Édito
L'élection du pape et les différentes attentes des chefs d'État

L'avènement du nouveau pape a été accompagné de réactions unanimes d'enthousiasme, de ferveur, d'espoir, notamment de la part des chefs d'État. Mais chacun a réagi à sa manière.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Modéré, proche du pape François et missionnaire pendant des années au Pérou, Robert Francis Prevost a été élu premier pape venant des États-Unis, le 8 mai 2025. (TIZIANA FABI / AFP)
Modéré, proche du pape François et missionnaire pendant des années au Pérou, Robert Francis Prevost a été élu premier pape venant des États-Unis, le 8 mai 2025. (TIZIANA FABI / AFP)

L'Église catholique est une institution planétaire dont le message spirituel a une vocation universelle. L'élection d'un nouveau pape est donc un événement rassembleur, et même œcuménique. Partout dans le monde, d'Amérique en Afrique, d'Europe en Asie, les chefs d'État ont tous félicité l'heureux élu, le cardinal américain Prévost devenu Léon XIV, jeudi 8 mai.

Mais ils l'ont fait, chacun à sa manière, avec ses mots, reflets d'attentes différentes. En fait, quand on décrypte leurs réactions, on a l'impression que nos gouvernants sont retombés en enfance et ont dressé leur liste de cadeaux au père Noël.

Derrière les félicitations, des listes de souhaits

Le président ukrainien Zelensky espère que le Saint-Siège continuera de défendre "le respect du droit international" et de "soutenir moralement et spirituellement les efforts de l'Ukraine pour rétablir la justice et parvenir à une paix durable". Vladimir Poutine se dit "sûr que le dialogue constructif entre Moscou et le Vatican continuera de se développer sur la base des valeurs chrétiennes qui nous unissent". Quant à Donald Trump, il se réjouit de la nationalité américaine de Léon XIV. "Quelle excitation et quel grand honneur pour notre pays !" dit-il. Comme si tous les chemins du "Maga", le "Make America Great Again", menaient jusqu'à Rome en quelque sorte.

À l'inverse, le président colombien Gustavo Petro estime que Léon XIV est "plus qu'un Américain" et espère qu'il devienne "le grand leader de nos frères migrants latino-américains aujourd'hui humiliés aux États-Unis". Plus classiquement, Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen et d'autres dirigeants européens souhaitent un pontificat "porteur de paix, de dialogue et d'espérance".

Un pouvoir spirituel qui n'a pas changé le monde jusque-là

Toutes ces attentes illustrent l'audience universelle du pape, mais aussi son impuissance sur la conduite des affaires du monde. Son pouvoir spirituel franchit les frontières, son pouvoir temporel ne dépasse pas les limites du Vatican. Par exemple, l'engagement continu du pape François en faveur des migrants n'a guère amélioré concrètement leur situation dans le monde. Et les incantations du Vatican en faveur de la paix n'empêchent pas les conflits de se multiplier.

D'ailleurs, la patronne des écologistes Marine Tondelier s'est mise en colère jeudi soir en regardant sa télévision, fâchée que les JT fassent "leurs choux gras sur la couleur de la fumée de la chapelle Sixtine" plutôt que de parler du "carnage à Gaza". Pendant les conclaves, les guerres continuent, c'est vrai. Et visiblement, les polémiques politiques aussi.

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