloque pour que la France arrive à la hauteur des salons allemands ?

Alors, d'abord, ils sont moins géants qu'il ne l'était malheureusement pour eux et je le regrette parce qu'il se passe d'autres problèmes à l'est de l'Europe, qui était un gros pourvoyeur de flux de visiteurs et d'exposants pour l'Allemagne. Ensuite, l'Allemagne a toujours été un très gros exportateur, donc c'est normal qu'ils aient des salons qui étaient à l'image de leur secteur d'activité. On fait des choses magnifiques en France. Oui, il y en a des plus gros, mais on en a des très gros aussi. On peut faire des choses magnifiques.

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